CHÂTEAU DE PAU.
Conservateur, régisseur, expert en lumières, restaurateur...
La mise en place des oeuvres de l'exposition qui démarre jeudi mobilise son monde. Reportage
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- Lunettes grossissantes sur le nez et lampe à la main, Christian Morin est chargé d'examiner chaque oeuvre à son arrivée, pour contrôler son état, avant l'accrochage. (photos guillaume bonnaud)
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- Lunettes grossissantes sur le nez et lampe à la main, Christian Morin est chargé d'examiner chaque oeuvre à son arrivée, pour contrôler son état, avant l'accrochage. (photos guillaume bonnaud)
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- Lunettes grossissantes sur le nez et lampe à la main, Christian Morin est chargé d'examiner chaque oeuvre à son arrivée, pour contrôler son état, avant l'accrochage. (photos guillaume bonnaud)
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- Lunettes grossissantes sur le nez et lampe à la main, Christian Morin est chargé d'examiner chaque oeuvre à son arrivée, pour contrôler son état, avant l'accrochage. (photos guillaume bonnaud)
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- Lunettes grossissantes sur le nez et lampe à la main, Christian Morin est chargé d'examiner chaque oeuvre à son arrivée, pour contrôler son état, avant l'accrochage. (photos guillaume bonnaud)
Midi pile, hier, au château de Pau. La pause déjeuner attendra. La caisse en bois bleuté placé au coeur de la salle des Cent-Couverts cède sous les assauts prudents des perceuses-dévisseuses. Le portrait de Marie de Médicis signé du peintre flamand Frans Pourbus le Jeune passe de l'ombre à la lumière.
Des yeux d'experts traquent la moindre craquelure dans les plis de la robe rouge à dentelle, la plus petite rayure sur le majestueux cadre doré à l'or fin venu du Louvre. Ils appartiennent à Christian Morin. « Il faut que je vérifie que tout va bien, que les oeuvres n'ont pas été abîmés durant le transport ».
Constat d'état en série
Pour l'exposition « Paris vaut bien une messe ! 1610 : hommage des Médicis à Henri IV » qui démarre jeudi dans le cadre des célébrations locales du quadricentenaire de la mort du Bon Roi, le Musée national du château de Pau a réuni une soixantaine d'oeuvres. Toutes celles qui viennent de l'extérieur passent sous les lunettes grossissantes du spécialiste pour un nécessaire « constat d'état ». Avant de mettre les oeuvres en place, c'est passage obligé. Question d'assurance.
Les oeuvres prêtées par le Louvre ou le musée de l'Armée de Paris sont arrivées lundi. Celles en provenance de la collection florentine des Médicis, en Italie, ont franchi l'enceinte du château mercredi soir, sous haute protection. Depuis, c'est l'effervescence ! Le conservateur en chef et commissaire de l'exposition, Paul Mironneau et ses troupes s'activent pour tenir les délais. Avec application, mais sans excès de stress.
« Le stress, c'était avant... »
« Le stress, c'était avant, explique le régisseur, François Gombert, quand il a fallu tout organiser, penser à tout. » Vérifier que les caisses pouvaient passer par les portes, par exemple. « On n'avait qu'un centimètre de marge... » Au préalable, l'équipe a dû faire place nette, décrocher les tapisseries de l'exposition permanente, classer, remiser...
Et même imaginer un système d'accrochage des toiles parfaitement inédit. Dans d'autres domaines, les règles muséales s'imposent purement et simplement. En matière de sécurité, d'abord. L'exposition vaudrait une petite fortune - d'autant qu'elle comprend un Rubens -, sur le marché de l'art. Il a donc fallu prévoir un système de surveillance et d'alarme spécifique, renforcé.
Hygrométrie surveillée
Mais il faut veiller, aussi, à la conservation d'un taux d'hygrométrie d'environ 50 %, avec une température stable à 18°. Un vrai petit cocon, pour des oeuvres forcément fragilisées par leur grand âge. Les 19 toiles de la collection Médicis datent en effet de 1610. Aucune n'est signée. « Les Médicis les ont commandés à un groupe d'artistes, explique Bertrand Ducoureau, conservateur. Comme ça se faisait à l'époque. La date de la cérémonie d'hommage était fixée. Les artistes n'avaient que deux mois ! »
Les « grisailles » en noir, blanc et brun ont été imaginées comme des éléments parmi d'autres d'un décor monumental éphémère installé, le temps d'une cérémonie, dans la basilique San Lorenzo de Florence. Des oeuvres monochromes à la valeur davantage historique qu'artistique qu'il revient à Patrice Laporta d'éclairer de la façon la plus avantageuse, le luxmètre en mains. Sans aucune lumière naturelle. Mais l'exposition compte également de vrais chefs-d'oeuvre, comme ce tableau du peintre Rubens et ce « Captif enchaîné », élément d'une sculpture d'Henri IV installée sur le pont-Neuf, à Paris, et démontée à la Révolution. Sans compter l'épée d'apparat du Bon Roi, un vrai petit bijou d'orfèvrerie et de joaillerie (lire ci-contre).
Le château n'a pas accueilli plus belle exposition temporaire depuis 1998 et celle sur l'Édit de Nantes. Deux salles y sont pleinement consacrées, avec des décors roses - en référence à la couleur d'une toge que portait le roi - pour trait d'union. La salle des anciennes cuisines, où se trouve la cheminée, va se consacrer à l'accueil et à l'information du public. Il reste cinq jours, week-end compris, pour peaufiner une exposition qui constitue un événement culturel fort, en Béarn et au-delà.
(1) « Paris vaut bien une messe ! 1610 : hommage des Médicis à Henri IV ». Du 1er avril au 30 juin, de 9 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures à 18 heures. Tarif : 7 ?, 5,50 ? (réduit), gratuit pour les moins de 26 ans tous les jours et le premier dimanche de chaque mois. Tel : 05 59 82 38 19.
LE CHIFFRE DU JOUR
6 millions
C'est le montant (en euros) pour lequel est assurée l'épée d'apparat d'Henri IV qui compte parmi les oeuvres majeures de l'exposition. L'objet d'acier et d'or est incrusté de médaillons de nacre gravés des signes du zodiaque et d'inscriptions dorées qui relatent les principaux faits politiques ou de guerre qui ont émaillé la vie d'Henri IV. Il est prêté par le Musée de l'armée, de Paris.