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30 mai 2015 6 30 /05 /mai /2015 23:00

Ces commentaires, trouvés sur le site "Église catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde, en

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Attention le texte écrit peut différer des versions audio (Radio-Notre-Dame) et vidéo (KTO TV) qui ont été modifiées par Marie-Noëlle Thabut, parfois pour les améliorer, parfois pour s'adapter aux formats imposés par ces chaînes de radio ou de télévision. Dans cette hypothèse, nous mettons en italiques les passages supprimés pour ces médias.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Évangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté). D'après Marie-Noëlle Thabut, "... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c'est que nous ne les avons pas compris."

Version audio, trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame (disponible seulement à compter du 31 mai 2015).

En bas de page, vous avez désormais les versions vidéo des commentaires, trouvées sur KTO TV.

PREMIÈRE LECTURE – Deutéronome 4, 32-34. 39-40

Moïse disait au peuple d’Israël :
32 « Interroge donc les temps anciens qui t’ont précédé,
depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre :
d’un bout du monde à l’autre,
est-il arrivé quelque chose d’aussi grand,
a-t-on jamais connu rien de pareil ?
33 Est-il un peuple qui ait entendu comme toi
la voix de Dieu parlant du milieu du feu,
et qui soit resté en vie ?
34 Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation,
de venir la prendre au milieu d’une autre,
à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats,
à main forte et à bras étendu,
et par des exploits terrifiants
comme tu as vu le SEIGNEUR ton Dieu,
le faire pour toi en Égypte ?
39 Sache donc aujourd’hui, et médite cela en ton cœur :
c’est le SEIGNEUR qui est Dieu,
là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre ;
il n’y en a pas d’autre.
40 Tu garderas les décrets
et les commandements du SEIGNEUR
que je te donne aujourd’hui,
afin d’avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie
sur la terre que te donne le SEIGNEUR ton Dieu, tous les jours. »

UNE DÉCOUVERTE PROGRESSIVE
Nous lisons ce texte pour la fête de la Trinité, mais s’il est bien question de Dieu, du SEIGNEUR et de tout ce qu’il a fait pour son peuple, nous n’avons pas entendu le mot « Trinité » ; tout simplement parce que, lorsque le livre du Deutéronome a été écrit, la révélation n’en était pas encore là, si j’ose dire. La découverte du mystère de la Trinité sera la dernière étape de la révélation de Dieu à son peuple. À l’époque du Livre du Deutéronome et pendant tout l’Ancien Testament, il s’agissait d’abord de libérer le peuple du polythéisme. Parce que, tout au début de l’histoire d’Israël, quand Dieu a choisi le peuple élu pour se révéler aux hommes, les peuples du Moyen Orient étaient polythéistes ; dans ce contexte-là, il était impossible pour l’homme d’entendre le double message : Dieu est UN et il est en Trois Personnes. La première étape de la pédagogie de Dieu a donc été de se révéler d’abord comme le Dieu Unique (et c’est l’objet de l’Ancien Testament) ; la deuxième étape sera l’objet du Nouveau Testament : ce Dieu UN n’est pas solitaire, il est une communion d’amour entre trois Personnes.
Revenons à ce texte du Livre du Deutéronome. Nous avons là, en quelques lignes, tout le catéchisme du peuple d’Israël ; nous sommes donc dans la première étape de la pédagogie de Dieu ; l’auteur inspiré insiste : « Sache donc aujourd’hui, et médite cela dans ton cœur : le SEIGNEUR est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, et il n’y en a pas d’autre. » Sous-entendu, il n’y a pas les dieux du ciel et ceux de la mer, et ceux des armées et ceux de la fécondité… Dieu seul est Dieu.
Curieusement, dans ce catéchisme, il n’y a pas de définition de Dieu, ni de description de Dieu ; en revanche, il y a la longue énumération émerveillée des œuvres de Dieu pour l’humanité, puis pour son peuple élu. Dieu a créé l’humanité (« Interroge les temps anciens qui t’ont précédé, depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre… »), Dieu a parlé à son peuple (« Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu parlant du milieu de la flamme …? » Il s’agit du Sinaï), Dieu a choisi ce peuple et l’a libéré (« Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d’une autre …? »), Dieu lui a donné les commandements comme recette du bonheur pour tous (« Tu garderas tous les jours les commandements et les ordres du SEIGNEUR que je te donne aujourd’hui, afin d’avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie… »), enfin Dieu a donné à son peuple sa terre.

UN DIEU INATTENDU
J’ai parlé d’émerveillement : « Interroge les temps anciens… Est-il arrivé quelque chose d’aussi grand, a-t-on jamais rien connu de pareil ? »
Il y a là la reconnaissance du peuple élu, conscient d’avoir été choisi sans aucun mérite de sa part.
Il y a aussi et surtout la surprise, l’étonnement, devant cette révélation d’un Dieu tellement inattendu, tellement différent de tout ce qu’on aurait pu imaginer ! Un Dieu créateur, c’est facile à imaginer, mais un Dieu qui se révèle, un Dieu qui choisit une nation, qui vient la « prendre », la distinguer, qui s’intéresse à elle, qui intervient pour elle à de multiples reprises, qui lui donne une terre, qui lui dévoile les secrets du bonheur et de la vie…
On imaginait spontanément un Dieu de puissance, celui qu’on appelait « Elohim » ; mais on a découvert tellement plus merveilleux : ou plutôt, on n’a rien découvert, c’est Dieu qui s’est révélé… Dieu seul peut parler valablement de Dieu. Il nous fallait bien la Révélation ! Et Dieu s’est révélé non comme l’Elohim, le Dieu de la puissance mais comme le SEIGNEUR, le Dieu de la Présence. Le fameux nom de Dieu, révélé à Moïse, ce nom en quatre lettres « YHVH » qu’on ne prononce jamais, dit justement la Présence permanente de Dieu auprès de son peuple, hier, aujourd’hui et demain.
Cette présence permanente de Dieu auprès de son peuple, il restera à découvrir qu’elle n’est pas réservée à Israël, que Dieu est le Dieu de tous les hommes ; là encore, il faut déchiffrer la pédagogie de Dieu ; dans un contexte historique où chaque peuple, pour se faire sa place au soleil, croit avoir son ou ses dieux qui combattent avec lui, aucun peuple au monde, et pas non plus le peuple hébreu, n’aurait pu envisager un dieu qui aurait été pour lui sans prendre parti contre tous les autres.
Puis, peu à peu, le peuple élu découvrira qu’il a été élu, non au détriment des autres, mais au service de tous les autres. Comme le dit André Chouraqui : « Le peuple de l’Alliance est destiné à devenir le futur instrument de l’Alliance des peuples ».
Le Livre du Deutéronome que nous lisons aujourd’hui est un livre déjà tardif de la Bible et il amorce bien cette étape de la Révélation : à la fois Israël est le peuple élu (« Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu ? ») et en même temps Dieu est le Dieu de tous les peuples, puisqu’il est le seul Dieu.
« Sache donc aujourd’hui, et médite cela dans ton cœur : le SEIGNEUR est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre, et il n’y en a pas d’autre. »

PSAUME – 32 (33), 4-5. 6. 9. 18. 20. 21-22

4 Oui, elle est droite, la parole du SEIGNEUR ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
5 Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

6 Le SEIGNEUR a fait les cieux par sa parole,
l’univers, par le souffle de sa bouche.
9 Il parla, et ce qu’il dit exista ;
il commanda et ce qu’il dit survint.

18 Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour.
20 Nous attendons notre vie du SEIGNEUR :
il est pour nous un appui, un bouclier.

21 La joie de notre cœur vient de lui,
notre confiance est dans son nom très saint.
22 Que ton amour, SEIGNEUR, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !

LA TERRE EST REMPLIE DE SON AMOUR
Pas un mot du mystère de la Trinité dans ce psaume, au moins apparemment. Évidemment, puisque ce Mystère du Dieu Unique en Trois Personnes n’a été découvert par les croyants qu’après la Pentecôte. Mais en revanche des mots très beaux dans ces quelques versets sur l’énorme découverte que les hommes de l’Ancien Testament avaient déjà faite.
Vous avez entendu par exemple « La terre est remplie de son amour » : c’est déjà une superbe profession de foi ! Il a fallu tout un long chemin de Révélation pour que l’humanité découvre cette réalité fondamentale que Dieu est Amour et que la terre (entendez la Création) est remplie de son amour. Et c’est bien la caractéristique des croyants, il me semble : ils traversent l’existence et ses réalités de joie ou même d’épreuves en affirmant, quoi qu’il arrive, que la terre est remplie de l’amour de Dieu. Ce qui ne veut pas dire que l’amour règne partout sur la terre ! Ni l’amour universel, ni le bonheur ne sont encore au rendez-vous. Pour l’instant, ce qui est sûr, c’est que Dieu regarde le cosmos et l’humanité avec amour. Pour le reste, ce n’est pas encore accompli, mais c’est la vocation de la Création tout entière d’être le lieu de l’amour, du droit et de la justice.
Il faut lire le verset en entier : « Il aime le bon droit et la justice ; la terre est remplie de son amour ».
L’amour de Dieu pour l’humanité est donc vieux comme le monde, pourrait-on dire : c’est le sens du rappel de la Création que nous entendons ici : « Le SEIGNEUR a fait les cieux par sa parole, l’univers, par le souffle de sa bouche. Il parla, et ce qu’il dit exista ; il commanda et ce qu’il dit survint. »
Mais Dieu ne s’est pas contenté de créer le cosmos et l’humanité un beau jour pour les abandonner à leur sort ensuite ; depuis l’aube du monde, il veille sur nous à chaque instant : « Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour ».
Cette certitude de la foi est assise sur une expérience : celle de la vigilance de Dieu au long des siècles.
Depuis Abraham, Isaac et Jacob, depuis Moïse et le buisson ardent et la sortie d’Égypte, et l’entrée en terre promise… et je pourrais reprendre les uns après les autres les événements de l’histoire du peuple élu, à chaque étape on a su, expérimenté que Dieu veille et que la terre est remplie de son amour.

DIEU VEILLE SUR CEUX QUI LE CRAIGNENT
Je reviens sur ce verset étonnant : « Dieu veille sur ceux qui le craignent, qui mettent leur espoir en son amour ». Je ferai deux remarques. Premièrement, nous avons là une définition du mot « crainte » : Traduisez : ceux qui craignent le Seigneur, ce sont justement ceux qui mettent leur espoir en son amour, qui lui font confiance en toutes circonstances. Deuxièmement, on peut être surpris de la formulation : « Dieu veille sur ceux qui le craignent » ; on a envie de demander : « et les autres ? Ceux qui ne sont pas croyants ? Est-ce que Dieu ne veille pas sur eux ? » Bien sûr, Dieu veille sur tous ses enfants, mais seuls ceux qui le connaissent le savent et peuvent le dire pour l’instant !
Autre caractéristique de ce psaume, l’importance attachée à la Loi ! L’amour du peuple d’Israël pour la Loi nous étonne parfois ; mais pour les croyants, cela va de soi car ils y voient l’expression de la vigilance de Dieu pour ses enfants : sa Loi nous accompagne, tout comme un code de la route protège des accidents et des faux pas ; elle est donc considérée comme un cadeau d’amour de Dieu. Et ce n’est pas un hasard si ce psaume comporte exactement vingt-deux versets, (qui correspondent aux vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu), en hommage à la Parole de Dieu qui est le tout de notre vie, de A à Z.
Et désormais pour les croyants, la seule attitude valable, la seule manière de respecter Dieu c’est d’obéir aux commandements, parce qu’on sait qu’ils ne sont guidés que par l’amour. C’est exactement le sens de la profession de foi juive (Dt 6, 4) : « Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force. » Traduisez « Tu l’aimeras, tu lui feras confiance et (parce que c’est inséparable) tu observeras ses commandements, sa parole » ; c’est le deuxième sens du mot « parole » ; le verset « Oui, elle est droite, la parole du SEIGNEUR » est un hommage à la Parole créatrice, mais aussi à la Loi donnée par Dieu.
Car il ne faut pas oublier que la création dont on s’émerveille le plus en Israël, ce n’est pas celle de la terre, c’est celle du peuple. A chaque époque de son histoire, la parole de Dieu l’appelle à la liberté, et lui donne la force de conquérir cette liberté ; liberté par rapport à toute idolâtrie, liberté par rapport à tout esclavage.
A première vue, dans ces versets, comme je le disais en commençant, nous ne trouvons pas trace de la Trinité. Il a fallu attendre la venue du Christ pour comprendre que la Parole de Dieu dont ce psaume a tant parlé est une Personne : « Au commencement était le Verbe… Tout fut par lui, et rien de ce qui fut ne fut sans lui », médite saint Jean dans son prologue ; alors nous pouvons donner tout leur sens aux affirmations du psaume 32/33 : « Oui, elle est droite, la parole du SEIGNEUR ; il est fidèle en tout ce qu’il fait… Le SEIGNEUR a fait les cieux par sa Parole, l’univers, par le souffle de sa bouche… Il parla et ce qu’il dit exista ; il commanda et ce qu’il dit survint. »

DEUXIÈME LECTURE – Lettre de l’apôtre Paul aux Romains 8, 14 – 17

Frères,
14 tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu,
ceux-là sont fils de Dieu.
15 Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves
et vous ramène à la peur ;
mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ;
et c’est en lui que nous crions « Abba ! »
c’est-à-dire : Père !
16 C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit
que nous sommes enfants de Dieu.
17 Puisque nous sommes ses enfants,
nous sommes aussi ses héritiers ;
héritiers de Dieu,
héritiers avec le Christ,
si du moins nous souffrons avec lui
pour être avec lui dans la gloire.

ESCLAVES DE DIEU ? OU FILS DE DIEU ?
À l’époque de Paul, l’esclavage faisait partie de la réalité quotidienne et c’est cette réalité qui lui a inspiré la méditation que nous lisons ici. Lorsqu’un maître de maison a auprès de lui en même temps des fils et des esclaves, les uns et les autres n’ont évidemment pas avec lui le même type de relations. L’esclave a peur de son maître, il se sait à sa merci ; le fils, lui, vit dans la confiance, la sécurité. Quand il dit « Père » (« Abba »), il sait d’avance qu’il sera entendu, compris, aimé. Tous les deux (l’esclave et le fils) obéissent ; car le propre du maître de maison, du père, c’est de dire la loi ; un père qui ne donne pas de loi n’est pas un père, on le sait bien, et il ne fait grandir personne ; mais la grande différence entre l’esclave et le fils devant la loi du père, c’est que l’esclave obéit par peur du châtiment, tandis que le fils obéit par confiance dans la sagacité de son père.
Si, dans la lettre aux Romains, Paul s’intéresse tant à ce sujet, c’est qu’il y voit une image de notre relation à Dieu. Dieu est notre Père, il l’est depuis toujours, et donc, dès le début de la création, il veut nouer avec l’humanité un rapport de père à fils ; mais voilà, l’homme a bien du mal à se comporter en fils. Ne croyant pas que Dieu est Père, l’homme se comporte non pas en fils mais en esclave : il a peur de son maître et il lui prête toute sorte de mauvaises intentions : il imagine un maître jaloux, exigeant, vindicatif et injuste. Il est clair que dans tout le début de la lettre aux Romains, Paul a toujours devant les yeux le portrait d’Adam : Adam, c’est une manière d’être homme qui consiste justement à soupçonner Dieu ; Adam se méfie du commandement donné par Dieu, parce qu’il s’imagine que ce commandement est mal intentionné !… Et donc, Adam désobéit à la loi de Dieu, puis il se cache quand Dieu l’appelle, pensant que Dieu va certainement se venger de cette désobéissance…
De la même manière, plus tard, quand Dieu dira à Caïn « domine ta violence, pour ne pas te laisser dominer par elle », Caïn n’écoutera pas et tuera Abel… Et voilà, l’engrenage de la violence et du malheur est installé. Si Adam avait fait confiance, il aurait simplement obéi au commandement ; il n’aurait pas eu peur de Dieu qui le cherchait ; si Caïn avait fait confiance au conseil qui lui était donné, il se serait dominé. La racine de la désobéissance, au fond, c’est le manque de confiance.
Si l’on peut dire « Pour Paul, Adam, c’est une manière d’être homme », c’est parce que Paul sait bien que Adam n’est pas un individu particulier qui serait le premier spécimen de l’humanité ; les rabbins juifs ont même l’habitude de dire « chacun est Adam pour soi ». Manière de dire que chacun de nous est esclave de la fausse idée qu’il se fait de Dieu. Et cet esclavage-là est le pire de tous ; on l’appelle « originel » précisément parce qu’il est à la racine de nos comportements et qu’il engendre le malheur de l’humanité ; d’ailleurs, quand on parle de ce texte du livre de la Genèse, on l’appelle le « récit de la chute d’Adam » ; le mot « chute » dit bien qu’il s’agit d’un engrenage épouvantable ; comme on dit « mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose », on pourrait dire « soupçonnez, soupçonnez, il en restera toujours quelque chose ». Parce que, une fois le soupçon installé, il défigure tout ; c’est vraiment à la base que tout est faussé.
On pourrait reprendre les commandements l’un après l’autre ; le premier manquement était peut-être sans gravité, et croyait-on sans lendemain ; c’était une exception ; mais qui a volé volera, qui a trompé trompera, qui a menti mentira.
Saint Paul décrit cet engrenage dans les premiers chapitres de cette lettre aux Romains, et il brosse un tableau tellement triste qu’on a envie de dire « pauvre humanité ».
Les nouvelles du monde, que nous entendons certains jours, ne sont pas plus réjouissantes ! Mais Paul ne reste pas sur ce triste bilan ! Car il sait, lui, que la face du monde est changée par la venue, la vie, la mort et la Résurrection du Christ.

QUE TA VOLONTÉ SOIT FAITE PARCE QU’ELLE EST BONNE
À l’opposé du chemin d’Adam, l’autre chemin, l’autre voie, c’est celle du Christ : lui, dont Jean dit qu’il est celui qui est en permanence « tourné vers le Père » dans l’attitude du dialogue sans ombre ; même en plein cœur de l’épreuve, de l’angoisse devant la torture et la mort violente, « Il disait : « Abba, Père, à toi tout est possible, écarte de moi cette coupe. Pourtant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » (Mc 14, 36). Parce que sa confiance en son Père était plus forte que toute autre voix.
Déjà, le récit des tentations dans les évangiles nous le montrait résistant aux propositions les plus alléchantes de celui qu’on appelle le diviseur (c’est le sens du mot grec « diabolos » qui se traduit « diable »), celui qui voulait le séparer de son Père.
Le secret de Jésus, l’évangile le précise bien, c’est qu’il est rempli de l’Esprit de Dieu, habité, conduit par cet Esprit. Quand Paul dit « à condition de souffrir avec lui », c’est de cela qu’il parle : il n’y a pas de souffrance exigée par Dieu, mais il y a une attitude à adopter : dans nos épreuves, être avec le Christ, nous comporter comme lui, nous laisser conduire, comme lui, par l’Esprit.
Toute l’histoire de l’humanité est celle d’un long apprentissage pour passer de l’attitude de l’esclave (celle d’Adam) à l’attitude de fils, celle de Jésus-Christ.
Quand les rabbins juifs disent « chacun est Adam pour soi », ils ne veulent pas dire que nos vies se déroulent toutes et tout le temps sous le signe d’Adam.
Nous avons nos heures selon Adam et nos heures selon le Christ. Les heures « selon le Christ », ce sont celles où nous nous laissons mener par l’Esprit qui nous habite depuis notre Baptême ; quand Paul dit « nous souffrons avec Jésus », il pense à tous ces moments de tentation qui sont autant d’épreuves à surmonter.
Allons-nous faire confiance au sein même de l’épreuve, garder le cap de notre vocation ou de nos engagements, obéir au commandement parce qu’il ne peut qu’être bon pour nous et pour les autres…?
Si nous reprenons le même chemin que Jésus, si, résolument, nous refusons le soupçon d’Adam, si nous acceptons de faire confiance à Dieu au jour le jour, nous nous conduisons comme Jésus en fils de Dieu et nous vivons de la vie de Dieu ; c’est ce que Paul appelle « être avec lui dans la gloire ».

ÉVANGILE – selon Saint Matthieu 28, 16 – 20

Au temps de Pâques,
16 Les onze disciples s’en allèrent en Galilée,
à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre.
17 Quand ils le virent, ils se prosternèrent,
mais certains eurent des doutes.
18 Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles :
« Tout pouvoir m’a été donné
au ciel et sur la terre.
19 Allez !
De toutes les nations faites des disciples :
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,
20 apprenez-leur
à observer tout ce que je vous ai commandé.
Et moi, je suis avec vous
tous les jours jusqu’à la fin du monde. »

DE TOUTES LES NATIONS FAITES DES DISCIPLES
Aussitôt après la Résurrection, voici le très bref discours d’adieu de Jésus. Cela se passe en Galilée qu’on appelait couramment le « carrefour des païens », la « Galilée des nations » ; car désormais la mission des Apôtres concerne « toutes les nations ». L’Évangile de Matthieu semble tourner court : mais, en fait, l’aventure commence ; tout se passe comme dans un film où le mot « FIN » s’inscrit sur une route qui ouvre vers l’infini. Car c’est bien vers l’infini que Jésus les envoie : l’immensité du monde et l’infini des siècles ; « Allez… De toutes les nations faites des disciples… Jusqu’à la fin du monde. »
Curieusement, ils n’ont l’air qu’à moitié préparés à cette mission !
Si Jésus était un chef d’entreprise, il ne pourrait pas prendre le risque de confier la suite de son affaire à des collaborateurs comme ceux-là : des collaborateurs qui semblent bien ne pas avoir assimilé toute la formation qu’il leur a assurée pendant trois ans. Ils font erreur sur l’objectif, sur les délais, sur la nature de l’entreprise.
Ils vont même jusqu’à douter de la réalité qu’ils sont en train de vivre ; puisque Matthieu dit clairement « Certains eurent des doutes ». La mission qui leur est confiée et qui est pleine de risques est de promouvoir un message qui les surprend encore. Folie, diront les gens sages, Sagesse de Dieu répondrait saint Paul. C’est que l’entreprise dont il s’agit n’est pas banale : elle dépasse tout ce que l’esprit humain peut imaginer ou concevoir. Il s’agit de la communication entre Dieu et les hommes. Celui qui est venu en allumer l’étincelle confie à ses disciples le soin d’en répandre le feu. « Allez donc ! De toutes les nations faites des disciples, baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit. »
« Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » : nous n’avons pas souvent l’occasion de nous arrêter sur cette formule extraordinaire de notre foi. Première formulation du mystère de la Trinité : l’expression « Au nom de », très habituelle dans la Bible, signifie qu’il s’agit bien d’un seul Dieu ; en même temps les trois Personnes sont nommées et bien distinctes : « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. » Si l’on se souvient que le NOM, dans la Bible, c’est la personne, et que baptiser veut dire étymologiquement « plonger », cela veut dire que le Baptême nous plonge littéralement dans la Trinité. On comprend l’ordre express de Jésus à ses disciples « Allez !», il y a urgence. Comment ne pas être pressés de voir toute l’humanité profiter de cette proposition ?

PLONGÉS DANS LA TRINITÉ
En même temps, il faut bien dire que cette formule, si habituelle pour nous aujourd’hui, était pour la génération du Christ une véritable révolution !
A preuve, quand les apôtres, Pierre et Jean, ont guéri le boiteux de la Belle Porte (Ac 3 et 4), les autorités leur ont aussitôt demandé « Au nom de qui avez-vous fait une chose pareille ? » : parce qu’il n’était pas permis d’invoquer un autre nom que celui de Dieu.
Jésus parle bien de Dieu, mais sa phrase cite trois personnes, or Dieu était unique, les prophètes l’avaient assez dit. L’incompréhension des Juifs pour les fidèles du Christ est inscrite ici, la persécution était inévitable. Jésus le sait, qui les a prévenus le dernier soir : « On vous exclura des synagogues. Bien plus, l’heure vient où celui qui vous fera périr croira présenter un sacrifice à Dieu, (c’est-à-dire croira défendre l’honneur de Dieu)… Et Jésus ajoutait : « Ils agiront ainsi pour n’avoir connu ni le Père ni moi. » (Jn 16, 2 – 3).
La mission confiée aux apôtres s’apparente bien à une folie ; mais ils ne sont pas seuls, et cela, il ne faut jamais l’oublier : dans la mesure où notre engagement n’est pas le nôtre, mais le sien, nous n’avons pas de raison de nous inquiéter des résultats : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! »… En d’autres termes, c’est nous qui allons, mais c’est lui qui a tout pouvoir…
Voici ce que l’on raconte de Jean XXIII : il paraît que peu de jours après son élection il reçoit la visite d’un ami qui lui dit « Très Saint Père, comme la charge doit être lourde ! » Jean XXIII répond « C’est vrai, le soir, quand je me couche, je pense « Angelo, tu es le Pape » et j’ai bien du mal à m’endormir ; mais, au bout de quelques minutes je me dis « Angelo, que tu es bête, le responsable de l’Église, ce n’est pas toi, c’est le Saint-Esprit… Alors je me tourne de l’autre côté et je m’endors…! » Nous aussi, semble-t-il, nous pouvons dormir sur nos deux oreilles : l’évangélisation doit être notre travail, mais pas notre angoisse ! Jésus a bien précisé « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. »
À elle toute seule, cette petite phrase est un résumé extraordinaire de la vie du Christ : ceci se passe sur une montagne, a dit Matthieu ; laquelle on ne sait pas, mais elle évoque, bien sûr, celle de la tentation ; sur la montagne de la tentation, Jésus a refusé de recevoir d’un autre que son Père le pouvoir sur la Création : « Le diable l’emmène sur une très haute montagne ; il lui montre tous les royaumes du monde avec leur gloire et lui dit : Tout cela je te le donnerai, si tu te prosternes et m’adores. Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan ! Car il est écrit Le Seigneur ton Dieu tu adoreras et c’est à lui seul que tu rendras un culte. » (Mt 4, 8). Ce pouvoir que Jésus n’a pas revendiqué, n’a pas acheté, lui est donné par son Père.
Et, désormais, ce pouvoir est entre nos mains ! A nous d’y croire… « Allez ! Et moi, ajoute Jésus, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » Le Dieu de la Présence révélé à Moïse au buisson ardent, l’Emmanuel (ce qui signifie « Dieu avec nous ») promis par Isaïe ne font qu’un dans l’Esprit d’amour qui les unit. A nous désormais de révéler au monde cette présence aimante du Dieu-Trinité.
———————————————–
Compléments
Qui donc est Dieu ? C’est la question que l’humanité se pose depuis le premier jour. Il y a deux manières d’y répondre : trouver la réponse nous-mêmes, tout seuls comme des grands… Mais cela suppose que le mystère de Dieu soit à notre portée. Ou bien laisser Dieu nous souffler lui-même la réponse… Et je dis bien « souffler » : depuis des milliers d’années, le souffle de Dieu nous révèle peu à peu qui Il est.
La Trinité : l’aboutissement de la trajectoire
Il a fallu toute la durée de l’Ancien Testament pour se libérer du polythéisme et croire en un Dieu unique ; ce fut, comme on sait, une œuvre de longue haleine des prophètes. Encore ne parvint-on pas d’une seule traite au monothéisme pur. Une étape intermédiaire fut celle de l’hénothéisme : on professait un seul Dieu d’Israël, mais on concevait que les autres peuples aient leurs dieux. C’est pendant l’Exil à Babylone, semble-t-il, que l’on découvrit que Dieu est le Dieu unique de tout l’univers. La profession de foi « Shema Israël, Écoute Israël, notre Dieu est le SEIGNEUR UN » prenait alors toute sa valeur. Mais cette unicité de Dieu aurait alors paru totalement incompatible avec la reconnaissance de l’Esprit comme une personne ; il a fallu pour cela la Pentecôte et l’expérience des premières communautés chrétiennes. Quant au Fils de Dieu, ce titre habituellement donné à chaque roi le jour de son sacre, ne signifiait nullement un lien d’engendrement. C’est Jésus lui-même qui l’a révélé, mais ses paroles n’ont été comprises, elles aussi, qu’à la lumière de la Pentecôte.

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23 mai 2015 6 23 /05 /mai /2015 23:00

Dimanche de Pentecôte B

Ces commentaires, trouvés sur le site "Église catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde, en

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Attention le texte écrit peut différer des versions audio (Radio-Notre-Dame) et vidéo (KTO TV) qui ont été modifiées par Marie-Noëlle Thabut, parfois pour les améliorer, parfois pour s'adapter aux formats imposés par ces chaînes de radio ou de télévision. Dans cette hypothèse, nous mettons en italiques les passages supprimés pour ces médias.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Évangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté). D'après Marie-Noëlle Thabut, "... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c'est que nous ne les avons pas compris."

PREMIÈRE LECTURE – Actes des apôtres 2, 1-11

1 Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques,
ils se trouvaient réunis tous ensemble.
2 Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent :
la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière.
3 Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu,
qui se partageaient,
et il s’en posa une sur chacun d’eux.
4 Tous furent remplis d’Esprit Saint :
ils se mirent à parler en d’autres langues,
et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
5 Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux,
venant de toutes les nations sous le ciel.
6 Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait,
ils se rassemblèrent en foule.
Ils étaient en pleine confusion
parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient.
7 Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient :
« Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ?
8 Comment se fait-il que chacun de nous les entende
dans son propre dialecte, sa langue maternelle ?
9 Parthes, Mèdes et Élamites,
habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce,
de la province du Pont et de celle d’Asie,
10 de la Phrygie et de la Pamphylie,
de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène,
Romains de passage,
11 Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes,
tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »

JÉRUSALEM, LA VILLE DU DON DE L’ESPRIT
Première chose à retenir de ce texte1 : Jérusalem est la ville du don de l’Esprit ! Elle n’est pas seulement la ville où Jésus a institué l’Eucharistie, la ville où il est ressuscité, elle est aussi la ville où l’Esprit a été répandu sur l’humanité.
C’était l’année de la mort de Jésus, mais qui d’entre eux le savait ? J’ai dit intentionnellement « la mort » de Jésus, sans parler de sa Résurrection ; car celle-ci pour l’instant est restée confidentielle. Ces gens venus de partout n’ont probablement jamais entendu parler d’un certain Jésus de Nazareth. Cette année-là est comme toutes les autres, cette fête de Pentecôte sera comme toutes les autres. Mais déjà, ce n’est pas rien ! On vient à Jérusalem dans la ferveur, la foi, l’enthousiasme d’un pèlerinage pour renouveler l’Alliance avec Dieu.
Ce jour-là, la ville de Jérusalem grouillait de monde venu de partout, des milliers de Juifs pieux venus parfois de très loin. Parce que, à l’époque du Christ, la Pentecôte juive était très importante : c’était la fête du don de la Loi, l’une des trois fêtes de l’année pour lesquelles on se rendait à Jérusalem en pèlerinage. L’énumération de toutes les nationalités réunies à Jérusalem pour cette occasion en est la preuve.
« Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène… Crétois et Arabes ».
Pour les disciples, bien sûr, cette fête de Pentecôte, cinquante jours après la Pâque de Jésus, celui qu’ils ont vu entendu, touché… après sa Résurrection… cette Pentecôte ne ressemble à aucune autre ; pour eux plus rien n’est comme avant… Ce qui ne veut pas dire qu’ils s’attendent à ce qui va se passer !
Pour bien nous faire comprendre ce qui se passe, Luc nous le raconte ici, dans des termes qu’il a de toute évidence choisis très soigneusement pour évoquer au moins trois textes de l’Ancien Testament : ces trois textes, ce sont premièrement le don de la Loi au Sinaï ; deuxièmement une parole du prophète Joël ; troisièmement l’épisode de la tour de Babel.
Commençons par le Sinaï : les langues de feu de la Pentecôte, le bruit « pareil à celui d’un violent coup de vent » suggèrent que nous sommes ici dans la ligne de ce qui s’était passé au Sinaï, quand Dieu avait donné les tables de la Loi à Moïse ; on trouve cela au livre de l’Exode : « Le troisième jour, quand vint le matin, il y eut des voix, des éclairs, une nuée pesant sur la montagne et la voix d’un cor très puissant ; dans le camp, tout le peuple trembla. Moïse fit sortir le peuple à la rencontre de Dieu hors du camp, et ils se tinrent tout en bas de la montagne. La montagne du Sinaï n’était que fumée, parce que le SEIGNEUR y était descendu dans le feu ; sa fumée monta comme le feu d’une fournaise, et toute la montagne trembla violemment … Moïse parlait et Dieu lui répondait par la voix du tonnerre ». (Ex 19, 16-19).
En s’inscrivant dans la ligne de l’événement du Sinaï, Saint Luc veut nous faire comprendre que cette Pentecôte, cette année-là, est beaucoup plus qu’un pèlerinage traditionnel : c’est un nouveau Sinaï. Comme Dieu avait donné sa Loi à son peuple pour lui enseigner à vivre dans l’Alliance, désormais Dieu donne son propre Esprit à son peuple… Désormais la Loi de Dieu (qui est le seul moyen de vivre vraiment libres et heureux, il ne faut pas l’oublier) désormais cette Loi de Dieu est écrite non plus sur des tables de pierre mais sur des tables de chair, sur le cœur de l’homme, pour reprendre une image d’Ezéchiel.2

L’ESPRIT DE DIEU DANS LE CŒUR DE L’HOMME
Deuxièmement, Luc a très certainement voulu évoquer une parole du prophète Joël : « Je répandrai mon esprit sur toute chair », dit Dieu (Jl 3, 1 ; « toute chair » c’est-à-dire tout être humain). Aux yeux de Luc, ces « Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel » comme il les appelle, symbolisent l’humanité entière pour laquelle s’accomplit enfin la prophétie de Joël. Cela veut dire que le fameux « Jour de Dieu » tant attendu est arrivé !
Troisièmement, l’épisode de Babel : vous vous souvenez de l’histoire de Babel : en la simplifiant beaucoup, on peut la raconter comme une pièce en deux actes : Acte 1, tous les hommes parlaient la même langue : ils avaient le même langage et les mêmes mots. Ils décident d’entreprendre une grande œuvre qui mobilisera toutes leurs énergies : la construction d’une tour immense… Acte 2, Dieu intervient pour mettre le holà : il les disperse à la surface de la terre et brouille leurs langues. Désormais les hommes ne se comprendront plus… Nous nous demandons souvent ce qu’il faut en conclure ?… Si on veut bien ne pas faire de procès d’intention à Dieu, impossible d’imaginer qu’il ait agi pour autre chose que pour notre bonheur… Donc, si Dieu intervient, c’est pour épargner à l’humanité une fausse piste : la piste de la pensée unique, du projet unique ; quelque chose comme « mes petits enfants, vous recherchez l’unité, c’est bien ; mais ne vous trompez pas de chemin : l’unité n’est pas dans l’uniformité ! La véritable unité de l’amour ne peut se trouver que dans la diversité ».
Le récit de la Pentecôte chez Luc s’inscrit bien dans la ligne de Babel : à Babel, l’humanité apprend la diversité, à la Pentecôte, elle apprend l’unité dans la diversité : désormais toutes les nations qui sont sous le ciel entendent proclamer dans leurs diverses langues l’unique message : les merveilles de Dieu.
———————————————–
Notes
1 – La première lecture et le psaume sont communs aux fêtes de la Pentecôte des trois années liturgiques. En revanche, la deuxième lecture et l’évangile sont différents chaque année.
2 – « Je vous donnerai un cœur neuf et je mettrai en vous un esprit neuf ; j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai en vous mon propre esprit, je vous ferai marcher selon mes lois, garder et pratiquer mes coutumes… vous serez mon peuple et je serai votre Dieu ». (Ez 36, 26…28).

PSAUME – 103 (104), 1.24, 29-30, 31.34

1 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme ;
SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand !
24 Quelle profusion dans tes œuvres , SEIGNEUR !
La terre s’emplit de tes biens.

29 Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
30 Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

31 Gloire au SEIGNEUR à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
34 Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR.

1 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme ;
SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand !
24 Quelle profusion dans tes œuvres , SEIGNEUR !
La terre s’emplit de tes biens.

29 Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
30 Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

31 Gloire au SEIGNEUR à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
34 Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR.

QUELLE PROFUSION DANS TES OEUVRES, SEIGNEUR !
Il faudrait pouvoir lire ce psaume en entier ! Trente-six versets de louange pure, d’émerveillement devant les œuvres de Dieu. J’ai dit des « versets », parce que c’est le mot habituel pour les psaumes, mais j’aurais dû dire trente-six « vers » car il s’agit en réalité d’un poème superbe.
On n’est pas surpris qu’il nous soit proposé pour la fête de la Pentecôte puisque Luc, dans le livre des Actes, nous raconte que le matin de la Pentecôte, les Apôtres, remplis de l’Esprit-Saint se sont mis à proclamer dans toutes les langues les merveilles de Dieu.
Vous me direz : pour s’émerveiller devant la Création, il n’y a pas besoin d’avoir la foi ! C’est vrai, et on trouve certainement dans toutes les civilisations des poèmes magnifiques sur les beautés de la nature. En particulier on a retrouvé en Égypte sur le tombeau d’un Pharaon un poème écrit par le célèbre Pharaon Akh-en-Aton (Aménophis IV) : il s’agit d’une hymne au Dieu-Soleil : Aménophis IV a vécu vers 1350 av. J.C. , à une époque où les Hébreux étaient probablement en Égypte ; ils ont peut-être connu ce poème.
Entre le poème du Pharaon et le psaume 103/104 il y a des similitudes de style et de vocabulaire, c’est évident : le langage de l’émerveillement est le même sous toutes les latitudes ! Mais ce qui est très intéressant, ce sont les différences : elles sont la trace de la Révélation qui a été faite au peuple de l’Alliance.
La première différence, et elle est essentielle pour la foi d’Israël, Dieu seul est Dieu ; il n’y a pas d’autre Dieu que lui ; et donc le soleil n’est pas un dieu !
Nous avons déjà eu l’occasion de le remarquer au sujet du récit de Création…
Par exemple, dans le récit de la Création dans la Genèse, la Bible prend grand soin de remettre le soleil et la lune à leurs places, ils ne sont pas des dieux, ils sont uniquement des luminaires, c’est tout. Et ils sont des créatures, eux aussi. Un des versets le dit clairement « Toi, Dieu, tu fis la lune qui marque les temps et le soleil qui connaît l’heure de son coucher ».
Je ne vais pas en parler longtemps car il s’agit de versets qui n’ont pas été retenus pour la fête de la Pentecôte…
Et plusieurs versets présentent bien Dieu comme le seul maître de la Création ; le poète emploie pour lui tout un vocabulaire royal : Dieu est présenté comme un roi magnifique, majestueux et victorieux. Par exemple, le mot « grand » que nous avons entendu est un mot employé pour dire la victoire du roi à la guerre. Manière bien humaine, évidemment, pour dire la maîtrise de Dieu sur tous les éléments du ciel, de la terre et de la mer.
Deuxième particularité de la Bible : la Création n’est que bonne ; on a là un écho de ce fameux poème de la Genèse qui répète inlassablement comme un refrain « Et Dieu vit que cela était bon ! »…
Le psaume 103/104 évoque tous les éléments de la Création, avec le même émerveillement : « Moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR » et le psalmiste ajoute (un verset que nous n’entendons pas ce dimanche) : « Je veux chanter au SEIGNEUR tant que je vis, jouer pour mon Dieu tant que je dure… »
Pour autant le mal n’est pas ignoré : la fin du psaume l’évoque clairement et souhaite sa disparition : mais les hommes de l’Ancien Testament avaient compris que le mal n’est pas l’œuvre de Dieu, puisque la Création tout entière est bonne. Et on sait qu’un jour Dieu fera disparaître tout mal de la terre : le roi victorieux des éléments vaincra finalement tout ce qui entrave le bonheur de l’homme.

TU RENOUVELLES LA FACE DE LA TERRE
Troisième particularité de la foi d’Israël : la Création n’est pas un acte du passé : comme si Dieu avait lancé la terre et les humains dans l’espace, une fois pour toutes. Elle est une relation persistante entre le Créateur et ses créatures ; quand nous disons dans le Credo « Je crois en Dieu tout-puissant, créateur du ciel et de la terre », nous n’affirmons pas seulement notre foi en un acte initial de Dieu, mais nous nous reconnaissons en relation de dépendance à son égard : le psaume ici dit très bien la permanence de l’action de Dieu : « Tous comptent sur toi… Tu caches ton visage, ils s’épouvantent ; tu reprends leur souffle, ils expirent et retournent à leur poussière. Tu envoies ton souffle, ils sont créés ; tu renouvelles la face de la terre ».
Autre particularité, encore, de la foi d’Israël, autre marque de la révélation faite à ce peuple : au sommet de la Création, il y a l’homme ; créé pour être le roi de la Création, il est rempli du souffle même de Dieu ; il fallait bien une révélation pour que l’humanité ose penser une chose pareille ! Et c’est bien ce que nous célébrons à la Pentecôte : cet Esprit de Dieu qui est en nous vibre en sa présence : il entre en résonance avec lui. Et c’est pour cela que le psalmiste peut dire : « Que Dieu se réjouisse en ses œuvres ! … Moi, je me réjouis dans le SEIGNEUR ».
Enfin, et c’est très important : on sait bien qu’en Israël toute réflexion sur la Création s’inscrit dans la perspective de l’Alliance : Israël a d’abord expérimenté l’œuvre de libération de Dieu et seulement ensuite a médité la Création à la lumière de cette expérience. Dans ce psaume précis, on en a des traces :
D’abord le nom de Dieu employé ici est le fameux nom en quatre lettres, YHVH, que nous traduisons SEIGNEUR, qui est la révélation précisément du Dieu de l’Alliance.
Ensuite, vous avez entendu tout à l’heure l’expression « SEIGNEUR mon Dieu, tu es si grand ! » L’expression « mon Dieu » avec le possessif est toujours un rappel de l’Alliance puisque le projet de Dieu dans cette Alliance était précisément dit dans la formule « Vous serez mon peuple et je serai votre Dieu ». Cette promesse-là, c’est dans le don de l’Esprit « à toute chair », comme dit le prophète Joël qu’elle s’accomplit. Désormais, tout homme est invité à recevoir le don de l’Esprit pour devenir vraiment fils de Dieu.

DEUXIÈME LECTURE – Lettre de saint Paul aux Galates 5, 16-25

Frères,
16 je vous le dis :
marchez sous la conduite de l’Esprit Saint,
et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair.
17 Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit,
et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair.
En effet, il y a là un affrontement
qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez.
18 Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit,
vous n’êtes pas soumis à la Loi.
19 On sait bien à quelles actions mène la chair :
inconduite, impureté, débauche,
20 idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité,
jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme,
21 envie, beuveries, orgies
et autres choses du même genre.
Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait :
ceux qui commettent de telles actions
ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu.
22 Mais voici le fruit de l’Esprit :
amour, joie, paix, patience,
bonté, bienveillance, fidélité,
23 douceur et maîtrise de soi.
En ces domaines, la Loi n’intervient pas.
24 Ceux qui sont au Christ Jésus
ont crucifié en eux la chair,
avec ses passions et ses convoitises.
25 Puisque l’Esprit nous fait vivre,
marchons sous la conduite de l’Esprit.

UN AFFRONTEMENT PERMANENT
Cet affrontement que Paul décrit ici entre les tendances de la chair et les tendances de l’esprit est le lot de chacun de nous depuis que le monde est monde. Le Livre de la Genèse le dit d’une manière très imagée dans l’épisode de Caïn et Abel : Abel était berger, Caïn cultivateur ; au printemps, selon la coutume, chacun des deux fit une offrande : la règle était que le berger offre le premier-né de son troupeau (ce qu’Abel a fait) et le cultivateur les premières gerbes de sa récolte ; pour Caïn, le texte suggère qu’il a peut-être fait son offrande de mauvais gré, puisqu’il est dit : « Caïn apporta au SEIGNEUR une offrande de fruits de la terre » (et non les premières gerbes). En tout cas, la suite est claire ; Caïn, peut-être parce qu’il n’a pas la conscience très tranquille, se rend compte (ou croit deviner) que son offrande n’est pas aussi bien vue que celle de son frère : « Le SEIGNEUR tourna le regard vers Abel et son offrande, mais il détourna son regard de Caïn et de son offrande. Caïn en fut très irrité et son visage fut abattu. Le SEIGNEUR dit à Caïn : pourquoi t’irrites-tu ? Et pourquoi ton visage est-il abattu ? Si tu agis bien, ne le relèveras-tu pas ? Si tu n’agis pas bien, le péché, tapi à ta porte, est avide de toi. Mais toi, domine-le. »
Le mot « tapi », ici, est très intéressant ; il se dit d’un animal prêt à bondir : Caïn est écartelé entre cette violence animale qui l’envahit et l’appel de Dieu à dominer son envie de meurtre : « le péché, tapi à ta porte, est avide de toi. Mais toi, domine-le. » Il est clair que, pour Caïn, la véritable liberté aurait été de dominer sa violence : au moment où il se donnait l’illusion d’être le plus fort en tuant son frère, il n’était en réalité que l’esclave d’une violence qu’il n’avait pas su dominer. Nous sommes les descendants de Caïn et toute notre histoire humaine, aussi bien collective qu’individuelle, pourrait s’écrire comme la longue suite de ces affrontements : très lentement, l’humanité apprend à dominer sa violence : elle sort peu à peu de l’animalité pour devenir vraiment humaine. A l’échelon individuel, le même apprentissage est à refaire pour chacun de nous : ceux d’entre nous qui ont éduqué des enfants le savent bien. Long apprentissage de ce qu’est la véritable liberté ! Non pas se laisser aller à n’importe quoi, mais au contraire savoir dominer toutes ces bêtes tapies à notre porte : « débauche, impureté, obscénité, idolâtrie, sorcellerie, haines, querelles, jalousie, colère, envie, divisions, sectarisme, rivalités, beuveries, gloutonnerie et autres choses du même genre. » (On reconnaît ici la liste de Paul).

LA LOI, UN PREMIER PAS
Une bonne manière de faciliter cet apprentissage est d’imposer certaines règles de conduite : c’est le rôle des lois. « Tu ne tueras pas » : c’est le premier pas, la première balise ; il serait évidemment beaucoup plus noble pour Caïn d’aimer spontanément Abel ; mais tant qu’on n’en est pas là, au moins la loi limite-t-elle les dégâts et peu à peu elle éduque, de gré ou de force. Son rôle est d’enseigner les « bonnes manières », c’est-à-dire, qu’on le veuille ou non, les manières « d’être bon ! »
« Tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne commettras pas de rapt (ce qu’on peut traduire : tu ne réduiras personne en esclavage), tu ne mentiras pas, tu ne commettras pas d’adultère… » C’est l’apprentissage de la fidélité à ses promesses, de la vérité, du respect des autres…
Apprentissage par la contrainte, il est vrai, mais l’expérience prouve que dans une première étape du développement des sociétés comme des individus, seule cette contrainte est efficace pour éviter la prolifération de la violence, ce que Paul appelle « les tendances égoïstes de la chair ».
Entendons-nous bien sur le sens de ce mot « chair » pour Paul : contrairement à ce qu’on pourrait croire, chez saint Paul, le mot « chair » n’a rien de péjoratif ! Ce n’est pas le corps, et encore moins le sexe, c’est l’homme tout entier quand il ressemble à Caïn ; cet homme-là a besoin d’une loi pour ne pas se laisser aller à toutes les violences qui l’habitent. Un jour viendra où la loi ne sera plus nécessaire : ce ne sera plus la loi qui régira les rapports entre les hommes, ce sera l’amour.
Car l’amour de Dieu aura envahi tous les cœurs : « Je répandrai mon esprit sur toute chair » avait annoncé le prophète Joël (3, 1). Et l’humanité tout entière aura un esprit neuf, comme dit Ezéchiel : « Je vous donnerai un cœur neuf et je mettrai en vous un esprit neuf ; j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre (le cœur de Caïn) et je vous donnerai un cœur de chair (comme celui de Jésus-Christ). Je mettrai en vous mon propre esprit, je vous ferai marcher selon mes lois (sous-entendu la loi d’amour), garder et pratiquer mes coutumes. »
C’est déjà merveilleux de pouvoir affirmer « Un jour viendra »… Mais… Paul va beaucoup plus loin…
Paul nous dit que ce jour est déjà venu. Et tous les textes de cette fête de Pentecôte répètent la même chose : ce jour est venu, Dieu a répandu son Esprit sur nous. La loi de contrainte n’a plus sa raison d’être, ou plutôt, une seule loi subsiste : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Ce jour est venu, et déjà nous avons vu l’œuvre de l’Esprit d’amour dans le cœur d’un homme qui se laisse complètement habiter par lui : je veux parler de Jésus de Nazareth : quand Paul fait la liste des fruits de l’Esprit, on peut y lire le portrait même de Jésus-Christ : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. »

ÉVANGILE – selon saint Jean 15, 26 – 27 ; 16, 12 – 15

En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
15, 26 « Quand viendra le Défenseur,
que je vous enverrai d’auprès du Père,
lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père,
il rendra témoignage en ma faveur.
27 Et vous aussi, vous allez rendre témoignage,
car vous êtes avec moi depuis le commencement.

16, 12 J’ai encore beaucoup de choses à vous dire,
mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter.
13 Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité,
il vous conduira dans la vérité tout entière.
En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même :
mais ce qu’il aura entendu, il le dira ;
et ce qui va venir, il vous le fera connaître.
14 Lui me glorifiera,
car il recevra ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître.
15 Tout ce possède le Père est à moi ;
voilà pourquoi je vous ai dit :
l’Esprit reçoit ce qui vient de moi
pour vous le faire connaître. »

L’ESPRIT DE VÉRITÉ…
Cinq fois, au cours de son dernier entretien avec ses disciples, Jésus leur promet l’Esprit, qui sera désormais leur soutien. A plusieurs reprises, il lui donne le nom de Paraclet, traduisez celui qui est appelé auprès d’eux et qui ne les quittera jamais : « Moi, je prierai le Père : il vous donnera un autre Paraclet qui restera avec vous toujours. C’est Lui, l’Esprit de vérité, celui que le monde est incapable d’accueillir parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. Vous, vous le connaissez, car il demeure auprès de vous, et qu’il est en vous. » (Jn 14, 16-17).
« Le Paraclet, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous fera ressouvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14, 26).
« Lorsque viendra le Paraclet que je vous enverrai d’auprès du Père, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage de moi ; et à votre tour, vous me rendrez témoignage, parce que vous êtes avec moi depuis le commencement » (c’est le texte d’aujourd’hui – Jn 15, 26-27)…
« C’est votre avantage que je m’en aille ; en effet, si je ne pars pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; si, au contraire, je pars, je vous l’enverrai. » (Jn 16, 7)… « Lorsque viendra l’Esprit de vérité, il vous fera accéder à la vérité tout entière, car il ne parlera pas de son propre chef, mais il dira ce qu’il entendra et il vous communiquera tout ce qui doit venir. » (Jn 16, 13).
Si Jésus insiste tant sur le don de l’Esprit, c’est pour conforter ses disciples à l’heure de son départ ; ce sont eux désormais qui seront en première ligne ; ce même soir, il les prévient : « Je vous ai dit tout cela afin que vous ne succombiez pas à l’épreuve. On vous exclura des synagogues. Bien plus, l’heure vient où celui qui vous fera périr croira présenter un sacrifice à Dieu. Ils agiront ainsi pour n’avoir connu ni le Père ni moi. Mais je vous ai dit cela afin que, leur heure venue, vous vous rappeliez que je vous l’avais dit. » (Jn 16, 1 – 4). Jésus sait bien que ses disciples ne seront pas traités autrement que lui : ceux qui ont voulu sa mort ont vraiment cru agir pour l’honneur de Dieu, en supprimant quelqu’un qui blasphémait. C’est ce que rapporte saint Jean dans le récit de la Passion : « Les Juifs dirent à Pilate : nous avons une loi, et selon cette loi il doit mourir parce qu’il s’est fait Fils de Dieu. » (Jn 19, 7).
On est toujours surpris de cette effroyable méprise : le Fils de Dieu a été crucifié par les défenseurs de Dieu. A leur tour, les disciples du Fils seront persécutés, supprimés les uns après les autres au nom de la religion authentique. Ils auront bien besoin du soutien de l’Esprit de vérité. Jean l’appelle le « Paraclet », le Défenseur : entendons-nous bien, il ne s’agit pas de défendre les disciples contre un quelconque jugement de Dieu, mais de les soutenir lorsqu’ils seront traduits devant les tribunaux humains, pour qu’ils puissent témoigner authentiquement du Christ. Jésus n’a pas défini autrement sa propre vocation ; au cours de la Passion, il a dit à Pilate « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37). A leur tour, les disciples n’ont pas d’autre raison d’être que de rendre témoignage au Christ pour que le monde connaisse enfin la vérité du Père.

DONNÉ AUX CROYANTS POUR EN FAIRE DES TÉMOINS
L’Alliance définitive entre Dieu et l’humanité ne pourra s’instaurer que quand l’humanité connaîtra (au sens de « reconnaîtra ») enfin son Dieu. L’effroyable méprise dont je parlais tout-à-l’heure, la méconnaissance de l’humanité à l’égard de Dieu est le problème qui parcourt toute la Bible : depuis le soupçon d’Adam au jardin de la Genèse (Adam qui imagine Dieu jaloux de lui), depuis le soupçon du peuple assoiffé dans le désert du Sinaï, qui ose reprocher à Dieu de l’avoir fait sortir d’Égypte… jusqu’à ceux qui ont crucifié le Fils de Dieu lui-même, simplement parce qu’il ne répondait pas à leurs schémas, c’est toujours la même méconnaissance ; en vain, les prophètes ont alerté le peuple : « Écoutez, cieux ! Terre, prête l’oreille ! C’est le SEIGNEUR qui parle : j’ai fait grandir des fils, je les ai élevés, (mais) eux, ils se sont révoltés contre moi. Un bœuf connaît son propriétaire et un âne la mangeoire chez son maître : Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas. » (Is 1, 2 – 3)
Mais Dieu ne s’est pas lassé, il sait bien que l’humanité ne peut pas le découvrir toute seule, puisqu’il est le Tout-Autre ; il interviendra ; écoutons Jérémie : « Je leur donnerai une intelligence qui leur permettra de me connaître ; oui, moi je suis le SEIGNEUR, et ils deviendront un peuple pour moi, et moi je deviendrai Dieu pour eux : ils reviendront à moi du fond d’eux-mêmes. » (Jr 24, 7).
Voilà qui devrait éclairer tous nos efforts pour connaître Dieu : parce qu’Il est le Tout-Autre, nous ne pouvons pas l’atteindre par nos seuls efforts, c’est lui qui vient se révéler à nous. C’est pour cela qu’il nous fait le don de son Esprit ; selon la très belle formule de la Prière Eucharistique « l’Esprit est le premier don fait aux croyants » pour que, par leur témoignage, le monde parvienne à la connaissance de la vérité de Dieu.
————————————————
Complément
Il est intéressant de rapprocher la phrase de Pierre lors de l’élection de Matthias (« Il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis son baptême par Jean, jusqu’au jour où il nous a été enlevé. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne avec nous témoin de sa résurrection. » Ac 1, 20) et celle de Jésus le dernier soir : « Et vous aussi, vous rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement. » (Jn 15, 27).

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16 mai 2015 6 16 /05 /mai /2015 23:00

Ces commentaires, trouvés sur le site "Église catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde, en

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Attention le texte écrit peut différer des versions audio (Radio-Notre-Dame) et vidéo (KTO TV) qui ont été modifiées par Marie-Noëlle Thabut, parfois pour les améliorer, parfois pour s'adapter aux formats imposés par ces chaînes de radio ou de télévision. Dans cette hypothèse, nous mettons en italiques les passages supprimés pour ces médias.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Évangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté). D'après Marie-Noëlle Thabut, "... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c'est que nous ne les avons pas compris."

PREMIÈRE LECTURE – Actes des apôtres 1, 15… 26

15 En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères
qui étaient réunis au nombre d’environ cent vingt personnes
et il déclara :
16 « Frères, il fallait que l’Écriture s’accomplisse :
En effet, par la bouche de David,
l’Esprit Saint avait d’avance parlé de Judas,
qui en est venu à servir de guide
aux gens qui ont arrêté Jésus :
17 ce Judas était l’un de nous
et avait reçu sa part de notre ministère.
20 Il est écrit au livre des Psaumes :
Qu’un autre prenne sa charge.
21 Or, il y a des hommes qui nous ont accompagnés
durant tout le temps où le Seigneur Jésus
a vécu parmi nous,
22 depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean,
jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous.
Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous,
témoin de sa résurrection. »
23 On en présenta deux :
Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias.
24 Ensuite, on fit cette prière :
« Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs,
désigne lequel des deux tu as choisi
25 pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique,
la place que Judas a désertée
en allant à la place qui est désormais la sienne. »
26 On tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias,
qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres.

TÉMOINS DU SEIGNEUR RESSUSCITÉ
« En ces jours-là » : il s’agit des jours qui précèdent la Pentecôte ; nous avons donc là un témoignage sur un moment tout proche encore de la Résurrection de Jésus, très peu de temps après l’Ascension. Il est clair, déjà, que c’est Pierre qui mène les affaires ; ce qui est bien normal puisque c’est à lui que Jésus a confié ses brebis, comme il disait. Le moment est venu, estime Pierre, d’organiser la communauté : et là, on voit à quel point Pierre allie l’esprit de décision, l’initiative et le souci de fidélité à son Seigneur. Du côté de l’esprit de décision, on note sa fermeté : il dit très clairement ce qu’il faut faire : « Voici ce qu’il faut faire »… « il faut que l’un d’entre eux devienne avec nous témoin de sa résurrection ».
Du côté de la fidélité, et cela ne nous étonne pas de la part d’un Juif, c’est dans l’Écriture qu’il puise son inspiration : « Il est écrit au livre des psaumes : Que sa charge passe à un autre ». Ensuite, les critères de choix du candidat sont bien évidemment inspirés du souci de fidélit
é :
Lorsqu’il s’est agi de remplacer Judas, on a cherché quelqu’un qui ait accompagné les apôtres depuis le début de la vie publique de Jésus, c’est-à-dire son baptême par Jean-Baptiste, jusqu’à l’Ascension. Jusqu’ici, dans les évangiles, nous n’avions jamais entendu le nom de Joseph Barsabbas, surnommé Justus, ni celui de Matthias ; mais nous découvrons ici que le cercle des très proches de Jésus était plus large que les douze apôtres. Pierre le dit clairement : « Il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis son baptême donné par Jean jusqu’au jour où il fut enlevé ».
Bienheureuse exigence de Pierre : c’est sur elle que nous pouvons fonder notre propre certitude de foi. Le témoignage rendu à la résurrection du Christ l’a été par des hommes qui avaient le droit d’en parler parce qu’ils avaient bien connu Jésus du début à la fin de sa vie publique. Chose étonnante, Pierre n’émet pas d’autre exigence que celle-là, il ne parle pas des qualités de caractère ou des vertus de celui qu’on recherche : ce qui prime, c’est sa fidélité à suivre Jésus depuis le début, pour être à même de parler de lui. Voilà qui devrait rassurer ceux d’entre nous qui se trouvent dépourvus de qualités : apparemment, ce n’est pas le plus important ! Le plus important est d’être un simple témoin de la résurrection du Christ ! C’est bien la mission que Jésus leur a confiée : au moment de les quitter, il leur avait dit : « Vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » (Ac 1, 8). On peut penser aussi à cette phrase de Jésus qui légitime tous nos engagements : « Vous me rendrez témoignage, vous qui êtes avec moi depuis le commencement. » (Jn 15, 27).

UNE DÉCISION COLLÉGIALE
Pierre a indiqué la route à suivre, mais il ne décide pas tout seul : cela se déroule en trois temps ; à sa demande, on présente deux candidats : qui désigne ce « on » ? Le texte ne le dit pas, mais ce n’est pas Pierre en tout cas ; ensuite, l’assemblée (les cent vingt cités par Luc au début du texte) se met en prière : « Toi, Seigneur, qui connais le cœur de tous les hommes, montre-nous lequel des deux tu as choisi… » ; enfin, le recours au tirage au sort manifeste la place que l’on veut laisser à l’Esprit Saint dans ce choix : dans la mentalité de l’époque, tirer au sort, c’est remettre le choix dans les mains de Dieu.
Chose curieuse, le nom de Matthias ne sera plus jamais mentionné dans les Actes des Apôtres : si donc, Luc raconte un peu longuement son entrée dans le groupe des Douze, ce n’est pas à cause de la personnalité de Matthias, mais parce que cette volonté de Pierre de reconstituer le groupe après la défection de Judas lui paraît symbolique : est-ce parce que douze est le nombre des tribus d’Israël ? Luc ne le dit pas. Peut-être, tout simplement, faut-il voir là le souci de Pierre de rester fidèle aux dispositions de Jésus lui-même : Jésus avait choisi douze apôtres, l’un des douze, Judas, a abandonné, on le remplace.
Je reviens sur l’abandon de Judas : il avait pourtant reçu, comme les autres Apôtres, une part du ministère, car il faisait partie des douze choisis par Jésus après une nuit de prière : « En ces jours-là, Jésus (s’en alla dans la montagne pour prier et il passa la nuit à prier Dieu ; puis, le jour venu, il) appela ses disciples et en choisit douze auxquels il donna le nom d’apôtres : Simon, auquel il donna le nom de Pierre, André son frère, Jacques, Jean, Philippe, Barthélémy, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Simon qu’on appelait le zélote, Judas fils de Jacques et Judas Iscarioth qui devint traître. » (Lc 6, 12-15).
Cela veut dire que, même choisi par Jésus, dans un choix inspiré par l’Esprit-Saint, on reste libre. Judas, choisi comme les autres après une nuit de prière, est resté libre de trahir. Pierre a cette formule amère : « Judas a déserté sa place », une place qu’il a tenue pourtant jusqu’au soir du jeudi saint ; c’est au cours du repas de la Cène que Jésus a dit : « Le Fils de l’homme s’en va selon ce qui a été fixé. Mais malheureux cet homme par qui il est livré ! » (Luc 22, 22). Et encore « La main de celui qui me livre se sert à table avec moi. » (Lc 22, 21). Chez Luc, ceci se passe après le récit de l’institution de l’Eucharistie ; ce qui veut dire que Judas a participé avec les autres apôtres au repas de la Nouvelle Alliance. Mais il ne faut pas s’attarder sur le passé : « Il faut, dit Pierre, que sa charge passe à un autre » : parce que l’urgence de la mission est telle qu’on ne peut laisser des places vides !
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Complément
La phrase de Pierre nous surprend peut-être : « Par la bouche de David, l’Esprit Saint avait d’avance parlé de Judas… » ; l’expression « Par la bouche de David » désigne les psaumes ; elle prouve deux choses : premièrement que Pierre, comme ses contemporains, attribue les psaumes à David ; ce n’est plus le cas aujourd’hui : parce qu’on a mille traces dans les psaumes d’une composition échelonnée sur plusieurs siècles ; deuxièmement, cela prouve également qu’au tout début de l’Église, les psaumes étaient fréquemment cités dans les discussions théologiques. Cela revient à dire qu’ils étaient très certainement souvent priés pour être si bien connus. Sur ce point, nous aurions beaucoup à faire pour retrouver cet usage aujourd’hui.

PSAUME – 102 (103), 1-2. 11-12. 19-20ab

1 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
2 Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

11 Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint :
12 aussi loin qu’est l’Orient de l’Occident,
il met loin de nous nos péchés.

19 Le SEIGNEUR a son trône dans les cieux :
sa royauté s’étend sur l’univers.
20 Messagers du SEIGNEUR, bénissez-le,
invincibles porteurs de ses ordres !

LE CHANT DE LOUANGE D’ISRAËL…
Vous vous rappelez la visite de Pierre chez le centurion romain Corneille ; nous en avons lu le récit dans les Actes des Apôtres, dimanche dernier. Pierre avait entendu Corneille chanter la gloire de Dieu et il en avait déduit que l’Esprit-Saint était là ; ou, pour le dire autrement, la preuve de la présence de l’Esprit sur quelqu’un, c’est qu’il est dans l’action de grâce. « Tous les croyants qui accompagnaient Pierre furent stupéfaits, eux qui étaient Juifs, de voir que même les païens avaient reçu à profusion le don de l’Esprit Saint. Car on les entendait dire des paroles mystérieuses et chanter la gloire de Dieu. »
Pas étonnant donc, qu’en écho au livre des Actes des Apôtres, que nous lisons encore ce dimanche et qui est tout rempli de la présence de l’Esprit, nous soyons invités à chanter ce psaume 102/103 qui est d’un bout à l’autre un chant d’action de grâce pour toutes les bénédictions dont le compositeur (entendez le peuple d’Israël) a été comblé par Dieu.
Effectivement, d’un bout à l’autre, ce psaume rayonne d’action de grâce : cela se voit déjà au seul fait qu’il comporte vingt-deux verset
s (la liturgie de ce dimanche ne nous en propose que six, mais en réalité il en comporte vingt-deux). Or vous le savez bien, l’alphabet hébreu comporte vingt-deux lettres ; donc on dit de ce psaume qu’il est « alphabétisant » ; et quand un psaume est alphabétisant, on sait d’avance qu’il s’agit d’un psaume d’action de grâce pour l’Alliance.
D’un bout à l’autre, ce psaume rayonne d’action de grâce ! Cela commence dès le premier verset : « Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme, bénis son Nom très saint, tout mon être ! » Pour commencer, on est frappés par le « parallélisme » entre les deux lignes de ce verset qui se répondent comme en écho ; et cela se répète tout au long de ce psaume ; l’idéal pour le chanter serait l’alternance ligne par ligne ; il a peut-être, d’ailleurs, été composé pour être chanté par deux chœurs alternés. Ce parallélisme, ce « balancement », nous le rencontrons souvent dans la Bible, dans les textes poétiques, mais aussi dans de nombreux passages en prose.
Ici, en particulier, il y a un double parallélisme qui est intéressant : d’abord « Bénis le SEIGNEUR »… « Bénis son NOM très saint » : la deuxième fois, au lieu de dire « le SEIGNEUR », on dit « le NOM » : une fois de plus, nous voyons que le NOM, dans la Bible, c’est la personne.1
Deuxième parallèle, toujours dans ce premier verset : « Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme, Bénis son Nom très saint, tout mon être » : les mots « âme » et « tout mon être » sont mis en parallèle : parce que, dans la mentalité biblique, quand on dit « l’âme », il s’agit de l’être tout entier.2
Enfin, je voudrais attirer votre attention également sur la construction de l’ensemble de ce psaume : pour cela je vous lis sa première et sa dernière strophe en entier : première strophe : « Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme, bénis son Nom très saint, tout mon être ! Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! » ; dernière strophe : « Messagers du SEIGNEUR, bénissez-le, invincibles porteurs de ses ordres, attentifs au son de sa parole ! Bénissez-le, armées du SEIGNEUR, serviteurs qui exécutez ses désirs ! Toutes les œuvres du SEIGNEUR, bénissez-le, sur toute l’étendue de son empire ! Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme ! »
Première remarque : il est encadré au début et à la fin par une même phrase « Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme » : première inclusion qui dit bien le sens général du psaume.
Deuxième remarque : maintenant, je compare la première et la dernière strophes en entier : première strophe : « Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme, bénis son Nom très saint, tout mon être ! Bénis le SEIGNEUR, ô mon âme, n’oublie aucun de ses bienfaits ! » Nous savons bien que celui qui parle ici à la première personne du singulier est le peuple d’Israël tout entier : ce « JE » est collectif. Donc première strophe, l’invitation à la prière s’adresse à Israël ; dernière strophe : « Messagers du SEIGNEUR, bénissez-le, invincibles porteurs de ses ordres, attentifs au son de sa parole ! Bénissez-le, armées du SEIGNEUR, serviteurs qui exécutez ses désirs ! Toutes les œuvres du SEIGNEUR, bénissez-le, sur toute l’étendue de son empire ! » Les messagers de Dieu, ce sont les anges ; on imagine, comme dans les tableaux de Fra Angelico, les Anges embouchant leurs trompettes… « Toutes les œuvres du SEIGNEUR », c’est la création tout entière, l’univers visible et invisible.

… EN ATTENDANT LE CHANT DE LOUANGE DE L’UNIVERS ENTIER
Nous avons donc là encore une inclusion : la première strophe est une invitation à la louange des serviteurs de Dieu sur la terre ; la dernière strophe est une invitation à la louange des serviteurs de Dieu dans le ciel, puis, en définitive à la totalité de l’univers. Voilà de quoi nous habiller le cœur pour chanter ce psaume à notre tour !
Troisième remarque sur la construction de ce psaume : la strophe du milieu (dans notre lecture d’aujourd’hui) est aussi celle qui est au centre du psaume : « Comme le ciel domine la terre, fort est son amour pour qui le craint : aussi loin qu’est l’Orient de l’Occident, il met loin de nous nos péchés. » Cette phrase est au centre du psaume comme elle est au centre de la foi d’Israël, de sa merveilleuse découverte du vrai visage de Dieu : un Dieu dont nous n’avons rien à craindre parce qu’il nous aime sans cesse et nous pardonne, parce que, sans cesse, il met loin de nous nos péchés ; la « crainte » a définitivement changé de signification ; elle est devenue simple obéissance confiante de l’enfant.
Je reviens sur les mots Orient et Occident ; pour la mentalité biblique, ils sont bien les points cardinaux de la géographie, mais pas seulement ; parce que c’est à l’Est que le soleil se lève, l’Orient évoque la lumière et particulièrement celle de la vérité ; le mot « orienter » vient de là ; et, par contraste, l’Occident évoque l’erreur et le péché. Dans la phrase « Aussi loin qu’est l’Orient de l’Occident, il met loin de nous nos péchés », on entend cette distance qui sépare la lumière des ténèbres, la vérité de l’erreur ; loin, loin de nos erreurs passées, Dieu nous attire vers sa lumière et sa vérité.
Désormais ce qui est au centre de l’action de grâce d’Israël, c’est le pardon sans cesse renouvelé de Dieu. La seule vraie conversion qui nous est demandée, c’est de croire que Dieu est amour.
Pour terminer, vous savez que cette symbolique de l’Orient et l’Occident se retrouvait dans la liturgie du Baptême des premiers siècles : les baptisés se tournaient vers l’Occident pour renoncer au mal, puis faisaient demi-tour sur place : pour bien signifier que, désormais, ils tournaient résolument le dos à l’erreur ; ils se tournaient alors vers l’Orient (d’où vient la lumière) pour prononcer leur profession de foi et ensuite entrer dans le baptistère.
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Notes
1 – Dire le Nom de quelqu’un c’est le connaître. Et c’est bien pour cela que les Juifs ne s’autorisent jamais à prononcer le NOM de Dieu, parce qu’ils ne prétendent pas “connaître” Dieu. Encore aujourd’hui, les Bibles écrites en hébreu ne transcrivent pas les voyelles qui permettraient de prononcer le NOM. Il est donc transcrit uniquement avec les quatre consonnes YHVH, ce qu’on appelle le “tétragramme”. Et quand le lecteur voit ce mot, aussitôt il le remplace par un autre (Adonaï) qui signifie “le SEIGNEUR” mais qui ne prétend pas définir Dieu. (Voir la note sur la directive pontificale au début de ce volume page 000)

2 – A la suite des penseurs grecs, nous avons tendance à nous représenter l’homme comme l’addition de deux composants différents, étrangers l’un à l’autre, l’AME et le CORPS. Mais les progrès des sciences humaines, au vingtième siècle, ont confirmé que ce dualisme ne rendait pas compte de la réalité. Dans la mentalité biblique, au contraire, on a une conception beaucoup plus unifiée et quand on dit “l’âme”, il s’agit de l’être tout entier. “Bénis le Seigneur, ô mon âme, Bénis son Nom très saint, tout mon être”.

DEUXIÈME LECTURE – Première lettre de saint Jean 4, 11-16

11 Bien-aimés,
puisque Dieu nous a tellement aimés,
nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres.
12 Dieu, personne ne l’a jamais vu.
Mais si nous nous aimons les uns les autres,
Dieu demeure en nous,
et, en nous, son amour atteint la perfection.
13 Voici comment nous reconnaissons
que nous demeurons en lui,
et lui en nous :
il nous a donné part à son Esprit.
14 Quant à nous, nous avons vu,
et nous attestons
que le Père a envoyé son Fils
comme Sauveur du monde.
15 Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu,
Dieu demeure en lui,
et lui en Dieu.
16 Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous,
et nous y avons cru.
Dieu est Amour :
qui demeure dans l’amour
demeure en Dieu,
et Dieu demeure en lui.

CELUI QUI M’A VU A VU LE PÈRE
La phrase centrale de ce texte, c’est : « Le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. » Le raisonnement de Jean est le suivant : 1) « Dieu est Amour » ; 2) Jésus est venu dans le monde pour révéler aux hommes le visage d’amour du Père ; 3) ceux qui croient en lui, reçoivent l’Esprit de Dieu, entrent dans la communion d’amour du Père, du Fils et de l’Esprit ; 4) ils deviennent à leur tour des sources d’amour, (comme leur Père. Alors on peut dire que Jésus est le Sauveur du monde : car, enfin, les hommes deviennent ce pour quoi ils sont créés) à l’image et à la ressemblance de Dieu.
Pour s’imprégner de ce raisonnement, il faut le reprendre pas à pas : d’abord, premier point, « Dieu est Amour » ; nous ne réalisons pas à quel point cette phrase est absolue ; pour Jean, les deux mots « Dieu » et « Amour » sont deux synonymes ; on peut toujours remplacer l’un par l’autre ! Dieu est Amour… et l’Amour est Dieu. Cela veut dire que tout amour vient de Dieu : aucun amour humain ne vient de l’homme seulement ; tout amour humain est dans l’homme une parcelle, une manifestation de l’amour de Dieu. Voilà une nouvelle fantastique et qui peut modifier notre regard sur l’amour humain ! Dimanche dernier, nous lisions déjà dans cette même lettre de Jean : « L’amour vient de Dieu et quiconque aime est né de Dieu et parvient à la connaissance de Dieu. Qui n’aime pas n’a pas découvert Dieu, puisque Dieu est Amour. » (1 Jn 4, 8). C’était donc le premier point de la méditation de saint Jean.
Deuxième point, Jésus est venu habiter parmi nous pour nous faire découvrir cela justement, que Dieu est Amour. Désormais, en Jésus, les hommes ont vu Dieu et ont pu constater de leurs yeux qu’il n’est qu’Amour. Il suffit de rappeler quelques phrases de l’évangile de Jean :
« Personne n’a jamais vu Dieu ; Dieu Fils unique, qui est dans le sein du Père, nous l’a dévoilé. » (Jn 1, 18)… « Nul n’a vu le Père, si ce n’est celui qui vient de Dieu. Lui a vu le Père. » (Jn 6, 46)…
« Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14,
9).
Troisième point, ceux qui acceptent de croire en Jésus, de reconnaître en lui le visage d’amour du Père, se mettent par le fait même au diapason de l’Esprit de Dieu, ils deviennent une demeure pour l’Esprit d’amour ; c’est une véritable renaissance, celle dont Jésus parlait à Nicodème. Le même évangile de Jean dit que nous sommes « enfants » de Dieu : « A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Ceux-là ne sont pas nés du sang, ni d’un vouloir de chair, ni d’un vouloir d’homme, mais de Dieu. » (Jn 1, 12). Saint Paul le dit, lui aussi, à sa manière, dans la lettre aux Romains : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 5…8). Et le Christ est venu dans le monde, justement, pour que l’Esprit d’amour soit répandu sur la terre.
On peut relire le début de la Bible à cette lumière-là ; car dès les premiers chapitres de la Bible, l’enjeu de la vie humaine est bien situé : l’auteur inspiré dit bien que Dieu a créé l’homme « à son image et à sa ressemblance ». Et donc, si Dieu est Amour, nous sommes faits pour aimer.

À L’IMAGE ET À LA RESSEMBLANCE DE DIEU
Quatrième point, parce qu’ils sont remplis de l’Esprit d’amour, les croyants deviennent à leur tour des sources d’amour : saint Paul dit que nous sommes désormais « héritiers de Dieu » : cela veut dire que nous pouvons puiser dans les trésors de Dieu. Et, bien sûr, on pense à cette phrase de l’évangile de Jean : « Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive celui qui croit en moi… De son sein couleront des fleuves d’eau vive… Il désignait ainsi l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui. » (Jn 7, 37-38).
Mais il nous faut bien l’assistance de l’Esprit ! Tous les jours, nous mesurons notre difficulté à aimer vraiment ; mais après tout, ce n’est pas étonnant ! Si l’amour est la caractéristique de Dieu, rien d’étonnant à ce qu’il ne nous soit pas naturel ! Si, réellement, Dieu est Amour et l’Amour est Dieu, cela revient à dire que l’amour dépasse les limites humaines, qu’il est surhumain ; ce que nous savons bien !
Alors, ce texte de Jean devrait nous déculpabiliser : cessons d’avoir honte de ne pas savoir aimer ; simplement, il suffit de puiser dans l’amour de Dieu pour le donner aux autres. Alors on comprend pourquoi Jean insiste tant sur le verbe « demeurer » : « Dieu est Amour, celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu en lui. » Nous ne pouvons aimer que dans la mesure où nous sommes habités par Dieu. Ce qui est possible si nous restons fermement greffés sur Jésus-Christ.
Conclusion, on peut donc dire que Jésus est le sauveur du monde. C’est-à-dire : il est celui qui va permettre au monde d’accomplir sa vocation ; il est clair que le monde est perdu parce qu’il ne vit pas dans l’amour, ou si vous préférez qu’il ne vit pas d’amour. Jésus est venu habiter parmi nous pour nous transformer, pour nous faire découvrir que Dieu est Amour, et nous permettre de vivre de cet amour. En cela, Jésus est bien le sauveur du monde : comme le dit Jean dans son évangile : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 16-17).

ÉVANGILE – selon saint Jean 17, 11b – 19

En ce temps-là,
les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi :
11 « Père saint,
garde mes disciples unis dans ton nom
le nom que tu m’as donné,
pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes.
12 Quand j’étais avec eux,
je les gardais unis dans ton nom,
le nom que tu m’as donné.
J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu,
sauf celui qui s’en va à sa perte
de sorte que l’Écriture soit accomplie.
13 Et maintenant que je viens à toi,
je parle ainsi, dans le monde,
pour qu’ils aient en eux ma joie,
et qu’ils en soient comblés.
14 Moi, je leur ai donné ta parole,
et le monde les a pris en haine
parce qu’ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi je n’appartiens pas au monde.
15 Je ne prie pas pour que tu les retires du monde,
mais pour que tu les gardes du Mauvais.
16 Ils n’appartiennent pas au monde,
de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
17 Sanctifie-les dans la vérité :
ta parole est vérité.
18 De même que tu m’as envoyé dans le monde,
moi aussi, je les ai envoyés dans le monde.
19 Et pour eux je me sanctifie moi-même,
afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »

LE PROJET DE DIEU POUR L’HUMANITÉ
À la différence de Matthieu et de Luc, l’évangile de Jean ne rapporte pas le Notre Père, mais ce que nous lisons ici est tout-à-fait dans la même ambiance : « Père Saint, garde mes disciples dans la fidélité à ton nom que tu m’as donné en partage » fait écho à « Notre Père qui es aux cieux, que ton NOM soit sanctifié… » Et à la fin de ce texte, « Je ne te demande pas de les retirer du monde, mais que tu les gardes du Mauvais » fait écho à « Ne nous soumets pas à la tentation mais délivre-nous du Mal ». Quant à la phrase « Que ta volonté soit faite », elle n’est pas dite ici, mais Jésus n’a que cela en tête.
Au moment de quitter ses disciples, Jésus n’a qu’un souci, ou plutôt un souhait, l’accomplissement du projet de Dieu. Le projet de Dieu, c’est que le monde créé tout entier devienne lieu d’amour et de vérité : lente transformation, on pourrait dire germination, à laquelle tous les croyants sont invités à coopérer. Ainsi, les croyants ne quittent pas le monde, ils sont dans le monde, ils y travaillent de l’intérieur ; mais s’ils veulent le transformer, cela veut dire qu’ils savent en permanence rester libres, se maintenir à distance des conduites du monde qui ne sont pas conformes au mode de vie du royaume qu’ils veulent instaurer.
Mgr Coffy disait « les croyants ne vivent pas une autre vie que la vie ordinaire, mais ils vivent autrement la vie ordinaire. » Il ne s’agit donc pas de mépriser le monde, notre vie quotidienne, les gens que nous rencontrons, les soucis matériels, l’argent et toutes les réalités humaines ; il s’agit au contraire d’habiter ce monde pour le transformer de l’intérieur. Le Père Teilhard de Chardin disait « on ne convertit que ce qu’on aime. »
À l’heure où Jésus fait cette dernière grande prière, ce projet de Dieu est en train de franchir une étape décisive : lui, Jésus, sait bien que son destin est scellé ; curieusement, il ne prie pas pour lui-même, il prie pour ceux à qui il passe le relais. « De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. » Une seule chose compte, que le monde soit sauvé.
Saint Jean revient souvent sur ce thème dans son évangile : « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui. » (Jn 3, 17) ; au moment de la guérison de l’aveugle-né, Jean fait remarquer que le nom de la piscine, Siloé, signifie « envoyé », manière de dire que Jésus est « envoyé » pour ouvrir les yeux des hommes.
C’est une constante dans toute l’histoire biblique : depuis Abraham, en passant par Moïse et par tous les prophètes, chaque fois qu’un homme ou un groupe (ou aussi bien le peuple d’Israël) est choisi par Dieu, ce n’est jamais pour son propre bénéfice solitaire, c’est toujours pour être envoyé en mission au service des autres. Et l’Église, à son tour, celle qui commence fragilement son existence le soir du Jeudi saint autour de Jésus, et tout autant celle d’aujourd’hui, n’a pas d’autre raison d’exister que sa mission dans le monde.
Dans cette grande prière de Jésus pour ses disciples, trois mots reviennent sans cesse, qui sont les trois maîtres-mots de notre mission désormais : fidélité, unité, vérité. Premièrement, la fidélité : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom tu m’as donné… Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné ». Cette fidélité, pour Jésus, consistait à être parmi les hommes le reflet fidèle du Père ; désormais, en l’absence de Jésus, ce sont les croyants qui sont appelés à être les fidèles reflets du Père.

NOTRE MISSION : REFLETS DU PÈRE
Deuxième maître-mot, « unité » : « garde-les… pour qu’ils soient UN comme nous-mêmes » ; et nous avons tous en tête, bien sûr, la phrase qui suit tout juste le texte d’aujourd’hui : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi, afin que le monde croie que tu m’as envoyé. » (Jn 17, 21). Ce qui veut dire que l’unité n’est pas un but en soi ! Nous n’avons pas à la rechercher pour elle-même ; l’objectif, ce n’est pas l’unité d’abord, c’est que le monde croie. Nos divisions, nos querelles mangent nos énergies et sont un contre-témoignage scandaleux. Comment être témoins dans le monde de la Trinité d’amour si tous ceux qui invoquent la Trinité ne s’aiment pas entre eux ? En revanche, si l’objectif commun de tous les croyants était que le monde croie, cet objectif commun serait le meilleur chemin de notre unité. Rien de tel pour se découvrir frères que d’avoir un projet commun au service des autres.
Troisième maître-mot de la mission que nous confie Jésus, la « vérité ». « Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité ». Au début de l’histoire biblique, le mot « sanctifier » signifiait « mettre à part », retirer du monde ; désormais, avec l’incarnation du Christ, le mot « sanctifier » a changé de sens. Il signifie « participer à la sainteté de Dieu », et cela est accordé aux croyants, non pas pour qu’ils désertent le monde, mais pour qu’ils l’habitent à la manière de Dieu. Cette participation à la sainteté de Dieu est le fruit en nous de la Parole de vérité : nous ne croyons sûrement pas assez à l’efficacité de la Parole de Dieu, et, bien souvent, nous lui substituons nos propres paroles. Erreur : la parole de Dieu est Vérité, la nôtre n’est qu’approximation, balbutiement, (quand elle n’est pas défiguration) du Tout-Autre que nos pauvres mots ne peuvent pas dire.
Enfin, au centre de ce passage très solennel et si dense, Jésus parle de joie ! Au moment même où il prévoit les affrontements inévitables (les disciples seront persécutés comme le Maître), « Je leur ai fait don de ta Parole et le monde les a pris en haine », au moment d’affronter pour lui-même les heures terribles, il parle quand même de joie ! Il ose dire : « Maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, en ce monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. »

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10 mai 2015 7 10 /05 /mai /2015 07:22

Ces commentaires, trouvés sur le site "Église catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde, en

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Attention le texte écrit peut différer des versions audio (Radio-Notre-Dame) et vidéo (KTO TV) qui ont été modifiées par Marie-Noëlle Thabut, parfois pour les améliorer, parfois pour s'adapter aux formats imposés par ces chaînes de radio ou de télévision. Dans cette hypothèse, nous mettons en italiques les passages supprimés pour ces médias.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Évangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté). D'après Marie-Noëlle Thabut, "... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c'est que nous ne les avons pas compris."

Version audio, trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame (disponible seulement à compter du 10 mai 2015).

En bas de page, vous avez désormais les versions vidéo des commentaires, trouvées sur KTO TV.

PREMIÈRE LECTURE – Actes des apôtres 10, 25 ... 48

25 Comme Pierre arrivait à Césarée
chez Corneille, centurion de l’armée romaine,
celui-ci vint à sa rencontre,
et tombant à ses pieds, il se prosterna.
26 Mais Pierre le releva en disant :
« Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. »
34 Alors Pierre prit la parole et dit :
« En vérité, je le comprends :
Dieu est impartial ;
35 il accueille, quelle que soit la nation,
celui qui le craint
et dont les œuvres sont justes. »
44 Pierre parlait encore
quand l’Esprit Saint
descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole.
45 Les croyants qui accompagnaient Pierre,
et qui étaient Juifs d’origine,
furent stupéfaits de voir que, même sur les nations,
le don de l’Esprit Saint avait été répandu.
46 En effet, on les entendait parler en langues
et chanter la grandeur de Dieu.
Pierre dit alors :
47 « Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême
à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint
tout comme nous ? »
48 Et il donna l'ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ.
Alors ils lui demandèrent
de rester quelques jours avec eux.

QUAND L’ESPRIT-SAINT ABOLIT LES FRONTIÈRES

Il faut peser l’importance de la première phrase de notre texte : « Pierre arriva à Césarée chez Corneille, centurion de l’armée romaine... » Jusqu’à la veille, Pierre n’aurait jamais eu l’idée de faire une chose pareille !

Tout les oppose, ces deux hommes : Pierre, le Juif, croyant, convaincu, depuis peu devenu disciple de Jésus... et ce païen, quelqu’un qu’on ne fréquente pas : parce que, d’une part, il est l’occupant, mais plus encore parce qu’il est païen... Et, d’ailleurs, ce n’est pas Pierre, tout seul, qui a eu cette idée bizarre, d’aller chez Corneille, à Césarée. C’est Dieu qui a tout organisé, si j’ose dire : il a préparé les deux hommes à ce qui devait être un événement très important pour la jeune communauté chrétienne. Chacun des deux hommes a eu ce jour-là une vision : Corneille a entendu un ange de Dieu lui dire « Le Seigneur t’a entendu ; fais chercher Pierre pour qu’il vienne chez toi. »

Quant à Pierre, à des kilomètres de là, lui aussi, il a eu une vision : une vision curieuse, qui a l’air de vouloir déranger ses habitudes. Dans cette vision, il a devant les yeux des quantités d’animaux, dont certains considérés par la loi juive comme impurs étaient strictement interdits, et une voix le pousse à désobéir : tue et mange ! Pierre qui est un scrupuleux, ne veut pas désobéir aux règles de son enfance ; alors la voix lui fait remarquer qu’il appartient à Dieu seul de décider ce qui est pur ou impur... pour l’instant, il ne s’agit que d’alimentation, mais, déjà, ses certitudes sur les sacro-saintes règles juives de pureté sont sérieusement battues en brèche ; il faut bien cela pour le préparer à ce qui l’attend !

Trois fois de suite, cette curieuse vision se reproduit... et Pierre reste perplexe ; c’est à ce moment précis que les envoyés de Corneille arrivent ; ils viennent demander à Pierre quelque chose de plus grave encore que de manquer chez soi aux règles alimentaires : ils viennent lui demander d’aller chez ce païen de Corneille !

On se rappelle le tollé quand Jésus allait manger chez n’importe qui ! Et encore, il s’agissait de Juifs ; cette fois, il s’agit d’un incirconcis, comme on disait.

Mais, comme chacun sait, Dieu a de la suite dans les idées ; Luc précise que l’Esprit Saint lui-même rassure Pierre sur ce qu’il va faire : « Pierre était toujours préoccupé de sa vision, mais l’Esprit lui dit : Voici deux hommes qui te cherchent. Descends donc tout de suite avec eux et prends la route avec eux sans te faire aucun scrupule : car c’est moi qui les envoie ». Au passage, on remarque que c’est l’Esprit Saint qui dit à Pierre « ne te fais pas de scrupule » ... Ce qui prouve au moins que tous nos scrupules ne sont pas toujours inspirés par l’Esprit Saint ... Et qu’il nous faut apprendre à distinguer parmi nos scrupules ceux qui sont bien inspirés... de ceux qui le sont moins. Évidemment, Pierre a obéi à cette voix, et le voilà chez Corneille.

Et c’est là que commence notre texte d’aujourd’hui. Corneille, en voyant entrer Pierre, se jette à ses pieds, mais Pierre le relève : « Lève-toi. Je ne suis qu’un homme moi aussi. » Il ne peut évidemment pas accepter des manifestations de respect qui ne sont dues qu’à Dieu seul.

Et, tout d’un coup, Pierre comprend la vision qui l’avait tellement intrigué : les animaux n’étaient qu’une image destinée à lui faire comprendre autre chose ; à table, on sait qu’il était interdit par la loi religieuse de manger certains animaux considérés comme impurs : or la fameuse vision l’invitait à dépasser cet interdit parce que Dieu seul en définitive peut déterminer ce qui est pur ou impur.

UN TOURNANT DÉCISIF

Mais il était également interdit de fréquenter les païens. Ce que Pierre est invité à découvrir, c’est que cette barrière-là, elle aussi, doit tomber. Pourquoi cette interdiction de fréquenter des païens ? Ce n’était pas du mépris ; mais, tout simplement, parce que leurs pratiques étant différentes, la fréquentation des païens risquait d’entraîner les Juifs à délaisser leurs propres pratiques. Pierre vient de comprendre : Dieu l’invite à dépasser cette loi ; tout comme la vision l’invitait à ne plus faire de distinction entre animaux purs et animaux impurs, désormais il ne faut plus faire de distinction entre hommes purs et hommes impurs ; cela permettra de fréquenter sans scrupule tout le monde.

C’est un tournant décisif qui s’amorce : comment annoncer la Bonne Nouvelle aux païens si on s’interdisait de les fréquenter ? Dans une première étape du plan de salut de Dieu, le peuple juif a été choisi et, pendant tout un temps de maturation nécessaire, il fallait préserver la foi et donc rester entre croyants. Mais, désormais, c’est une nouvelle étape : il faut ouvrir les portes aux païens pour pouvoir leur annoncer à eux aussi la Bonne Nouvelle. Jésus, lui aussi, avait plusieurs fois fait comprendre à ses apôtres que, désormais, la loi ancienne était caduque, et qu’une nouvelle étape s’ouvrait. Être fidèle à la foi des pères ne signifie pas répéter indéfiniment leurs manières d’agir et de parler. À questions nouvelles, solutions nouvelles.

C’est ce que Pierre comprend d’un coup et explique à Corneille et à son entourage : « Vous savez que c’est un crime pour un Juif de fréquenter des étrangers ; mais Dieu vient de me faire comprendre que, désormais, il ne faut plus faire de différence entre les hommes : car Dieu lui-même ne fait pas de différence entre les hommes ». Et Pierre commence la catéchèse de ce nouvel auditoire ; et là encore, l’Esprit Saint intervient : saint Luc note « Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint descendit sur ceux qui écoutaient la Parole. »

Décidément, c'est toujours grâce à L'Esprit Saint que l'Église progresse !

—————————————-

Compléments

- On dit volontiers que Paul est l'apôtre des païens ; mais, pour être juste, il faut dire que Pierre l'a précédé : ici, on peut dire qu'il est l'apôtre des Romains ! Puisque, Corneille, on nous l'a dit, est centurion de l'armée d'occupation, l'armée romaine. Corneille faisait certainement partie des sympathisants qui gravitaient autour des synagogues, peut-être même était-il un « craignant Dieu » : c’est-à-dire un non-Juif qui adhère de cœur à la religion juive sans pour autant se soumettre à la circoncision et aux innombrables règles de la religion juive.

- Nous som­mes sou­vent sur­pris que les Ac­tes des Apô­tres nom­ment si fa­ci­le­ment l'Esprit Saint ; son ac­tion est re­con­nue à cha­que pa­ge et c'est grâ­ce à lui que l'Église affronte des questions nou­vel­les, et ose abor­der des au­di­toi­res nou­veaux... Évidemment, nous ne pouvons pas nous per­met­tre de pen­ser qu'il se­rait moins ac­tif aujourd'hui que dans les premiers temps de l'Église ! J'en dé­duis que c'est à nous d'ouvrir un peu mieux les yeux pour dé­tec­ter son ac­tion. Si nous le lais­sons fai­re, Jé­sus l'a bien pro­mis, « l'Esprit nous mè­ne­ra vers la vé­ri­té tout en­tiè­re ».

- Dernière remarque : c’est en entendant Corneille chanter la gloire de Dieu que Pierre a reconnu la présence de l’Esprit-Saint. Doit-on en déduire que nos moments moroses sont ceux où nous avons mis de côté l’Esprit-Saint ?

PSAUME – 97 (98), 1. 2-3ab. 3cd-4

1 Chantez au SEIGNEUR un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s'est assuré la victoire.

2 Le SEIGNEUR a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
3 il s'est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d'Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
4 Acclamez le SEIGNEUR, terre entière.
Sonnez, chantez, jouez !

LES DEUX AMOURS DE DIEU

« La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu » : c’est le peuple d’Israël qui parle ici et qui dit « NOTRE Dieu », affichant ainsi la relation tout à fait privilégiée qui existe entre ce petit peuple et le Dieu de l’univers ; mais Israël a peu à peu compris que sa mission dans le monde est précisément de ne pas garder jalousement pour lui cette relation privilégiée mais d’annoncer l’amour de Dieu POUR TOUS les hommes, afin d’intégrer peu à peu l’humanité tout entière dans l’Alliance. Car la terre tout entière n’a pas seulement vocation à voir la victoire de notre Dieu, elle a vocation à en bénéficier.

Ce psaume dit très bien ce que j’appellerais « les deux amours de Dieu » : son amour pour son peuple choisi, élu, Israël... ET son amour pour l’humanité tout entière, ce que le psalmiste appelle tantôt « les nations », tantôt « La terre tout entière ». Les « nations », ce sont tous les autres, les païens, ceux qui ne font pas partie du peuple élu. Car une des grandes certitudes que les hommes de la Bible ont acquise peu à peu, c’est que Dieu aime toute l’humanité, et pas seulement Israël.

Dans ce psaume, cette certitude marque la composition même du texte ; puisque la phrase centrale sur ce qu’on appelle « l’élection d’Israël » est encadrée par deux phrases sur l’humanité tout entière. L’élection d’Israël est centrale mais on n’oublie pas qu’elle doit rayonner sur l’humanité tout entière et cette construction le manifeste bien.

Je vous relis les versets 2 et 3 : « Le SEIGNEUR a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations… Il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël…La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu ». La phrase centrale (« Il s’est rappelé sa fidélité, son amour, en faveur de la maison d’Israël ») est l’expression consacrée pour rappeler ce qu’on appelle « l’élection d’Israël ». Derrière cette toute petite phrase, il faut deviner tout le poids d’histoire, tout le poids du passé : les simples mots « sa fidélité », « son amour » sont le rappel vibrant de l’Alliance : c’est par ces mots-là que, dans le désert, Dieu s’est fait connaître au peuple qu’il a choisi. « Dieu d’amour et de fidélité ». Cette phrase veut dire : oui, Israël est bien le peuple choisi, le peuple élu.

Mais les deux phrases qui l’encadrent et qui parlent des nations, rappellent bien que si Israël est choisi, ce n’est pas pour en jouir égoïstement, pour se considérer comme fils unique, mais pour se comporter en frère aîné.

Et quand le peuple d’Israël, au cours de la fête des Tentes à Jérusalem, acclame Dieu comme roi, ce peuple sait bien qu’il le fait déjà au nom de l’humanité tout entière ; en chantant cela, on anticipe en quelque sorte, on imagine déjà (parce qu’on sait qu’il viendra) le jour où Dieu sera vraiment le roi de toute la terre, c’est-à-dire reconnu par toute la terre.

La première dimension de ce psaume, très importante, c’est donc l’insistance sur ce que j’ai appelé « les deux amours de Dieu », pour son peuple choisi et pour toute l’humanité. Une deuxième dimension de ce psaume est la proclamation très appuyée de la royauté de Dieu.

DANS L’ATTENTE DE L’ULTIME VICTOIRE

Par exemple, on chante au Temple de Jérusalem « Acclamez le SEIGNEUR, terre entière, acclamez votre roi, le SEIGNEUR. » Mais quand je dis « on chante », c’est trop faible ; en fait, par le vocabulaire employé en hébreu, ce psaume est un cri de victoire, le cri que l’on pousse sur le champ de bataille après la victoire, la « terouah » en l’honneur du vainqueur. Le mot de victoire revient trois fois dans les premiers versets. « Par son bras très saint, par sa main puissante, il s’est assuré la victoire » ... « Le SEIGNEUR a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations »... « La terre tout entière a vu la victoire de notre Dieu ».

La victoire de Dieu dont on parle ici est double : c’est d’abord la victoire de la libération d’Égypte ; la mention « par son bras très saint, par sa main puissante » est une allusion au premier exploit de Dieu en faveur des fils d’Israël, la traversée miraculeuse de la mer qui les séparait définitivement de l’Égypte, leur terre de servitude. L’expression « Le SEIGNEUR t’a fait sortir de là d’une main forte et le bras étendu » (Dt 5, 15) était devenue la formule-type de la libération d’Égypte ; on la retrouve par exemple dans le livre du Deutéronome et dans les psaumes. La formule « il a fait des merveilles » est aussi un rappel de la libération d’Égypte.

Mais quand on chante la victoire de Dieu, on chante également la victoire attendue pour la fin des temps, la victoire définitive de Dieu contre toutes les forces du mal. Et déjà on acclame Dieu comme jadis on acclamait le nouveau roi le jour de son sacre en poussant des cris de victoire au son des trompettes, des cornes et dans les applaudissements de la foule. Mais alors qu’avec les rois de la terre, on allait toujours vers une déception, cette fois, on sait qu’on ne sera pas déçus ; raison de plus pour que cette fois la « terouah » soit particulièrement vibrante !

Désormais les Chrétiens acclament Dieu avec encore plus de vigueur parce qu’ils ont vu de leurs yeux le roi du monde : depuis l’Incarnation du Fils, ils savent et ils affirment (envers et contre tous les événements apparemment contraires), que le Règne de Dieu, c’est-à-dire le Règne de l’amour est déjà commencé.

—————————————-

Complément

- Ce cri de victoire a pris sa place dans la liturgie du peuple juif, chaque année à l’automne, au cours de la Fête des Tentes, à Jérusalem. Cette fête durait huit jours et comportait de nombreuses cérémonies de toute sorte : célébrations pénitentielles, sacrifices d’action de grâce… et aussi des « fêtes pour le roi ». Et c’est ce roi que l’on acclamait en poussant des cris de victoire au son des trompettes, des cornes, et dans les applaudissements de la foule. Or, l’étonnant, c’est que lorsqu’on célébrait ces « fêtes pour le roi », après l’Exil à Babylone (c’est-à-dire à partir du sixième siècle av.J.C.), il n’y avait plus de roi en Israël ! Plus de roi visible, en tout cas.

Mais, d’une part, on se rappelait la promesse de Dieu : on savait qu’un roi, fils (c’est-à-dire descendant) de David, viendrait un jour et on le fêtait déjà. C’était un moyen d’encourager l’espérance. D’autre part, en Israël, même lorsqu’il y avait un roi sur le trône, on n’a jamais oublié que le seul roi au monde, le seul pouvoir, le seul maître est Dieu. C’est lui que l’on acclame dans ce psaume 97/98.

DEUXIÈME LECTURE – Première lettre de saint Jean 4, 7 - 10

7 Bien-aimés,
aimons-nous les uns les autres,
puisque l'amour vient de Dieu.
Celui qui aime
est né de Dieu,
et connaît Dieu.
8 Celui qui n'aime pas
n’a pas connu Dieu,
car Dieu est amour.
9 Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous :
Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde
pour que nous vivions par lui.
10 Voici en quoi consiste l'amour :
ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu,
mais c'est lui qui nous a aimés,
et il a envoyé son Fils
en sacrifice de pardon pour nos péchés.

LÀ OÙ EST L’AMOUR, LÀ EST DIEU

Ce texte parle d'amour à toutes les lignes, ou presque ! (Il est donc bien dans la ligne des autres lectures de ce dimanche.)

Pour autant, on n'imagine pas saint Jean baignant dans une communauté à l’eau de rose ! S’il en parle tant, c’est que ce n’est pas si simple ! La communauté à laquelle il écrit (probablement à la fin du premier siècle) est en crise. Des faux prophètes de toute sorte risquent d’égarer les esprits dans d’interminables discussions théologiques. Pendant ce temps, on oublie l’essentiel. Dans ce texte, saint Jean ramène sa communauté à l’essentiel, c’est-à-dire Dieu, c’est-à-dire l’Amour. S’il fallait résumer ce passage, on pourrait dire : Dieu est amour, tout amour humain vient de Dieu. Vous cherchez à connaître Dieu, dit Jean, vous avez bien raison, mais ne vous égarez pas avec toutes vos discussions sur la connaissance de Dieu : c’est bien simple, mettez-vous à son diapason. Puisque Dieu est Amour, tout ce qui en vous est Amour vient de Dieu ; et chaque fois que vous aimez, vous êtes au diapason de Dieu.

Un chant très ancien de l’Église dit « Ubi caritas et amor, Deus ibi est » ; ce qui veut dire « Là où il y a de l’amour, là est Dieu ». Cette phrase pourrait être signée par Jean, il dit la même chose : « Celui qui aime est né de Dieu, et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour. » Là, nous avons un critère extrêmement simple et clair pour juger tout ce que nous faisons et tout ce que nous voyons faire. Il y a toute une éducation du regard ! Et il semble bien que c’est la grande leçon que saint Jean veut donner aux croyants. Peut-être est-ce cela le rôle des croyants : être à l’affût, détecter tout ce qui est parcelle d’amour, regards d’amour, gestes d’amour, et, à chaque fois, savoir dire « Dieu est là ».

C’est dans ce sens-là, peut-être, que Jésus disait « le royaume de Dieu est au milieu de vous ». Et c’est valable tous les jours, sous nos yeux, sur toute la surface du globe, chez les jeunes et chez les vieux, dans toutes les races et toutes les religions, y compris chez ceux qui n’ont pas de religion. (C’est saint Jean qui nous le dit aujourd’hui.)

Ce qui revient à dire que si on sait ouvrir les yeux, Dieu nous est donné à contempler tous les jours de mille manières. L’Ancien Testament, déjà, avait très bien compris que connaître Dieu et aimer, c’est la même chose et que le jour où l’humanité connaîtra vraiment Dieu, elle deviendra fraternelle.

Isaïe, pour faire entendre ce message-là a inventé sa merveilleuse fable des animaux : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau. Le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits même gîte. Le lion comme le bœuf mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra. Sur le trou de la vipère le jeune enfant étendra la main. Il ne se fera ni mal ni destruction sur toute ma montagne sainte, car le pays sera rempli de la connaissance du SEIGNEUR comme la mer que comblent les eaux » (Is 11, 6-9).

UN JOUR, L’HUMANITÉ CONNAÎTRA ENFIN SON DIEU

C’est bien le projet de Dieu pour l’humanité depuis toujours, un projet d’harmonie universelle.

Un peu plus haut, dans cette même lettre, Jean dit « Tel est le message que vous avez entendu dès le commencement : que nous nous aimions les uns les autres » (1 Jn 3, 11) ; « dès le commencement », c’est-à-dire depuis les origines. Nous lisions la semaine dernière, dans la même lettre de Jean : « Voici son commandement : adhérer avec foi à son Fils Jésus Christ et nous aimer les uns les autres comme il nous en a donné le commandement. » (1 Jn 3, 23).

Et Jean continue : « Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils Unique dans le monde pour que nous vivions par lui. »

On entend résonner ici l’évangile de Jean : « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jn 17, 3).

Vivre, (au sens de la vie éternelle) c’est connaître Dieu ; et pour que nous le connaissions vraiment tel qu’Il est, et pas tel que nous l’imaginons, Il a envoyé son Fils. Tant que Dieu est invisible, comment le connaîtrions-nous vraiment ? En Jésus, parce qu’Il est Dieu fait homme, nous voyons enfin Dieu sur un visage d’homme et dans des gestes d’homme. « Dieu a envoyé son Fils Unique dans le monde pour que nous vivions par lui », c’est-à-dire pour que nous le connaissions.

Toute sa vie, Jésus a révélé dans ses paroles et dans ses gestes ce qu’est l’amour de Dieu pour l’humanité : paroles qui relèvent et qui pardonnent, gestes qui guérissent et qui rassurent ; le dernier soir, Jean raconte qu’il a laissé à ses apôtres un dernier geste qui parle mieux que des paroles :

« Jésus sachant que son Heure était venue, l’Heure de passer de ce monde au Père, lui, qui avait aimé les siens qui sont dans le monde, les aima jusqu’à l’extrême... »

« Sachant que le Père a remis toutes choses entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il va vers Dieu, Jésus se lève de table, dépose son vêtement... » Le lavement des pieds est en quelque sorte la signature de sa vie : « il est sorti de Dieu... il va vers Dieu », c’est l’amour même qui avait planté sa tente parmi les hommes ; et l’admirable de ce texte, c’est la leçon qu’il en donne : ce n’est pas « bien qu’il soit Dieu », par condescendance, en quelque sorte, qu’il se met à genoux devant les hommes pour leur laver les pieds ; c’est « parce qu’il est Dieu » qu’il se met à leur service. « Vous m’appelez le Maître et le Seigneur, et vous dites bien car je le suis. » Et il ajoute « Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres. » (Jn 13, 13).

Cette découverte du vrai visage de Dieu change la face du monde : jusque-là on croyait que Dieu avait des comptes à régler avec l’humanité pécheresse ; pour obtenir l’effacement de tous ces péchés, on croyait bon d’offrir des sacrifices, des victimes ; en Jésus-Christ, on découvre un Dieu qui est Amour et Pardon, qui n’a pas de comptes à régler mais qui nous demande simplement de lui ressembler en nous aimant les uns les autres.

ÉVANGILE – selon saint Jean 15, 9 - 17

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
9 « Comme le Père m'a aimé,
moi aussi je vous ai aimés.
Demeurez dans mon amour.
10 Si vous gardez mes commandements,
vous demeurerez dans mon amour,
comme moi,
j'ai gardé les commandements de mon Père,
et je demeure dans son amour.
11 Je vous ai dit cela
pour que ma joie soit en vous,
et que votre joie soit parfaite.
12 Mon commandement, le voici :
Aimez-vous les uns les autres
comme je vous ai aimés.
13 Il n'y a pas de plus grand amour
que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.
14 Vous êtes mes amis
si vous faites ce que je vous commande.
15 Je ne vous appelle plus serviteurs,
car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ;
je vous appelle mes amis,
car tout ce que j'ai entendu de mon Père,
je vous l'ai fait connaître.
16 Ce n'est pas vous qui m'avez choisi,
c'est moi qui vous ai choisis et établis,
afin que vous alliez,
que vous portiez du fruit,
et que votre fruit demeure.
Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom,
il vous le donnera.
17 Voici ce que je vous commande :
c'est de vous aimer les uns les autres. »

DIEU VEUT LA JOIE DES HOMMES

« Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » Voilà une bonne nouvelle dans ce texte ! Quand le Christ parle à ses apôtres, c’est pour les combler de joie. Et la raison de cette joie, c’est que la vie de Jésus n’a été qu’amour, à l’image de son Père : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. » Nous sommes tout à fait dans la ligne de la deuxième lecture : quand l’humanité connaîtra enfin Dieu tel qu’Il est, elle sera comblée de joie. Plus on lit la Bible, plus on est frappé de cette insistance : le seul problème de l’humanité, c’est de ne pas connaître Dieu, de se tromper sur Lui. Elle le prend pour un Juge terrible, alors que c’est un Père qui se réjouit de la joie de ses enfants.

Dès l’Ancien Testament, tout le travail des prophètes a consisté à révéler ce vrai visage du Dieu de tendresse et de pitié, comme le disent les psaumes, un Dieu qui veut notre joie. Voici quelques phrases d’Isaïe, par exemple : « Ils reviendront, ceux que le SEIGNEUR a rachetés, ils arriveront à Sion avec des cris de joie. Sur leurs visages, une joie sans limite ! Allégresse et joie viendront à leur rencontre, tristesse et plainte s’enfuiront. » (Is 35, 10)... « C’est un enthousiasme et une exultation perpétuels que je vais créer : en effet l’exultation que je vais créer, ce sera Jérusalem, et l’enthousiasme, ce sera son peuple ; oui, j’exulterai au sujet de Jérusalem et je serai dans l’enthousiasme au sujet de mon peuple ! » (Is 65, 18-19).

A noter que ces passages sont des textes tardifs de l’Ancien Testament, cela veut dire que la Révélation a déjà fait du chemin ; Sophonie ose même dire que Dieu danse de joie quand ses enfants sont heureux : « Crie de joie, fille de Sion, pousse des acclamations, Israël, réjouis-toi, ris de tout ton cœur, fille de Jérusalem…

« Le SEIGNEUR a levé les sentences qui pesaient sur toi, il a détourné ton ennemi. Le roi d’Israël, le SEIGNEUR lui-même est au milieu de toi, tu n’auras plus à craindre le mal. En ce jour, on dira à Jérusalem : N’aie pas peur, Sion, que tes mains ne faiblissent pas…

« Le SEIGNEUR ton Dieu est au milieu de toi en héros vainqueur. Il est tout joyeux à cause de toi, dans son amour, il te renouvelle, il danse et crie de joie à cause de toi. » (So 3, 14-17).

Malheureusement, nous avons du mal à y croire, comme si c’était trop beau ; c’est seulement à la fin des temps que l’humanité connaîtra enfin Dieu et donc vivra dans la joie ; c’est pour cela que, dans l’Ancien Testament, la joie est toujours présentée comme une caractéristique du salut que l’humanité attend. Quand Dieu « répandra son Esprit sur toute chair », comme le dit le prophète Joël (3,1), alors nous connaîtrons que Dieu est amour et nous serons dans la joie.

UNE JOIE QUE NUL NE NOUS RAVIRA

Le Nouveau Testament dit quelle joie, déjà, a accompagné la venue de Celui qui est venu révéler le visage de Dieu aux hommes ;

à propos de la naissance de Jean-Baptiste, par exemple, l’ange dit à Zacharie : « Sois sans crainte, Zacharie, ta prière a été exaucée. Ta femme Elisabeth t’enfantera un fils et tu lui donneras le nom de Jean. Tu en auras joie et allégresse et beaucoup se réjouiront de sa naissance. » (Lc 1, 13-14).

Puis, à propos de la naissance de Jésus, l’ange dit aux bergers : « Soyez sans crainte car voici, je viens vous annoncer une bonne nouvelle, qui sera une grande joie pour le peuple : Il vous est né aujourd’hui dans la ville de David un Sauveur. » (Lc, 2, 10).

Visiblement, c’est un thème qui a beaucoup marqué Jean ; du dernier soir de son Maître, il a retenu une grande impression de joie plus forte que l’épreuve pourtant toute proche ; par exemple : « Vous l’avez entendu, je vous ai dit : Je m’en vais et je viens à vous. Si vous m’aimiez vous vous réjouiriez de ce que je vais au Père, car le Père est plus grand que moi. » (Jn 14, 28)... « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous allez gémir et vous lamenter tandis que le monde se réjouira ; vous serez affligés mais votre affliction tournera en joie…

Lorsque la femme enfante, elle est dans l’affliction puisque son heure est venue ; mais lorsqu’elle a donné le jour à l’enfant, elle ne se souvient plus de son accablement, toute à la joie d’avoir mis un homme au monde.

(C’est ainsi que) Vous êtes maintenant dans l’affliction, mais je vous verrai à nouveau, votre cœur se réjouira et cette joie, nul ne vous la ravira. » (Jn 16, 20-24). Et dans sa dernière prière, Jésus dit à son Père : « Maintenant je vais à toi et je dis ces paroles dans le monde pour qu’ils aient en eux ma joie dans sa plénitude. » (Jn 17, 13).

Les apôtres, à leur tour, promettent aux hommes la joie : saint Jean y insiste dans ses lettres : « Et nous vous écrivons cela, pour que notre joie soit complète. » (1 Jn 1, 4)... « J’ai bien des choses à vous écrire, pourtant je n’ai pas voulu le faire avec du papier et de l’encre. Car j’espère me rendre chez vous et vous parler de vive voix, afin que votre joie soit complète. » (2 Jn 12).

C’est peut-être à cela que l’on reconnaît les prophètes ou les apôtres : ce sont ceux qui révèlent aux hommes le vrai visage du Dieu de la joie. Ceux-là, quand leur heure sera venue, s’entendront dire : « C’est bien, bon et fidèle serviteur, tu as été fidèle en peu de choses, sur beaucoup je t’établirai ; entre dans la joie de ton maître » (Mt 25, 21).

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3 mai 2015 7 03 /05 /mai /2015 07:28

Ces commentaires, trouvés sur le site "Église catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde, en

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Attention le texte écrit peut différer des versions audio (Radio-Notre-Dame) et vidéo (KTO TV) qui ont été modifiées par Marie-Noëlle Thabut, parfois pour les améliorer, parfois pour s'adapter aux formats imposés par ces chaînes de radio ou de télévision. Dans cette hypothèse, nous mettons en italiques les passages supprimés pour ces médias.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Évangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté). D'après Marie-Noëlle Thabut, "... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c'est que nous ne les avons pas compris."

Version audio, trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame (disponible seulement à compter du 3 mai 2015).

En bas de page, vous avez désormais les versions vidéo des commentaires, trouvées sur KTO TV.

PREMIÈRE LECTURE – Actes des apôtres 9, 26 - 31

En ces jours-là,
26 arrivé à Jérusalem,
Saul cherchait à se joindre aux disciples,
mais tous avaient peur de lui,
car ils ne croyaient pas
que lui aussi était un disciple.
27 Alors Barnabé le prit avec lui
et le présenta aux Apôtres ;
il leur raconta comment, sur le chemin,
Saul avait vu le Seigneur,
qui lui avait parlé ;
et comment, à Damas, il s’était exprimé avec assurance
au nom de Jésus.
28 Dès lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux,
s’exprimant avec assurance au nom du Seigneur.
29 Il parlait aux Juifs de langue grecque,
et discutait avec eux.
Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer.
30 Mis au courant,
les frères l'accompagnèrent jusqu'à Césarée,
et le firent partir pour Tarse.
31 L'Eglise était en paix
dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ;
elle se construisait
et elle marchait dans la crainte du Seigneur ;
réconfortée par l'Esprit Saint
elle se multipliait.

SAUL, LE NOUVEAU VENU CHEZ LES CHRÉTIENS

Nous entrons dans une nouvelle phase du livre des Actes des Apôtres : jusqu'ici, Luc nous racontait les débuts de l’Eglise naissante après la Pentecôte ; et Pierre et Jean étaient au centre du récit ; puis il y a eu le martyre d’Etienne et l’entrée en scène d’un tout jeune homme, Saül de Tarse. Pendant qu’on lapidait Etienne, c’est lui qui gardait les vêtements de tout le monde. C’est le même qui revient à Jérusalem, quelque temps plus tard, converti, baptisé ; évidemment, sa réputation de persécuteur le suit ; car il ne s’est pas contenté d’approuver l’exécution d’Etienne ; pendant tout un temps, qu’on n’est pas près d’oublier, il a été l’ennemi public numéro un des Chrétiens ; son activité débordait même Jérusalem, et il avait poussé le zèle jusqu’à demander au grand-prêtre un ordre de mission pour aller jusqu’à Damas, débusquer et arrêter tous les Chrétiens.

Et donc, quand on le voit revenir et chercher à s’introduire parmi les Chrétiens, on est très méfiants ! C’est compréhensible ! Qui nous dit qu’il ne cherche pas à s’introduire pour mieux dénoncer les Chrétiens ensuite ?

Curieusement, c’est quelqu’un dont nous avons presque oublié le nom, Barnabé, qui a joué alors le rôle indispensable de garantie de la bonne volonté de Saül et qui lui a mis le pied à l’étrier ; Barnabé, en fait, ce n’est pas son vrai nom : il s’appelle Joseph et il est Juif, lévite, originaire de Chypre ; il a visiblement bonne réputation parmi les Chrétiens puisqu’on lui a donné ce surnom de Barnabé qui veut dire « l’homme du réconfort »... ce qui est déjà quand même un beau compliment ! On sait aussi qu’il fait partie de ceux qui ont vendu leurs champs pour mettre l’argent à la disposition de la communauté. Il est certainement accueillant puisqu’il accepte rapidement de faire confiance à ce nouveau converti, Saül ; il n’était évidemment pas avec Saül sur le chemin de Damas quand celui-ci a été converti par Jésus ; mais quand Saül arrive à Jérusalem, quelques années plus tard, Barnabé le croit sur parole et accepte de plaider sa cause auprès des disciples.

« Barnabé prit Saül avec lui et le présenta aux apôtres ; il leur raconta ce qui s’était passé : sur la route, Paul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé ; à Damas, il avait prêché avec assurance au nom de Jésus. »

Deux fois de suite, Luc répète « Saul s’exprimait avec assurance au nom de Jésus ». Désormais il mettra au service de la foi chrétienne la même énergie et le même passion qu’il mettait jusqu’ici à la détruire. Parce que, tout d’un coup, ses yeux se sont ouverts, et tout est devenu clair pour lui.

Il n’a pas une seconde l’impression de renier la foi de ses pères en devenant Chrétien ; au contraire ! C’est parce qu’il est Juif qu’il devient Chrétien : l’attente du peuple juif, depuis tant de siècles, voici qu’elle est comblée par Jésus.

Quelques années plus tard, au cours de son procès, Paul dira « Les prophètes et Moïse ont prédit ce qui devait arriver et je ne dis rien de plus. » (Ac 26, 22).

Mais ce qui lui paraît évident, désormais, ne l’est pas pour tout le monde ! Déjà, à Damas, après sa conversion, les ennuis ont commencé : les Juifs ont cherché à le tuer ; ils sont allés jusqu’à garder les portes de la ville, jour et nuit, pour qu’il ne puisse pas leur échapper. Pour finir, ses nouveaux disciples chrétiens l’ont fait descendre de nuit, le long de la muraille, dans une corbeille.1

LES ENNUIS NE FONT QUE COMMENCER

A Jérusalem, c’est la même chose : (on le voit bien dans le texte d’aujourd’hui ), c’est d’abord l’épreuve de se faire accepter par les Chrétiens de Jérusalem, qui se méfient de lui après son passé de persécuteur ; et dans un deuxième temps, Paul doit affronter ses frères de race, les Juifs non convertis au Christ :

Luc nous dit « Il parlait aux Juifs de langue grecque et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. »

Pour eux, il est un renégat, tombé dans cette secte des Chrétiens. Il faut donc recommencer à fuir. De nouveau, on voit se profiler ici les persécutions que Paul devra affronter pendant toute sa vie missionnaire : alors ses nouveaux amis chrétiens pensent plus prudent de lui faire prendre le premier bateau pour Tarse, sa ville natale, au sud de la Turquie actuelle. (C’est là que Barnabé ira le chercher quelques années plus tard, pour l’emmener à Antioche de Syrie).

Tout ceci n’entrave pas la croissance de l’Eglise ;

la phrase de Luc respire la tranquillité : « L’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint. »2 Nous retrouvons ce mot de « crainte », déjà familier de l’Ancien Testament ; encore une fois, il est clair que la « crainte », au sens biblique, n’est pas de l’ordre de la peur ; elle n’empêche pas d’avancer, elle ne paralyse pas !

« Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait »... Ce que la Bible appelle la crainte de Dieu, c’est tout simplement l’attitude de vérité de celui qui se reconnaît tout petit, mais aussi aimé et protégé par Dieu. C’est elle qui est la source de cette assurance des premiers Chrétiens qui étonnait tant leurs contemporains ; rappelez-vous, le récit de la guérison du boiteux de la Belle Porte ; quand Pierre et Jean avaient été amenés devant le tribunal qui avait bien l’intention de les intimider pour les faire taire, les juges avaient été stupéfaits : « Ils constataient l’assurance de Pierre et de Jean et, se rendant compte qu’il s’agissait d’hommes sans instruction et de gens quelconques, ils en étaient étonnés. » (Ac 4, 13).

Paul, lui, n'est pas sans instruction ; il est Pharisien, de stricte observance, formé à l'école de Gamaliel ; mais son assurance ne lui vient pas de là ; elle lui vient tout simplement depuis qu'il a rencontré Jésus ressuscité et qu’il se laisse mener par l'Esprit Saint.

—————————————-

Note

1 - L’épisode de la fuite de Damas dans une corbeille le long de la muraille est raconté un peu différemment par Luc dans les Actes et par Paul dans la lettre 2ème lettre aux Corinthiens (2 Co 11, 32-33), mais il s’agit probablement du même épisode.

2 – Ac 9, 31 : « L’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint. » Après Ac 2, 42-47 ; 4, 32-37 ; 5, 12-16, c’est le quatrième et dernier « sommaire » des Actes, ces résumés de la vie des premières communautés qui apparaissent comme des moments privilégiés de ce que les croyants sont rendus capables de vivre, dès lors qu’ils se laissent guider par l’Esprit Saint.

PSAUME – 21 (22), 26b-27. 28-29. 31-32

26 Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
27 Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le SEIGNEUR, ceux qui le cherchent :
« A vous, toujours, la vie et la joie ! »
28 La terre entière se souviendra et reviendra vers le SEIGNEUR,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
29 « Oui, au SEIGNEUR la royauté,
le pouvoir sur les nations ! »
31 Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
32 On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son œuvre !

LES SURPRISES DU PSAUME 21/22

A première vue, il est quand même curieux, ce psaume 21/22 ! Il se termine par ces versets lumineux, pleins d’action de grâce que nous lisons aujourd’hui : « La terre entière se souviendra et reviendra vers le SEIGNEUR », « Et moi, je vis pour lui, ma descendance le servira » ; mais c’est lui aussi qui commence par ce cri de détresse que nous connaissons bien : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » C’est pour le moins disparate. Et pourtant... puisqu’il s’agit bien du même psaume, il faut rechercher où est son unité. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que ce psaume, comme tous les autres, concerne le peuple tout entier : celui qui crie son désespoir au début du psaume et qui, à la fin, rend grâce, n’est autre que le peuple élu, Israël. S’il rend grâce, à la fin, c’est parce qu’il a été secouru ; mais cela ne gomme pas les souffrances passées ; on ne peut pas les oublier, elles font partie, au contraire, de l’action de grâce.

Voici le contexte de la composition de ce psaume : nous sommes au retour de l’Exil à Babylone : en 587 av.J.C., après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, on a connu la ruine de la Ville Sainte, le saccage du Temple, les atrocités d’un siège sans merci, et l’exil loin du pays ; le mépris, les ricanements des vainqueurs qui poussent la dérision jusqu’à nous demander de leur chanter nos cantiques... Dieu avait promis d’habiter dans le Temple de Jérusalem... mais habitait-il au milieu des exilés ? Dieu avait promis, aussi, de ne jamais abandonner son peuple... mais que restait-il de ces belles promesses ? Et pourtant, pour tenir le coup, il n’y avait pas d’autre solution que de se rappeler sans fin les promesses de Dieu et son action en faveur de son peuple, depuis tant de siècles.

Alors on a fait un vœu : si nous en réchappons, quand nous serons de retour au pays, nous reconstruirons le Temple de Jérusalem et nous irons en procession offrir un sacrifice. Et ce psaume tout entier est le chant qui accompagne la fête du retour ; elle est là, la clé de ce psaume 21/22 : « Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses ». (Sous-entendu mes promesses de fête d’action de grâce au Temple de Jérusalem). On peut donc comparer ce psaume à certains ex-voto ; dans les églises du Midi de la France, par exemple, on trouve des tableaux qui représentent de façon extrêmement réaliste un grand danger auquel on remercie Dieu ou la Vierge Marie de nous avoir fait échapper ; c’est, par exemple, le tableau d’un naufrage : des jeunes sont en train de se noyer sous les yeux horrifiés de leurs parents en prière ; dans un coin du tableau, la Sainte Vierge, dans un nuage, se penche sur tout ce petit monde : manière pour ceux qui ont fait exécuter le tableau de dire « c’est un vrai miracle, ils ont été sauvés. »

LE PSAUME 21/22, UN EX-VOTO

De la même façon, le psaume 21/22 commence par dire les épreuves de l’exil, et le sentiment d’abandon qu’on a ressenti.

« Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n’ai pas de repos... Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête... Des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure... »

Israël ne valait pas mieux qu’un condamné à mort, un crucifié, comme on en voyait sur les routes : « Ils me percent les mains et les pieds ; je peux compter tous mes os ». Le premier miracle de cet Exil, avant la libération, est certainement le sursaut d’espérance qu’il a suscité : là-bas, on n’a pas cessé de prier, d’espérer ; on disait : « Toi, pourtant, tu es saint, toi qui habites les hymnes d’Israël !... C’est en toi que nos pères espéraient, ils espéraient et tu les délivrais. Quand ils criaient vers toi, ils échappaient ; en toi ils espéraient et ils n’étaient pas déçus. »

Combien de fois a-t-on répété : « Toi, Seigneur, ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider... Ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !... Sauve-moi de la gueule du lion... »

Et, tout comme Dieu avait entendu les cris de son peuple en Egypte, et suscité en Moïse l’énergie nécessaire pour le délivrer, cette fois, Dieu a entendu les cris de son peuple exilé à Babylone et il a suscité en Cyrus, le nouveau maître de l’histoire, la décision de libérer son peuple et de le renvoyer sur sa terre. Et plus l’épreuve de l’Exil a été ressentie durement, plus la joie du retour est grande. Oui, Dieu a entendu le cri des exilés. Il a répondu à leur plainte. « Ils loueront le SEIGNEUR, ceux qui le cherchent : A vous, toujours, la vie et la joie ! »

« Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le SEIGNEUR, glorifiez-le... Car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s’est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte... »

« Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le SEIGNEUR, glorifiez-le... Car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s’est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte... »

C’est là que commencent les versets que nous chantons aujourd’hui. Israël de retour au pays accomplit son vœu ; et comme tous ceux qui ont fait une véritable expérience de foi, les fils d’Israël veulent faire partager à tous leur action de grâce et leur émerveillement : « La terre entière se souviendra et reviendra vers le SEIGNEUR, chaque famille de nations se prosternera devant lui... On annoncera le Seigneur aux générations à venir. »

Le Christ a certainement chanté plusieurs fois ce psaume, au cours de sa vie terrestre, avant même sa Passion ; chaque fois, il partageait à la fois les souffrances, l’espérance et l’action de grâce de son peuple ; il savait, mieux que personne, que l’humanité tout entière attend encore la libération définitive du mal et de l’angoisse devant la mort. Le dernier jour, sur la croix, il a prié ce psaume : lui qui donnait librement sa vie pour la libération définitive des multitudes trouvait encore la force, au milieu de sa douleur, d’annoncer l’œuvre de Dieu : « On annoncera le Seigneur aux générations à venir. On proclamera sa justice au peuple qui va naître : voilà son œuvre ! »

DEUXIÈME LECTURE – Première lettre de saint Jean 3, 18 - 24

Petits enfants,
n’aimons pas en paroles ni par des discours,
mais par des actes et en vérité.
19 Voilà comment nous reconnaîtrons
que nous appartenons à la vérité,
et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ;
20 car si notre cœur nous accuse
Dieu est plus grand que notre cœur,
et il connaît toutes choses.
21 Bien-aimés,
si notre cœur ne nous accuse pas,
nous avons de l’assurance devant Dieu.
22 Quoi que nous demandions à Dieu,
nous le recevons de lui,
parce que nous gardons ses commandements,
et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux.
23 Or, voici son commandement :
mettre notre foi
dans le nom de son Fils Jésus Christ,
et nous aimer les uns les autres
comme il nous l'a commandé.
24 Celui qui garde ses commandements
demeure en Dieu,
et Dieu en lui ;
et voilà comment nous reconnaissons qu'il demeure en nous,
puisqu'il nous a donné part à son Esprit.

LA PARABOLE DES DEUX FILS

Premier étonnement devant ce texte : l’abondance des verbes ! « Croire, aimer, être fidèles, faire ce qui plaît à Dieu... » Pour Jean, visiblement, la foi n’est pas de l’ordre de l’opinion, elle est d’abord une manière d’être. Cela fait irrésistiblement penser à une parabole de Jésus, celle des deux fils : « Un homme avait deux fils ; s’avançant vers le premier, il lui dit : mon enfant, va donc aujourd’hui travailler à la vigne. Celui-ci lui répondit : je ne veux pas ; un peu plus tard, s’étant repenti, il y alla. S’avançant vers le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci lui répondit : J’y vais, Seigneur ; mais il n’y alla pas. » Et Jésus pose la question : « Lequel des deux a fait la volonté de son père ? » Il n’est pas difficile, évidemment, de trouver la bonne réponse... (Mt 21, 28).

C’est très clairement dans ce sens que Jean, ici, nous dit d’aimer « non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. » Puisqu’au verset d’avant, il a bien précisé : « Si quelqu’un possède les biens de ce monde et voit son frère dans le besoin, et qu’il se ferme à toute compassion, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? » (1 Jn 3, 17).

Un peu plus loin, dans cette même lettre, il répète encore : « Voici le commandement que nous avons reçu de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1 Jn 4, 21).

Deuxième étonnement : tout compte fait, cette leçon-là était déjà celle de tout l’Ancien Testament ; les commandements donnés par Dieu à Moïse juxtaposaient l’amour de Dieu et l’amour des frères ; les prophètes à leur tour, n’avaient rien dit d’autre ; Michée, par exemple : « On t’a fait savoir, ô homme, ce qui est bien, ce que le SEIGNEUR attend de toi : rien d’autre que d’aimer le droit, de pratiquer la justice, et de marcher humblement avec ton Dieu » (Mi 6, 8).

Jésus n’a rien changé à ce message qui semble bien être le fond de la Révélation faite à Israël : le Dieu d’amour a créé l’homme à son image et à sa ressemblance, c’est-à-dire fait pour aimer. L’étonnant, c’est non seulement que nous avons bien du mal à pratiquer cette religion-là... mais plus gravement, que nous avons bien du mal à l’admettre, tout simplement.

A sa manière, donc, Jean nous rappelle que le fond de notre foi consiste à aimer : « En agissant ainsi, (c’est-à-dire en aimant par des actes et non par des discours) nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité ». Elle est là l’unique vérité : Dieu est amour (c’est aussi une expression de Jean dans cette lettre) et les hommes sont faits pour aimer.

« Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jn 4, 16).

À LA RESSEMBLANCE DU DIEU D’AMOUR

Saint Jean ajoute que l’amour des autres est le meilleur moyen pour avoir le cœur en paix : « Devant Dieu nous apaiserons notre cœur ; car si notre cœur nous accuse Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. » Effectivement, celui qui consacre son temps à servir les autres est complètement décentré de lui-même ; il ne se laisse plus décourager par le spectacle de ses imperfections ; Saint Jean a peut-être bien entendu cette parabole des deux fils que nous relisions plus haut ; Jésus l’avait conclue en disant à ses interlocuteurs : « En vérité, je vous le déclare, collecteurs d’impôts et prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu » (Mt 21, 31). Or, en disant cela, Jésus s’adressait à des gens très religieux, des gens dont on disait sûrement qu’ils avaient la foi, puisque Matthieu parle des grands prêtres et des anciens du peuple. On peut en déduire : une foi qui ne nous pousse pas à aimer n’est pas la foi au Dieu d’amour ; une foi qui ne nous pousse pas à faire vivre nos frères n’est pas la foi au Père des vivants.

Chacun des évangélistes a répercuté à sa manière ce message central de la foi. Dans son évangile, Jean a été jusqu’à remplacer le récit de l’institution de l’Eucharistie par celui du lavement des pieds : « Vous m’appelez le Maître et le Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi. » (Jn 13, 13-15). Jean a retenu la leçon : ce qu’il appelle le commandement de Dieu, c’est « lavez-vous les pieds mutuellement ... A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jn 13, 35).

On dira, peut-être, que c’est un objectif impossible d’aimer tout le monde ! C’est sans doute ce que Jean veut dire quand il dit que notre cœur nous accuse : notre cœur nous accuse de ne pas aimer assez ; et c’est vrai que nous mentirions si nous prétendions aimer tout le monde ; (il y aura toujours des gens qui ne nous seront pas très sympathiques) ; mais si on lit bien le texte, Dieu ne nous demande pas de ressentir de l’amour pour tout le monde... il nous demande seulement d’agir... Lui, fera le reste. Au fond, la foi qui nous est demandée, c’est de croire à son amour à lui pour tous... son amour a besoin de nos bras ; il nous suffit de miser sur son amour en faisant notre petit possible.

Peut-être, alors, pouvons-nous comprendre cette phrase : « Si notre cœur ne nous accuse pas, nous nous tenons avec assurance devant Dieu, et tout ce que nous lui demandons, il nous l’accorde ». A partir du moment où nos gestes ne seront guidés que par l’amour, évidemment, nos prières seront en harmonie avec la volonté de Dieu qui n’est faite que d’amour... Et nous pourrons dire en vérité « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

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Compléments

Saint Jacques, dans sa lettre, dit quelque chose d’approchant : « A quoi bon, mes frères, dire qu’on a la foi, si l’on n’a pas d’œuvres. La foi peut-elle sauver dans ce cas ? Si un frère ou une sœur n’ont rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours et que l’un de vous leur dise : Allez en paix, mettez-vous au chaud et bon appétit, sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon ? De même la foi qui n’aurait pas d’œuvres est morte dans son isolement. » (Jc 2, 14-17).

Saint Pierre, lui, donne des exemples concrets : « Pratiquez l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmurer. Mettez-vous, chacun selon le don qu’il a reçu, au service les uns des autres. » (1 P 4, 10).

ÉVANGILE – selon saint Jean 15, 1 - 8

En ce temps-là Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
2 Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l'enlève ;
tout sarment qui donne du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu'il en porte davantage.
3 Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite :
4 Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s'il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.
5 Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
6 Si quelqu'un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
7 Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
8 Ce qui fait la gloire de mon Père,
c'est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »

DIEU PLEIN DE SOLLICITUDE COMME UN VIGNERON

Jésus prend congé des siens : nous sommes le dernier soir ; il a lavé les pieds de ses disciples, puis il leur a annoncé son départ imminent et l'envoi de l’Esprit. Curieusement, Jean ne raconte pas l’institution de l’Eucharistie : mais voici que Jésus parle de vigne et de vin dans des termes qui parlent d’Alliance. Si bien que ce texte pourrait bien être une véritable méditation eucharistique proposée par Jésus lui-même. Il ne faut pas oublier que, dans l’Ancien Testament, la vigne (parce qu’elle demande beaucoup de soins) était une image privilégiée de l’Alliance entre Dieu et Israël : Dieu étant, bien sûr, le propriétaire de la vigne et Israël le vignoble.

Le prophète Isaïe en avait fait une sorte de parabole : « Que je chante pour mon ami, le chant du bien-aimé et de sa vigne : mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau plantureux. Il y retourna la terre, enleva les pierres, et installa un plant de choix. Au milieu, il bâtit une tour et il creusa aussi un pressoir... » (Is 5, 1).

La fidélité de Dieu était exprimée par la sollicitude du vigneron, une sollicitude qui peut confiner à la passion. Quant à l’attitude du peuple élu, tantôt docile, tantôt infidèle, elle était représentée par la qualité du raisin : « Israël, vigne florissante, produisait du fruit à l’avenant... » (Os 10, 1). Mais il arrivait très fréquemment que les raisins soient mauvais (traduisez qu’Israël soit infidèle à l’Alliance). Or, dès qu’on cesse de pratiquer les commandements, c’est toute la vie sociale qui est perturbée.

Alors, le vigneron se plaignait : « La vigne du SEIGNEUR le Tout-Puissant, c’est la Maison d’Israël et les gens de Juda sont le plant qu’il chérissait. Il en attendait le droit, et c’est l’injustice. Il en attendait la justice, et il ne trouve que le cri des malheureux.... Il en attendait de beaux raisins, il n’en eut que de mauvais. Et maintenant, habitants de Jérusalem et gens de Juda, soyez juges entre moi et ma vigne. Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? J’en attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle produit de mauvais ?... » (Is 5, 1…7).

Pourquoi cette dérive ? Parce que, bien souvent, ce sont les chefs du peuple qui l’ont entraîné au mal : voilà l’explication de Jérémie : « La foule des pasteurs a saccagé ma vigne, piétiné mon champ, fait de ce champ merveilleux un désert désolé. » (Jr 12, 10).

Mais le vigneron, quand il s’appelle Dieu, ne peut pas se résigner au désastre de sa vigne, sous-entendu à l’échec de l’Alliance entre lui et Israël : donc il annonce qu’un jour, la vigne donnera de bons fruits : « Ce jour-là, chantez la vigne délicieuse. Moi, le SEIGNEUR, j’en suis le gardien, en tout temps je l’arrose. De peur qu’on y fasse irruption, je la garde nuit et jour... Dans les temps à venir, Jacob poussera des racines, Israël fleurira et donnera des bourgeons, il remplira le monde de ses fruits. » (Isaïe 27, 2... 6).

LA GUÉRISON DE LA VIGNE

Et, à plusieurs reprises, il avait annoncé une Nouvelle Alliance.

Par exemple, chez Jérémie : « Des jours viennent - oracle du SEIGNEUR - où je conclurai avec la communauté d’Israël - et la communauté de Juda - une nouvelle alliance. Elle sera différente de l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères quand je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Egypte. Eux, ils ont rompu mon alliance ; mais moi, je reste le maître chez eux - oracle du SEIGNEUR. Voici donc l’alliance que je conclurai avec la communauté d’Israël après ces jours là - oracle du SEIGNEUR - ; je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, les inscrivant dans leur être ; je deviendrai Dieu pour eux, et eux, ils deviendront un peuple pour moi. Ils ne s’instruiront plus entre compagnons, entre frères, répétant : « Apprenez à connaître le SEIGNEUR ! », car ils me connaîtront tous, petits et grands - oracle du SEIGNEUR. Je pardonne leur crime ; leur faute, je n’en parle plus. » (Jr 31, 31-34).

C’est donc tout naturellement que Jésus, qui vient pour réaliser cette nouvelle Alliance, en parle en reprenant l’image de la vigne ; il n’a même pas besoin de prononcer le mot « Alliance », tout le monde comprend : quand il développe la comparaison de la vigne, il est clair qu’il parle de l’Alliance et qu’il annonce que l’Alliance entre Dieu et les hommes se réalise en lui. « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron... Demeurez en moi, comme moi en vous... Moi, je suis la vigne, et vous les sarments »... Or ce qu’il appelle « demeurer en lui », c’est être imprégné de ses paroles : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous » ; là encore, on retrouve un thème qui semble bien courir partout : tout le problème de l’humanité est de méconnaître Dieu, de ne pas le considérer comme un Père. Un peu plus tard, ce même soir, Jésus dira encore : « Père juste, tandis que le monde ne t’a pas connu, je t’ai connu... » (Jn 17, 25).

Quand le peuple d’Israël était infidèle à l’Alliance, c’est parce qu’il méconnaissait Dieu, et qu’il se laissait entraîner sur des fausses pistes, ce que l’Ancien Testament appelle l’idolâtrie ; Jésus, au contraire, connaît le Père, et donc vit en perpétuelle Alliance. Et quand il dit « Déjà, vous voici purifiés grâce à la Parole que je vous ai dite », il veut dire que, grâce à sa Parole, nous connaissons enfin le Père tel qu’Il est. Un Père qui nous invite tout simplement à entrer dans la fidélité de son Fils, en restant fermement greffés sur lui.

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2 mai 2015 6 02 /05 /mai /2015 23:00

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Ces commentaires, trouvés sur le site "Église catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde, en

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Attention le texte écrit peut différer des versions audio (Radio-Notre-Dame) et vidéo (KTO TV) qui ont été modifiées par Marie-Noëlle Thabut, parfois pour les améliorer, parfois pour s'adapter aux formats imposés par ces chaînes de radio ou de télévision. Dans cette hypothèse, nous mettons en italiques les passages supprimés pour ces médias.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Évangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté). D'après Marie-Noëlle Thabut, "... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c'est que nous ne les avons pas compris."

Version audio, trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame (disponible seulement à compter du 3 mai 2015).

En bas de page, vous avez désormais les versions vidéo des commentaires, trouvées sur KTO TV.

PREMIÈRE LECTURE – Actes des apôtres 9, 26 - 31

En ces jours-là,
26 arrivé à Jérusalem,
Saul cherchait à se joindre aux disciples,
mais tous avaient peur de lui,
car ils ne croyaient pas
que lui aussi était un disciple.
27 Alors Barnabé le prit avec lui
et le présenta aux Apôtres ;
il leur raconta comment, sur le chemin,
Saul avait vu le Seigneur,
qui lui avait parlé ;
et comment, à Damas, il s’était exprimé avec assurance
au nom de Jésus.
28 Dès lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux,
s’exprimant avec assurance au nom du Seigneur.
29 Il parlait aux Juifs de langue grecque,
et discutait avec eux.
Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer.
30 Mis au courant,
les frères l'accompagnèrent jusqu'à Césarée,
et le firent partir pour Tarse.
31 L'Eglise était en paix
dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ;
elle se construisait
et elle marchait dans la crainte du Seigneur ;
réconfortée par l'Esprit Saint
elle se multipliait.

SAUL, LE NOUVEAU VENU CHEZ LES CHRÉTIENS

Nous entrons dans une nouvelle phase du livre des Actes des Apôtres : jusqu'ici, Luc nous racontait les débuts de l’Église naissante après la Pentecôte ; et Pierre et Jean étaient au centre du récit ; puis il y a eu le martyre d’Étienne et l’entrée en scène d’un tout jeune homme, Saül de Tarse. Pendant qu’on lapidait Étienne, c’est lui qui gardait les vêtements de tout le monde. C’est le même qui revient à Jérusalem, quelque temps plus tard, converti, baptisé ; évidemment, sa réputation de persécuteur le suit ; car il ne s’est pas contenté d’approuver l’exécution d’Étienne ; pendant tout un temps, qu’on n’est pas près d’oublier, il a été l’ennemi public numéro un des Chrétiens ; son activité débordait même Jérusalem, et il avait poussé le zèle jusqu’à demander au grand-prêtre un ordre de mission pour aller jusqu’à Damas, débusquer et arrêter tous les Chrétiens.

Et donc, quand on le voit revenir et chercher à s’introduire parmi les Chrétiens, on est très méfiants ! C’est compréhensible ! Qui nous dit qu’il ne cherche pas à s’introduire pour mieux dénoncer les Chrétiens ensuite ?

Curieusement, c’est quelqu’un dont nous avons presque oublié le nom, Barnabé, qui a joué alors le rôle indispensable de garantie de la bonne volonté de Saül et qui lui a mis le pied à l’étrier ; Barnabé, en fait, ce n’est pas son vrai nom : il s’appelle Joseph et il est Juif, lévite, originaire de Chypre ; il a visiblement bonne réputation parmi les Chrétiens puisqu’on lui a donné ce surnom de Barnabé qui veut dire « l’homme du réconfort »... ce qui est déjà quand même un beau compliment ! On sait aussi qu’il fait partie de ceux qui ont vendu leurs champs pour mettre l’argent à la disposition de la communauté. Il est certainement accueillant puisqu’il accepte rapidement de faire confiance à ce nouveau converti, Saül ; il n’était évidemment pas avec Saül sur le chemin de Damas quand celui-ci a été converti par Jésus ; mais quand Saül arrive à Jérusalem, quelques années plus tard, Barnabé le croit sur parole et accepte de plaider sa cause auprès des disciples.

« Barnabé prit Saül avec lui et le présenta aux apôtres ; il leur raconta ce qui s’était passé : sur la route, Paul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé ; à Damas, il avait prêché avec assurance au nom de Jésus. »

Deux fois de suite, Luc répète « Saul s’exprimait avec assurance au nom de Jésus ». Désormais il mettra au service de la foi chrétienne la même énergie et le même passion qu’il mettait jusqu’ici à la détruire. Parce que, tout d’un coup, ses yeux se sont ouverts, et tout est devenu clair pour lui.

Il n’a pas une seconde l’impression de renier la foi de ses pères en devenant Chrétien ; au contraire ! C’est parce qu’il est Juif qu’il devient Chrétien : l’attente du peuple juif, depuis tant de siècles, voici qu’elle est comblée par Jésus.

Quelques années plus tard, au cours de son procès, Paul dira « Les prophètes et Moïse ont prédit ce qui devait arriver et je ne dis rien de plus. » (Ac 26, 22).

Mais ce qui lui paraît évident, désormais, ne l’est pas pour tout le monde ! Déjà, à Damas, après sa conversion, les ennuis ont commencé : les Juifs ont cherché à le tuer ; ils sont allés jusqu’à garder les portes de la ville, jour et nuit, pour qu’il ne puisse pas leur échapper. Pour finir, ses nouveaux disciples chrétiens l’ont fait descendre de nuit, le long de la muraille, dans une corbeille.1

LES ENNUIS NE FONT QUE COMMENCER

A Jérusalem, c’est la même chose : (on le voit bien dans le texte d’aujourd’hui ), c’est d’abord l’épreuve de se faire accepter par les Chrétiens de Jérusalem, qui se méfient de lui après son passé de persécuteur ; et dans un deuxième temps, Paul doit affronter ses frères de race, les Juifs non convertis au Christ :

Luc nous dit « Il parlait aux Juifs de langue grecque et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. »

Pour eux, il est un renégat, tombé dans cette secte des Chrétiens. Il faut donc recommencer à fuir. De nouveau, on voit se profiler ici les persécutions que Paul devra affronter pendant toute sa vie missionnaire : alors ses nouveaux amis chrétiens pensent plus prudent de lui faire prendre le premier bateau pour Tarse, sa ville natale, au sud de la Turquie actuelle. (C’est là que Barnabé ira le chercher quelques années plus tard, pour l’emmener à Antioche de Syrie).

Tout ceci n’entrave pas la croissance de l’Eglise ;

la phrase de Luc respire la tranquillité : « L’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint. »2 Nous retrouvons ce mot de « crainte », déjà familier de l’Ancien Testament ; encore une fois, il est clair que la « crainte », au sens biblique, n’est pas de l’ordre de la peur ; elle n’empêche pas d’avancer, elle ne paralyse pas !

« Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait »... Ce que la Bible appelle la crainte de Dieu, c’est tout simplement l’attitude de vérité de celui qui se reconnaît tout petit, mais aussi aimé et protégé par Dieu. C’est elle qui est la source de cette assurance des premiers Chrétiens qui étonnait tant leurs contemporains ; rappelez-vous, le récit de la guérison du boiteux de la Belle Porte ; quand Pierre et Jean avaient été amenés devant le tribunal qui avait bien l’intention de les intimider pour les faire taire, les juges avaient été stupéfaits : « Ils constataient l’assurance de Pierre et de Jean et, se rendant compte qu’il s’agissait d’hommes sans instruction et de gens quelconques, ils en étaient étonnés. » (Ac 4, 13).

Paul, lui, n'est pas sans instruction ; il est Pharisien, de stricte observance, formé à l'école de Gamaliel ; mais son assurance ne lui vient pas de là ; elle lui vient tout simplement depuis qu'il a rencontré Jésus ressuscité et qu’il se laisse mener par l'Esprit Saint.

—————————————-

Note

1 - L’épisode de la fuite de Damas dans une corbeille le long de la muraille est raconté un peu différemment par Luc dans les Actes et par Paul dans la lettre 2e lettre aux Corinthiens (2 Co 11, 32-33), mais il s’agit probablement du même épisode.

2 – Ac 9, 31 : « L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint. » Après Ac 2, 42-47 ; 4, 32-37 ; 5, 12-16, c’est le quatrième et dernier « sommaire » des Actes, ces résumés de la vie des premières communautés qui apparaissent comme des moments privilégiés de ce que les croyants sont rendus capables de vivre, dès lors qu’ils se laissent guider par l’Esprit Saint.r

PSAUME – 21 (22), 26b-27. 28-29. 31-32

26 Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
27 Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le SEIGNEUR, ceux qui le cherchent :
« A vous, toujours, la vie et la joie ! »
28 La terre entière se souviendra et reviendra vers le SEIGNEUR,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
29 « Oui, au SEIGNEUR la royauté,
le pouvoir sur les nations ! »
31 Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
32 On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son œuvre !

LES SURPRISES DU PSAUME 21/22

A première vue, il est quand même curieux, ce psaume 21/22 ! Il se termine par ces versets lumineux, pleins d’action de grâce que nous lisons aujourd’hui : « La terre entière se souviendra et reviendra vers le SEIGNEUR », « Et moi, je vis pour lui, ma descendance le servira » ; mais c’est lui aussi qui commence par ce cri de détresse que nous connaissons bien : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » C’est pour le moins disparate. Et pourtant... puisqu’il s’agit bien du même psaume, il faut rechercher où est son unité. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que ce psaume, comme tous les autres, concerne le peuple tout entier : celui qui crie son désespoir au début du psaume et qui, à la fin, rend grâce, n’est autre que le peuple élu, Israël. S’il rend grâce, à la fin, c’est parce qu’il a été secouru ; mais cela ne gomme pas les souffrances passées ; on ne peut pas les oublier, elles font partie, au contraire, de l’action de grâce.

Voici le contexte de la composition de ce psaume : nous sommes au retour de l’Exil à Babylone : en 587 av.J.C., après la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, on a connu la ruine de la Ville Sainte, le saccage du Temple, les atrocités d’un siège sans merci, et l’exil loin du pays ; le mépris, les ricanements des vainqueurs qui poussent la dérision jusqu’à nous demander de leur chanter nos cantiques... Dieu avait promis d’habiter dans le Temple de Jérusalem... mais habitait-il au milieu des exilés ? Dieu avait promis, aussi, de ne jamais abandonner son peuple... mais que restait-il de ces belles promesses ? Et pourtant, pour tenir le coup, il n’y avait pas d’autre solution que de se rappeler sans fin les promesses de Dieu et son action en faveur de son peuple, depuis tant de siècles.

Alors on a fait un vœu : si nous en réchappons, quand nous serons de retour au pays, nous reconstruirons le Temple de Jérusalem et nous irons en procession offrir un sacrifice. Et ce psaume tout entier est le chant qui accompagne la fête du retour ; elle est là, la clé de ce psaume 21/22 : « Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses ». (Sous-entendu mes promesses de fête d’action de grâce au Temple de Jérusalem). On peut donc comparer ce psaume à certains ex-voto ; dans les églises du Midi de la France, par exemple, on trouve des tableaux qui représentent de façon extrêmement réaliste un grand danger auquel on remercie Dieu ou la Vierge Marie de nous avoir fait échapper ; c’est, par exemple, le tableau d’un naufrage : des jeunes sont en train de se noyer sous les yeux horrifiés de leurs parents en prière ; dans un coin du tableau, la Sainte Vierge, dans un nuage, se penche sur tout ce petit monde : manière pour ceux qui ont fait exécuter le tableau de dire « c’est un vrai miracle, ils ont été sauvés. »

LE PSAUME 21/22, UN EX-VOTO

De la même façon, le psaume 21/22 commence par dire les épreuves de l’exil, et le sentiment d’abandon qu’on a ressenti.

« Le salut est loin de moi, loin des mots que je rugis. Mon Dieu, j’appelle tout le jour, et tu ne réponds pas ; même la nuit, je n’ai pas de repos... Tous ceux qui me voient me bafouent, ils ricanent et hochent la tête... Des chiens me cernent, une bande de vauriens m’entoure... »

Israël ne valait pas mieux qu’un condamné à mort, un crucifié, comme on en voyait sur les routes : « Ils me percent les mains et les pieds ; je peux compter tous mes os ». Le premier miracle de cet Exil, avant la libération, est certainement le sursaut d’espérance qu’il a suscité : là-bas, on n’a pas cessé de prier, d’espérer ; on disait : « Toi, pourtant, tu es saint, toi qui habites les hymnes d’Israël !... C’est en toi que nos pères espéraient, ils espéraient et tu les délivrais. Quand ils criaient vers toi, ils échappaient ; en toi ils espéraient et ils n’étaient pas déçus. »

Combien de fois a-t-on répété : « Toi, Seigneur, ne sois pas loin : l’angoisse est proche, je n’ai personne pour m’aider... Ne sois pas loin : ô ma force, viens vite à mon aide !... Sauve-moi de la gueule du lion... »

Et, tout comme Dieu avait entendu les cris de son peuple en Égypte, et suscité en Moïse l’énergie nécessaire pour le délivrer, cette fois, Dieu a entendu les cris de son peuple exilé à Babylone et il a suscité en Cyrus, le nouveau maître de l’histoire, la décision de libérer son peuple et de le renvoyer sur sa terre. Et plus l’épreuve de l’Exil a été ressentie durement, plus la joie du retour est grande. Oui, Dieu a entendu le cri des exilés. Il a répondu à leur plainte. « Ils loueront le SEIGNEUR, ceux qui le cherchent : A vous, toujours, la vie et la joie ! »

« Tu m’as répondu ! Et je proclame ton nom devant mes frères, je te loue en pleine assemblée. Vous qui le craignez, louez le SEIGNEUR, glorifiez-le... Car il n’a pas rejeté, il n’a pas réprouvé le malheureux dans sa misère ; il ne s’est pas voilé la face devant lui, mais il entend sa plainte... »

C’est là que commencent les versets que nous chantons aujourd’hui. Israël de retour au pays accomplit son vœu ; et comme tous ceux qui ont fait une véritable expérience de foi, les fils d’Israël veulent faire partager à tous leur action de grâce et leur émerveillement : « La terre entière se souviendra et reviendra vers le SEIGNEUR, chaque famille de nations se prosternera devant lui... On annoncera le Seigneur aux générations à venir. »

Le Christ a certainement chanté plusieurs fois ce psaume, au cours de sa vie terrestre, avant même sa Passion ; chaque fois, il partageait à la fois les souffrances, l’espérance et l’action de grâce de son peuple ; il savait, mieux que personne, que l’humanité tout entière attend encore la libération définitive du mal et de l’angoisse devant la mort. Le dernier jour, sur la croix, il a prié ce psaume : lui qui donnait librement sa vie pour la libération définitive des multitudes trouvait encore la force, au milieu de sa douleur, d’annoncer l’œuvre de Dieu : « On annoncera le Seigneur aux générations à venir. On proclamera sa justice au peuple qui va naître : voilà son œuvre ! »

DEUXIÈME LECTURE – Première lettre de saint Jean 3, 18 - 24

Petits enfants,
n’aimons pas en paroles ni par des discours,
mais par des actes et en vérité.
19 Voilà comment nous reconnaîtrons
que nous appartenons à la vérité,
et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ;
20 car si notre cœur nous accuse
Dieu est plus grand que notre cœur,
et il connaît toutes choses.
21 Bien-aimés,
si notre cœur ne nous accuse pas,
nous avons de l’assurance devant Dieu.
22 Quoi que nous demandions à Dieu,
nous le recevons de lui,
parce que nous gardons ses commandements,
et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux.
23 Or, voici son commandement :
mettre notre foi
dans le nom de son Fils Jésus Christ,
et nous aimer les uns les autres
comme il nous l'a commandé.
24 Celui qui garde ses commandements
demeure en Dieu,
et Dieu en lui ;
et voilà comment nous reconnaissons qu'il demeure en nous,
puisqu'il nous a donné part à son Esprit.

LA PARABOLE DES DEUX FILS

Premier étonnement devant ce texte : l’abondance des verbes ! « Croire, aimer, être fidèles, faire ce qui plaît à Dieu... » Pour Jean, visiblement, la foi n’est pas de l’ordre de l’opinion, elle est d’abord une manière d’être. Cela fait irrésistiblement penser à une parabole de Jésus, celle des deux fils : « Un homme avait deux fils ; s’avançant vers le premier, il lui dit : mon enfant, va donc aujourd’hui travailler à la vigne. Celui-ci lui répondit : je ne veux pas ; un peu plus tard, s’étant repenti, il y alla. S’avançant vers le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci lui répondit : J’y vais, Seigneur ; mais il n’y alla pas. » Et Jésus pose la question : « Lequel des deux a fait la volonté de son père ? » Il n’est pas difficile, évidemment, de trouver la bonne réponse... (Mt 21, 28).

C’est très clairement dans ce sens que Jean, ici, nous dit d’aimer « non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. » Puisqu’au verset d’avant, il a bien précisé : « Si quelqu’un possède les biens de ce monde et voit son frère dans le besoin, et qu’il se ferme à toute compassion, comment l’amour de Dieu demeurerait-il en lui ? » (1 Jn 3, 17).

Un peu plus loin, dans cette même lettre, il répète encore : « Voici le commandement que nous avons reçu de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère. » (1 Jn 4, 21).

Deuxième étonnement : tout compte fait, cette leçon-là était déjà celle de tout l’Ancien Testament ; les commandements donnés par Dieu à Moïse juxtaposaient l’amour de Dieu et l’amour des frères ; les prophètes à leur tour, n’avaient rien dit d’autre ; Michée, par exemple : « On t’a fait savoir, ô homme, ce qui est bien, ce que le SEIGNEUR attend de toi : rien d’autre que d’aimer le droit, de pratiquer la justice, et de marcher humblement avec ton Dieu » (Mi 6, 8).

Jésus n’a rien changé à ce message qui semble bien être le fond de la Révélation faite à Israël : le Dieu d’amour a créé l’homme à son image et à sa ressemblance, c’est-à-dire fait pour aimer. L’étonnant, c’est non seulement que nous avons bien du mal à pratiquer cette religion-là... mais plus gravement, que nous avons bien du mal à l’admettre, tout simplement.

A sa manière, donc, Jean nous rappelle que le fond de notre foi consiste à aimer : « En agissant ainsi, (c’est-à-dire en aimant par des actes et non par des discours) nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité ». Elle est là l’unique vérité : Dieu est amour (c’est aussi une expression de Jean dans cette lettre) et les hommes sont faits pour aimer.

« Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui » (1 Jn 4, 16).

À LA RESSEMBLANCE DU DIEU D’AMOUR

Saint Jean ajoute que l’amour des autres est le meilleur moyen pour avoir le cœur en paix : « Devant Dieu nous apaiserons notre cœur ; car si notre cœur nous accuse Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. » Effectivement, celui qui consacre son temps à servir les autres est complètement décentré de lui-même ; il ne se laisse plus décourager par le spectacle de ses imperfections ; Saint Jean a peut-être bien entendu cette parabole des deux fils que nous relisions plus haut ; Jésus l’avait conclue en disant à ses interlocuteurs : « En vérité, je vous le déclare, collecteurs d’impôts et prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu » (Mt 21, 31). Or, en disant cela, Jésus s’adressait à des gens très religieux, des gens dont on disait sûrement qu’ils avaient la foi, puisque Matthieu parle des grands prêtres et des anciens du peuple. On peut en déduire : une foi qui ne nous pousse pas à aimer n’est pas la foi au Dieu d’amour ; une foi qui ne nous pousse pas à faire vivre nos frères n’est pas la foi au Père des vivants.

Chacun des évangélistes a répercuté à sa manière ce message central de la foi. Dans son évangile, Jean a été jusqu’à remplacer le récit de l’institution de l’Eucharistie par celui du lavement des pieds : « Vous m’appelez le Maître et le Seigneur, et vous dites bien, car je le suis. Dès lors, si je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous devez vous aussi vous laver les pieds les uns aux autres ; car c’est un exemple que je vous ai donné : ce que j’ai fait pour vous, faites-le vous aussi. » (Jn 13, 13-15). Jean a retenu la leçon : ce qu’il appelle le commandement de Dieu, c’est « lavez-vous les pieds mutuellement ... A ceci tous vous reconnaîtront pour mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres. » (Jn 13, 35).

On dira, peut-être, que c’est un objectif impossible d’aimer tout le monde ! C’est sans doute ce que Jean veut dire quand il dit que notre cœur nous accuse : notre cœur nous accuse de ne pas aimer assez ; et c’est vrai que nous mentirions si nous prétendions aimer tout le monde ; (il y aura toujours des gens qui ne nous seront pas très sympathiques) ; mais si on lit bien le texte, Dieu ne nous demande pas de ressentir de l’amour pour tout le monde... il nous demande seulement d’agir... Lui, fera le reste. Au fond, la foi qui nous est demandée, c’est de croire à son amour à lui pour tous... son amour a besoin de nos bras ; il nous suffit de miser sur son amour en faisant notre petit possible.

Peut-être, alors, pouvons-nous comprendre cette phrase : « Si notre cœur ne nous accuse pas, nous nous tenons avec assurance devant Dieu, et tout ce que nous lui demandons, il nous l’accorde ». A partir du moment où nos gestes ne seront guidés que par l’amour, évidemment, nos prières seront en harmonie avec la volonté de Dieu qui n’est faite que d’amour... Et nous pourrons dire en vérité « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ».

—————————————-

Compléments

Saint Jacques, dans sa lettre, dit quelque chose d’approchant : « A quoi bon, mes frères, dire qu’on a la foi, si l’on n’a pas d’œuvres. La foi peut-elle sauver dans ce cas ? Si un frère ou une sœur n’ont rien à se mettre et pas de quoi manger tous les jours et que l’un de vous leur dise : Allez en paix, mettez-vous au chaud et bon appétit, sans que vous leur donniez de quoi subsister, à quoi bon ? De même la foi qui n’aurait pas d’œuvres est morte dans son isolement. » (Jc 2, 14-17).

Saint Pierre, lui, donne des exemples concrets : « Pratiquez l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmurer. Mettez-vous, chacun selon le don qu’il a reçu, au service les uns des autres. » (1 P 4, 10).

ÉVANGILE – selon saint Jean 15, 1 - 8

En ce temps-là Jésus disait à ses disciples :
« Moi, je suis la vraie vigne,
et mon Père est le vigneron.
2 Tout sarment qui est en moi,
mais qui ne porte pas de fruit,
mon Père l'enlève ;
tout sarment qui donne du fruit,
il le purifie en le taillant,
pour qu'il en porte davantage.
3 Mais vous, déjà vous voici purifiés
grâce à la parole que je vous ai dite :
4 Demeurez en moi, comme moi en vous.
De même que le sarment
ne peut pas porter de fruit par lui-même
s'il ne demeure pas sur la vigne,
de même vous non plus,
si vous ne demeurez pas en moi.
5 Moi, je suis la vigne,
et vous, les sarments.
Celui qui demeure en moi
et en qui je demeure,
celui-là porte beaucoup de fruit,
car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire.
6 Si quelqu'un ne demeure pas en moi,
il est, comme le sarment, jeté dehors,
et il se dessèche.
Les sarments secs, on les ramasse,
on les jette au feu, et ils brûlent.
7 Si vous demeurez en moi,
et que mes paroles demeurent en vous,
demandez tout ce que vous voulez,
et cela se réalisera pour vous.
8 Ce qui fait la gloire de mon Père,
c'est que vous portiez beaucoup de fruit
et que vous soyez pour moi des disciples. »

DIEU PLEIN DE SOLLICITUDE COMME UN VIGNERON

Jésus prend congé des siens : nous sommes le dernier soir ; il a lavé les pieds de ses disciples, puis il leur a annoncé son départ imminent et l'envoi de l’Esprit. Curieusement, Jean ne raconte pas l’institution de l’Eucharistie : mais voici que Jésus parle de vigne et de vin dans des termes qui parlent d’Alliance. Si bien que ce texte pourrait bien être une véritable méditation eucharistique proposée par Jésus lui-même. Il ne faut pas oublier que, dans l’Ancien Testament, la vigne (parce qu’elle demande beaucoup de soins) était une image privilégiée de l’Alliance entre Dieu et Israël : Dieu étant, bien sûr, le propriétaire de la vigne et Israël le vignoble.

Le prophète Isaïe en avait fait une sorte de parabole : « Que je chante pour mon ami, le chant du bien-aimé et de sa vigne : mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau plantureux. Il y retourna la terre, enleva les pierres, et installa un plant de choix. Au milieu, il bâtit une tour et il creusa aussi un pressoir... » (Is 5, 1).

La fidélité de Dieu était exprimée par la sollicitude du vigneron, une sollicitude qui peut confiner à la passion. Quant à l’attitude du peuple élu, tantôt docile, tantôt infidèle, elle était représentée par la qualité du raisin : « Israël, vigne florissante, produisait du fruit à l’avenant... » (Os 10, 1). Mais il arrivait très fréquemment que les raisins soient mauvais (traduisez qu’Israël soit infidèle à l’Alliance). Or, dès qu’on cesse de pratiquer les commandements, c’est toute la vie sociale qui est perturbée.

Alors, le vigneron se plaignait : « La vigne du SEIGNEUR le Tout-Puissant, c’est la Maison d’Israël et les gens de Juda sont le plant qu’il chérissait. Il en attendait le droit, et c’est l’injustice. Il en attendait la justice, et il ne trouve que le cri des malheureux.... Il en attendait de beaux raisins, il n’en eut que de mauvais. Et maintenant, habitants de Jérusalem et gens de Juda, soyez juges entre moi et ma vigne. Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait ? J’en attendais de beaux raisins, pourquoi en a-t-elle produit de mauvais ?... » (Is 5, 1…7).

Pourquoi cette dérive ? Parce que, bien souvent, ce sont les chefs du peuple qui l’ont entraîné au mal : voilà l’explication de Jérémie : « La foule des pasteurs a saccagé ma vigne, piétiné mon champ, fait de ce champ merveilleux un désert désolé. » (Jr 12, 10).

Mais le vigneron, quand il s’appelle Dieu, ne peut pas se résigner au désastre de sa vigne, sous-entendu à l’échec de l’Alliance entre lui et Israël : donc il annonce qu’un jour, la vigne donnera de bons fruits : « Ce jour-là, chantez la vigne délicieuse. Moi, le SEIGNEUR, j’en suis le gardien, en tout temps je l’arrose. De peur qu’on y fasse irruption, je la garde nuit et jour... Dans les temps à venir, Jacob poussera des racines, Israël fleurira et donnera des bourgeons, il remplira le monde de ses fruits. » (Isaïe 27, 2... 6).

LA GUÉRISON DE LA VIGNE

Et, à plusieurs reprises, il avait annoncé une Nouvelle Alliance.

Par exemple, chez Jérémie : « Des jours viennent - oracle du SEIGNEUR - où je conclurai avec la communauté d’Israël - et la communauté de Juda - une nouvelle alliance. Elle sera différente de l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères quand je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte. Eux, ils ont rompu mon alliance ; mais moi, je reste le maître chez eux - oracle du SEIGNEUR. Voici donc l’alliance que je conclurai avec la communauté d’Israël après ces jours là - oracle du SEIGNEUR - ; je déposerai mes directives au fond d’eux-mêmes, les inscrivant dans leur être ; je deviendrai Dieu pour eux, et eux, ils deviendront un peuple pour moi. Ils ne s’instruiront plus entre compagnons, entre frères, répétant : « Apprenez à connaître le SEIGNEUR ! », car ils me connaîtront tous, petits et grands - oracle du SEIGNEUR. Je pardonne leur crime ; leur faute, je n’en parle plus. » (Jr 31, 31-34).

C’est donc tout naturellement que Jésus, qui vient pour réaliser cette nouvelle Alliance, en parle en reprenant l’image de la vigne ; il n’a même pas besoin de prononcer le mot « Alliance », tout le monde comprend : quand il développe la comparaison de la vigne, il est clair qu’il parle de l’Alliance et qu’il annonce que l’Alliance entre Dieu et les hommes se réalise en lui. « Je suis la vraie vigne et mon Père est le vigneron... Demeurez en moi, comme moi en vous... Moi, je suis la vigne, et vous les sarments »... Or ce qu’il appelle « demeurer en lui », c’est être imprégné de ses paroles : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous » ; là encore, on retrouve un thème qui semble bien courir partout : tout le problème de l’humanité est de méconnaître Dieu, de ne pas le considérer comme un Père. Un peu plus tard, ce même soir, Jésus dira encore : « Père juste, tandis que le monde ne t’a pas connu, je t’ai connu... » (Jn 17, 25).

Quand le peuple d’Israël était infidèle à l’Alliance, c’est parce qu’il méconnaissait Dieu, et qu’il se laissait entraîner sur des fausses pistes, ce que l’Ancien Testament appelle l’idolâtrie ; Jésus, au contraire, connaît le Père, et donc vit en perpétuelle Alliance. Et quand il dit « Déjà, vous voici purifiés grâce à la Parole que je vous ai dite », il veut dire que, grâce à sa Parole, nous connaissons enfin le Père tel qu’Il est. Un Père qui nous invite tout simplement à entrer dans la fidélité de son Fils, en restant fermement greffés sur lui.

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26 avril 2015 7 26 /04 /avril /2015 08:40

Ces commentaires, trouvés sur le site "Église catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde, en

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Attention le texte écrit peut différer des versions audio (Radio-Notre-Dame) et vidéo (KTO TV) qui ont été modifiées par Marie-Noëlle Thabut, parfois pour les améliorer, parfois pour s'adapter aux formats imposés par ces chaînes de radio ou de télévision. Dans cette hypothèse, nous mettons en italiques les passages supprimés pour ces médias.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Évangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté). D'après Marie-Noëlle Thabut, "... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c'est que nous ne les avons pas compris."

Version audio, trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame (disponible seulement à compter du 26 avril 2015).

En bas de page, vous avez désormais les versions vidéo des commentaires, trouvées sur KTO TV.

PREMIÈRE LECTURE – Actes des apôtres 4, 8 – 12


En ces jours-là,
8 Pierre, rempli de l’Esprit Saint, déclara :
« Chefs du peuple et anciens,
9 nous sommes interrogés aujourd’hui
pour avoir fait du bien à un infirme,
et l’on nous demande comment cet homme a été sauvé.
10 Sachez-le donc, vous tous,
ainsi que tout le peuple d’Israël :
c’est par le nom de Jésus le Nazaréen,
lui que vous avez crucifié
mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts,
c’est par lui que cet homme
se trouve là devant vous, bien portant.
11 Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs,
mais devenue la pierre d’angle.
12 En nul autre que lui, il n’y a de salut,
car, sous le ciel,
aucun autre nom n’est donné aux hommes,
qui puisse nous sauver. »

PIERRE ET JEAN DEVANT LE TRIBUNAL
Luc prend soin de préciser d’entrée de jeu que Pierre était rempli de l’Esprit Saint quand il fit cette déclaration solennelle devant le Sanhédrin, c’est-à-dire le tribunal. Cela veut dire premièrement, que ce que dit Pierre est particulièrement important, deuxièmement, qu’il y faut un certain courage ! Ceci se passe après la guérison d’un boiteux au Temple de Jérusalem, près de la Belle Porte : aussitôt après ce miracle, Pierre avait improvisé un discours dans lequel il disait aux Juifs qui l’écoutaient : c’est ce Jésus, crucifié par vous et ressuscité, qui vient d’opérer ce miracle sous vos yeux, par notre intermédiaire, à nous, ses apôtres. Il est vrai que vous n’avez agi que par ignorance, et Jésus lui-même vous a pardonné, à preuve sa phrase sur la croix, « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » ; vous n’avez plus qu’à vous convertir à votre tour.
Ce petit discours en a effectivement converti un certain nombre, mais il n’a pas été du goût de tout le monde ; ce qui se comprend : les mêmes qui ont décidé la mort de Jésus il n’y a pas si longtemps aimeraient bien ne plus jamais en entendre parler ! Luc raconte : « Pierre et Jean parlaient encore au peuple quand les prêtres, le commandant du Temple et les Sadducéens les abordèrent. Ils étaient excédés de les voir instruire le peuple et annoncer, dans le cas de Jésus, la résurrection des morts. Ils les firent appréhender et mettre en prison jusqu’au lendemain, car le soir était déjà venu… Le lendemain, les chefs, les anciens et les scribes qui se trouvaient à Jérusalem s’assemblèrent. Il y avait Hanne, le grand-prêtre, Caïphe, Jean, Alexandre et tous les membres des familles de grands prêtres. Ils firent amener Pierre et Jean devant eux et procédèrent à leur interrogatoire : « A quelle puissance ou à quel nom avez-vous eu recours pour faire cela ? »
Aujourd’hui, nous ne pouvons pas mesurer la gravité de cette question, parce que nous ne sommes plus dans le même contexte, mais Pierre, lui, ne peut pas s’y tromper : dans le cadre de la lutte farouche menée dans tout l’Ancien Testament contre tout ce qui pouvait ressembler à de l’idolâtrie, de la magie, de la sorcellerie, invoquer un autre nom que celui de Dieu revenait à prier un autre Dieu, c’était de l’idolâtrie, et donc cela méritait la lapidation.
Oui, mais, justement, en invoquant le Nom de Jésus, précisément, Pierre avait conscience d’invoquer le Dieu d’Israël lui-même. Tout le problème est là, et notre texte d’aujourd’hui ne parle que de cela : c’est l’Esprit Saint lui-même qui inspire à Pierre sa réponse : « On nous demande comment cet homme a été sauvé. Sachez-le donc, vous tous, ainsi que le peuple d’Israël : c’est grâce au Nom de Jésus le Nazaréen… En dehors de lui, il n’y a pas de salut. Son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver ». Pierre n’y va pas par quatre chemins ! Il reconnaît avoir invoqué le Nom de Jésus, et, ce qui revient au même, il lui décerne le titre de « sauveur », qui était strictement réservé à Dieu. Les prophètes étaient très fermes là-dessus.
Par exemple Osée (13, 4 ; 12, 10) : « Et moi, (je suis) le SEIGNEUR ton Dieu, depuis le pays d’Égypte, moi excepté, tu ne connais pas de Dieu, et de sauveur, il n’y en a point sauf moi ». Ou Isaïe : « … Nul autre n’est Dieu, en dehors de moi ; un dieu juste et qui sauve, il n’en est pas, excepté moi » (Is 45, 21).

LE NOM DE JÉSUS PEUT SAUVER LES HOMMES
Première affirmation absolument scandaleuse de Pierre, donc, Jésus est Dieu ; il y en a une deuxième : il dit « Son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver » ; à l’infirme lui-même qui tendait la main pour de l’argent, Pierre avait dit « de l’or ou de l’argent, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au Nom de Jésus Christ le Nazôréen, marche ! » (Ac 3, 6). Pour des oreilles juives, c’était proprement inacceptable : le Nom de Dieu avait bien été révélé au peuple élu, mais il s’interdisait de le prononcer, par respect : parce que l’homme ne peut pas posséder Dieu.
Voilà des juges bien embarrassés : d’un côté, cet infirme connu de tous, qui a plus de quarante ans, nous dit Luc et dont la guérison spectaculaire n’est pas contestable ; de l’autre ces forcenés qui leur font la leçon sur ce Jésus dont on se croyait débarrassé. Luc raconte : « Ils constataient l’assurance de Pierre et de Jean et, se rendant compte qu’il s’agissait d’hommes sans instruction et de gens quelconques, ils en étaient étonnés. »
Ils reconnaissaient en eux des compagnons de Jésus, ils regardaient l’homme qui se tenait près d’eux, guéri, et ils ne trouvaient pas de riposte.
Alors nos juges ont fait comme on fait toujours en pareil cas, ils ont renvoyé les prévenus et annoncé qu’ils allaient délibérer. C’est encore Luc qui parle : « Qu’allons-nous faire de ces gens-là, se disaient-ils. Ils sont bien les auteurs d’un miracle évident : la chose est manifeste pour toute la population de Jérusalem et nous ne pouvons pas le nier. Néanmoins il faut en limiter les suites parmi le peuple : nous allons donc les menacer pour qu’ils ne mentionnent plus ce nom devant qui que ce soit. Ils les firent alors rappeler et leur interdirent formellement de prononcer ou d’enseigner le nom de Jésus. »
Mais rien ni personne n’a plus jamais pu faire taire les témoins du Christ. Et cela grâce à la force de l’Esprit Saint.
Jésus le leur avait bien dit juste au moment de les quitter : « Vous allez recevoir une puissance, celle du Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ».
Dernière remarque : le Nom de Jésus est donné aux hommes, dit Pierre. « Chrétiens », nous portons le nom même du Christ, son Nom nous est confié ; d’où notre responsabilité d’annoncer le salut.
—————————————-
Complément
Au passage, Luc cite Jean à côté de Pierre, plusieurs fois, mais Jean ne dit pas un mot ; c’est Pierre qui dirige les événements ; manière de montrer que les apôtres restent unis mais que Pierre est vraiment le chef de l’Église naissante. Si Luc y insiste, c’est que peut-être ce n’était pas inutile !

PSAUME – 117 (118), 1. 8-9. 21-23. 26. 28-29

1 Rendez grâce au SEIGNEUR : il est bon !
Eternel est son amour !
8 Mieux vaut s’appuyer sur le SEIGNEUR
que de compter sur les hommes ;
9 mieux vaut s’appuyer sur le SEIGNEUR
que de compter sur les puissants !

21 Je te rends grâce car tu m’as exaucé :
tu es pour moi le salut
22 La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
23 c’est là l’œuvre du SEIGNEUR,
la merveille devant nos yeux.

26 Béni soit au nom du SEIGNEUR celui qui vient !
De la maison du SEIGNEUR, nous vous bénissons !
28 Tu es mon Dieu, je te rends grâce,
mon Dieu, je t’exalte !
29 Rendez grâce au SEIGNEUR : il est bon !
Eternel est son amour !

Le premier et le dernier versets sont exactement identiques : « Rendez grâce au SEIGNEUR : Il est bon ! Éternel est son amour ! » Ces deux versets disent toute l’expérience d’Israël, la découverte qu’il a faite, grâce à la révélation par Dieu lui-même de son mystère ; un Dieu d’amour, un Dieu fidèle : il fallait bien la Révélation pour qu’on puisse oser penser une chose pareille !
Au coeur de la méditation de ce psaume, nous retrouvons encore une fois cette phrase que nous connaissons bien : « La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ; c’est là l’œuvre du SEIGNEUR, la merveille devant nos yeux. » Pour commencer, Jésus lui-même a cité cette phrase quelque temps avant sa Passion : ce qui veut dire qu’elle lui paraissait éclairer un aspect de son propre mystère.

JÉSUS, PIERRE ANGULAIRE
Cela se passait au cours d’une de ses discussions avec les grands prêtres et les anciens : il leur avait raconté une parabole, celle qu’on appelle des « vignerons homicides » (Mt 21, 33-46) : « Il était une fois un propriétaire qui planta une vigne, l’entoura d’une clôture, y creusa un pressoir et bâtit une tour » ; pour les interlocuteurs de Jésus, tous ces détails étaient d’une très grande importance ; ils disaient tout de suite de quelle vigne Jésus voulait parler. Car Isaïe avait employé exactement ces mots-là pour parler du peuple d’Israël. Et le propriétaire représentait Dieu, bien sûr. Dans la parabole d’Isaïe, le propriétaire se plaignait parce que, malgré tous ses soins, cette vigne ne donnait rien. Jésus reprend cette parabole, mais il y ajoute un nouveau chapitre : le propriétaire a confié sa vigne à des vignerons et il est parti en voyage. Ce qui prouve, déjà, qu’il faisait confiance. Quand est arrivé le temps des fruits, il a envoyé ses serviteurs réclamer son dû aux vignerons. Mais les vignerons ont empoigné les serviteurs ; ils ont battu à mort le premier, tué le second, lapidé le troisième ; qu’a fait le maître ? Il a envoyé d’autres serviteurs, plus nombreux, mais ils ont subi le même sort ; finalement, le propriétaire a envoyé son propre Fils ; lui, quand même, les vignerons le respecteraient, pensait-il. Au contraire, les vignerons l’ont tué, lui aussi, justement parce qu’il était le fils et donc l’héritier.
Comme souvent, à la fin d’une parabole, Jésus pose une question à ses auditeurs : à votre avis, que va faire maintenant le maître de la vigne ? Réponse évidente : il va traiter ces premiers vignerons comme ils le méritent et confier sa vigne à d’autres ; alors Jésus enchaîne : « N’avez-vous jamais lu dans les Écritures : La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs, c’est elle qui est devenue la pierre angulaire ; c’est là l’œuvre du SEIGNEUR : Quelle merveille à nos yeux. » C’est la citation littérale de notre psaume d’aujourd’hui. Mais Jésus continue : Aussi je vous le déclare : le Royaume de Dieu vous sera enlevé, et il sera donné à un peuple qui en produira les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé, et celui sur qui elle tombera, elle l’écrasera. » Cette pierre angulaire est donc à double tranchant, si l’on peut dire : précieuse pour les uns, qui peuvent s’y appuyer, et on parle alors d’œuvre merveilleuse de Dieu, elle est redoutable pour les autres. En matière de construction, c’est logique : la pierre inutilisée restée sur le chantier devient un obstacle sur lequel on trébuche.
Les pierres utilisées pour la construction du mur du Temple de Jérusalem sont absolument gigantesques : c’est dire leur solidité, mais aussi le danger qu’elles représentent pour celui sur qui elles tomberaient.

CROIRE OU NE PAS CROIRE, TOUT EST LA
Isaïe, déjà, employait cette image pour parler de Dieu : « C’est le SEIGNEUR, le tout-puissant que vous tiendrez pour saint, c’est lui que vous craindrez, c’est lui que vous redouterez. Il sera (à la fois) un sanctuaire pour vous (c’est-à-dire lieu de protection pour les fidèles) et une pierre que l’on heurte, et un rocher où l’on trébuche… Beaucoup y trébucheront, tomberont, se briseront… » (Is 8, 13-14). Il veut dire par là que Dieu est source de vie pour les croyants, mais que ceux qui le méprisent font leur propre malheur.
On retrouve là, d’une certaine manière, un thème très habituel de la Bible : il y a deux chemins possibles dans la vie : celui qui nous mène à Dieu et le chemin opposé ; (et le propre d’un chemin, c’est qu’il va quelque part si on prend la bonne direction, chaque pas nous rapproche du but ; si on se trompe au carrefour, chaque pas nous éloigne du but ; ceux qui ont accepté de croire en Jésus, qui l’ont « reçu », comme dit l’évangile de Jean, grandissent tous les jours dans la paix, la lumière, la connaissance de Dieu. Ceux qui, au contraire, et par ignorance, tout simplement, ont refusé de croire, sont entraînés dans un aveuglement croissant. Dans le texte des Actes des Apôtres de ce dimanche, par exemple, il est frappant de voir comme les autorités religieuses de Jérusalem s’enferrent et, après avoir liquidé Jésus, ne songent qu’à faire taire ses disciples sans accepter de laisser remettre en question leurs certitudes, même quand les miracles leur crèvent les yeux.
Pour ceux qui ont accepté de croire, au contraire, tout est devenu lumineux, l’Esprit Saint les a ouverts peu à peu à l’intelligence des Écritures. Déchiffrant le dessein de Dieu qui se réalise peu à peu dans l’histoire des hommes, ils peuvent dire : « Rendez grâce au SEIGNEUR : Il est bon ! Éternel est son amour ! »
—————————————-
Complément
Dans les trois évangiles synoptiques qui rapportent la parabole des vignerons homicides, celle-ci est située très peu après l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem, celle où toute la foule l’a acclamé comme le Messie, alors que les chefs des prêtres restaient de marbre. Ce sont eux, les humbles qui seront les nouveaux vignerons, eux qui ont su reconnaître le Fils alors que ceux à qui la vigne avait été confiée en premier l’ont tué.

DEUXIÈME LECTURE – Première lettre de saint Jean 3, 1 – 2

Bien-aimés,
1 voyez quel grand amour nous a donné le Père
pour que nous soyons appelés enfants de Dieu,
- et nous le sommes -.
Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas :
c’est qu’il n’a pas connu Dieu.
2 Bien-aimés,
dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu,
mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.
Nous le savons : quand cela sera manifesté,
nous lui serons semblables
car nous le verrons tel qu’il est.

LES DEUX SENS DU MOT MONDE
Je m’arrête sur la phrase : « Le monde ne peut pas nous connaître ». Pour la comprendre, il faut se souvenir que, pour Jean, le mot « monde » (cosmos en grec) a deux sens : parfois, il vise le monde que Dieu aime de toute éternité et qu’il veut sauver. Parfois, il vise tout ce qui est hostile ou au moins imperméable à Dieu.
Dans son évangile, par exemple, Jean nous rapporte ce que Jésus a dit à ses disciples le soir du Jeudi Saint à propos du monde : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï le premier. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait ; mais vous n’êtes pas du monde : c’est moi qui vous ai mis à part du monde et voilà pourquoi le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite : le serviteur n’est pas plus grand que son maître ; s’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront vous aussi ; s’ils ont épié ma parole, ils épieront aussi la vôtre. Tout cela, ils vous le feront à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé. » (Jn 15, 18-21). Manière de dire : Il n’y a pas de raison que les disciples soient mieux traités que le maître.
C’est dire les rapports inévitablement très ambigus entre Jésus et le monde, puis entre les Chrétiens et le monde. D’une part, Jésus est venu pour sauver le monde ; et l’Église, à son tour, n’a pas d’autre raison d’être que de se mettre au service du monde ; et donc, il faut commencer par aimer le monde. D’autre part, Jésus puis ses disciples sont « à part » du monde et nécessairement méconnus, haïs, persécutés par le monde. Je reprends ces deux points :
Premièrement, Jésus est venu dans le monde pour le sauver ; le salut consistant à connaître le vrai visage de Dieu ; c’est le sens de la parole de Jésus à Pilate « Je suis né, je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (Jn 18, 37). Et si Dieu veut sauver le monde, c’est parce qu’il l’aime : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils Unique pour que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais ait la vie éternelle. » (Jn 3, 16). Jean, dans la suite de sa première lettre, répète : « Voici comment s’est manifesté l’amour de Dieu au milieu de nous : Dieu a envoyé son Fils Unique dans le monde afin que nous vivions par lui. » (1 Jn 4, 9). Et Jésus accepte d’aller jusqu’au bout pour que le monde découvre cet amour du Père ; dans sa prière, le dernier soir, il dit son grand désir : « Que le monde puisse connaître que c’est toi qui m’as envoyé et que tu les as aimés comme tu m’as aimé » (Jn 17, 23). Donc Dieu aime le monde et veut son salut ; Jésus aime le monde et veut son salut ; j’ai envie de dire : vous voyez ce qu’il nous reste à faire !
Saint Augustin disait : « Étends ta charité sur le monde entier, si tu veux aimer le Christ ; parce que les membres du Christ sont étendus sur le monde… Le Christ, lui, aime son corps. »… Et le Père Teilhard de Chardin disait : « On ne convertit que ce qu’on aime. »

OSER RAMER À CONTRE-COURANT
Mais, deuxièmement, aimer quelqu’un, on le sait bien, ne veut pas dire être toujours d’accord avec ses agissements ! Aimer le monde consistera justement parfois à oser le contredire. Et le mot « monde », alors, chez saint Jean, vise certains agissements, ce que Paul appellerait l’attitude d’Adam, la manière de vivre de ceux qui s’éloignent de Dieu.
« Il était dans le monde, et le monde fut par lui, et le monde ne l’a pas reconnu » (Jn 1, 10).
Et la distance se creuse de plus en plus entre l’Envoyé de Dieu et le monde qui le refuse. Le dernier soir, encore, Jésus a bien prévenu : « Je vous ai dit tout cela afin que vous ne succombiez pas à l’épreuve. On vous exclura des synagogues. Bien plus, l’heure vient où celui qui vous fera périr aura le sentiment de présenter un sacrifice à Dieu. Ils agiront ainsi pour n’avoir connu ni le Père ni moi. » (Jn 16, 2-3). Et il continue : « Désormais je ne suis plus dans le monde… ils (les disciples) ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde… » (Jn 17, 11-18). Dans ce sens-là, non pas d’un mépris des hommes, mais du courage de témoigner, Jean a dit un peu plus haut, dans cette lettre que nous lisons aujourd’hui : « N’aimez pas le monde, ni ce qui est dans le monde. Si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est pas en lui, puisque tout ce qui est dans le monde – la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, la confiance orgueilleuse dans les biens – ne vient pas du Père, mais provient du monde. Or le monde passe, lui et sa convoitise ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure à jamais. » (1 Jn 2, 15-17). Et Jésus a dit dans le même sens « En ce monde, vous faites l’expérience de l’adversité, mais soyez pleins d’assurance, j’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).
Autrement dit, le jour vient où, enfin, le monde saura, acceptera de croire à l’amour de Dieu, et où les hommes se conduiront en fils de Dieu et en frères les uns des autres. Parce que c’est bien cela le dernier mot de toute l’histoire humaine. Comme dit Paul : « J’estime que les souffrances du temps présent sont sans proportion avec la gloire qui doit être révélée en nous. Car la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu… elle garde l’espérance… car elle aura part à la liberté et à la gloire des enfants de Dieu » (Rm 8, 19-21).
En attendant, il y a ceux qui ont cru en Jésus-Christ et ceux qui, encore, s’y refusent. Comme dit Jean dans le prologue de son évangile : « A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il leur a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu » (Jn 1, 12). Ceux-là, dès maintenant, sont conduits par l’Esprit de Dieu et cet esprit leur apprend à traiter Dieu comme leur Père. « Dieu a envoyé dans nos cœurs l’esprit de son Fils qui crie Abba, Père ! » (Ga 4, 4).
C’est le sens de l’expression « connaître le Père » chez saint Jean ; c’est le reconnaître comme notre Père, plein de tendresse et de miséricorde, comme disait déjà l’Ancien Testament. A ceux qui ne le connaissent pas encore, c’est-à-dire qui ne voient pas encore en lui leur Père, il nous appartient de le révéler par notre parole et par nos actes. Alors, quand le Fils de Dieu paraîtra, l’humanité tout entière sera transformée à son image. Oui, vraiment, il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés !

ÉVANGILE – selon Saint Jean 10, 11 – 18

En ce temps-là, Jésus déclara :
11 « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger,
qui donne sa vie pour ses brebis.
12 Le berger mercenaire n’est pas le pasteur,
les brebis ne sont pas à lui :
s’il voit venir le loup,
il abandonne les brebis et s’enfuit ;
le loup s’en empare et les disperse.
13 Ce berger n’est qu’un mercenaire,
et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.
14 Moi, je suis le bon pasteur ;
je connais mes brebis,
et mes brebis me connaissent,
15 comme le Père me connaît,
et que je connais le Père ;
et je donne ma vie pour mes brebis.
16 J’ai encore d’autres brebis,
qui ne sont pas de cet enclos :
celles-là aussi, il faut que je les conduise.
Elles écouteront ma voix :
il y aura un seul troupeau
et un seul pasteur.
17 Voici pourquoi le Père m’aime :
parce que je donne ma vie,
pour la recevoir de nouveau.
18 Nul ne peut me l’enlever :
je la donne de moi-même.
J’ai le pouvoir de la donner,
j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau :
voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »

DIEU COMME UN BERGER POUR SON PEUPLE
Cette comparaison du berger nous parle évidemment moins qu’aux contemporains de Jésus ; elle nous parle d’autant moins que qui dit berger dit troupeau, or nous ne rêvons pas d’être comparés à un troupeau ! Nous ne trouvons pas le terme très flatteur ; mais il faut nous replacer dans le contexte biblique :
A l’époque biblique, le troupeau était peut-être la seule richesse de son propriétaire ; il n’y a qu’à voir comment le livre de Job décrit l’opulence puis la déchéance de son héros. Cela se chiffre en nombre d’enfants, d’abord, puis en nombre de bêtes, tout de suite après : « Il y avait au pays de Ouç un homme du nom de Job. Il était, cet homme, intègre et droit, craignait Dieu et s’écartait du mal. Sept fils et trois filles lui étaient nés. Il possédait sept mille moutons, trois mille chameaux, cinq cents paires de bœufs, cinq cents ânesses et une nombreuse domesticité. Cet homme était le plus grand des fils de l’Orient. » Et quand on vient annoncer à Job tous les malheurs qui s’abattent sur lui, cela concerne ses troupeaux et ses enfants.
Déjà d’Abraham, on disait « Abram était riche en troupeaux, en argent et en or » (Gn 13, 2). Première remarque : si les troupeaux sont considérés comme une richesse, nous pouvons oser penser que Dieu nous considère comme une de ses richesses. Ce qui est quand même une belle audace sur le plan théologique ! Dieu est donc habituellement comparé à un berger, dont le troupeau est le peuple d’Israël ; par exemple : « Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer… » (Ps 22/23).
« Berger d’Israël, écoute, toi qui conduis ton troupeau, resplendis… » (Ps 79/80).
Cette image du berger dit la sollicitude de Dieu qui rassemble son peuple ; et, très souvent, ce thème du berger est associé à l’expérience de l’Exode, la libération d’Égypte ; on sait bien que c’est grâce à Dieu, et à lui seul, qu’on peut parler de peuple ! Sans lui, on ne s’en serait jamais sortis. Par exemple, le psaume 94/95 affirme : « Oui, il est notre Dieu, nous sommes le peuple qu’il conduit, le troupeau guidé par sa main ».

LE ROI, BERGER A L’IMAGE DE DIEU
Son troupeau, Dieu le confie à des lieutenants (tenant-lieu) ; dans cette optique, les rois d’Israël sont comparés à leur tour à des bergers ; et toute une idéologie de la royauté va se développer sur ce thème-là : faite à la fois de sollicitude et de fermeté. Car un berger sérieux sait faire preuve des deux : c’est avec le même bâton, son bâton de marcheur, qu’il guide et rassemble les brebis qui ont du mal à suivre, mais aussi qu’il éloigne les indésirables, qu’il sépare les brebis et les boucs… et qu’il chasse les bêtes sauvages qui menacent le troupeau. Et l’on sait bien que, primitivement, le sceptre des rois était un bâton de berger. Vers 1750 av.J.C. le fameux roi Hammourabi de Babylone se comparait déjà, lui aussi, à un berger, et disait « je suis le berger qui sauve et dont le sceptre est juste ».
Malheureusement, il y a les rêves, l’idéal, et puis la réalité… les rois d’Israël, comme bien d’autres ont trop souvent failli à leur mission, ils ont oublié qu’ils n’étaient que des lieu-tenants de Dieu et ils ont recherché leur propre intérêt et non celui de leur peuple. Au lieu de veiller sur leur troupeau, ils se sont préoccupés d’eux-mêmes, de leur richesse, de leur honneur, de leur grandeur ; et au lieu de faire régner la justice dans le pays, ils ont laissé s’installer l’injustice au profit de l’opulence des uns, au risque de la misère des autres. Les prophètes ont des paroles très dures pour eux : « Malheur aux bergers d’Israël qui se paissent eux-mêmes ! N’est-ce pas le troupeau que les bergers doivent paître ? » (Ez 34, 2).

LE MESSIE SERA UN BERGER DIGNE DE DIEU
Mais, à travers ou malgré toutes les déceptions, les croyants ne perdent jamais l’espérance ; puisque le vrai berger d’Israël, c’est Dieu lui-même, et puisque Dieu est fidèle, on sait qu’on est en bonnes mains. Et on attend le roi idéal, celui qui gardera le troupeau au nom de Dieu, qui sera un instrument docile dans la main de Dieu. Par exemple, dans le livre d’Ezéchiel : « Moi-même je ferai paître mon troupeau, moi-même le ferai coucher, dit Dieu. La bête perdue, je la chercherai ; celle qui se sera écartée, je la ferai revenir ; celle qui aura une patte cassée, je lui ferai un bandage ; la malade, je la fortifierai. » (Ez 34, 16).
Donc, quand Jésus s’attribue le titre de Bon Pasteur, cela revient exactement à dire « Je suis le Messie, celui que vous attendiez ; le Sauveur, c’est moi ». D’ailleurs, ses interlocuteurs ne s’y sont pas trompés ; puisque saint Jean note dans les versets suivants que cette déclaration a provoqué à nouveau la division parmi les Juifs. Les prêtres et les chefs du peuple ont très bien compris derrière les propos de Jésus une attaque à peine déguisée contre eux qui sont les pasteurs en titre du troupeau qui leur a été confié par Dieu. Plus tard, les Chrétiens découvriront ce qu’Ézéchiel ne pouvait pas encore deviner : que, réellement, le Messie serait non seulement un lieu-tenant de Dieu mais le Fils de Dieu lui-même. Son sceptre à lui, c’est sa croix : « Quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tout à moi » (Jn 12, 32).
—————————————
Compléments
Jésus (berger donnant librement sa vie) répond bien au portrait du Serviteur dessiné par Isaïe
Je donne ma vie pour mes brebis
Jean a retenu avec soin toutes les phrases de son maître qui disaient sa détermination à donner sa vie pour son troupeau : « Je donne ma vie… Personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même. » (Jn 10, 18). Jean souligne ici la liberté de Jésus ; la liberté n’est-elle pas le premier attribut d’un roi ? Voilà bien, nous dit Jean, le roi que l’on attendait, non pas le roi que nous présentent les magazines, mais celui qui sera prêt à tout pour sauver son peuple. Décidément, les vues de Dieu ne sont pas les nôtres !
Jean le notera encore au moment de l’arrestation de Jésus « Jésus, sachant tout ce qui allait lui arriver » ; Jn 18, 4) et, au sein même du récit de la Passion, il note l’attitude souverainement libre de Jésus (19, 28).
Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur
Cet horizon est loin d’être atteint, nous ne le savons que trop. Il ne l’était pas non plus lorsque Jean a écrit son évangile et pourtant, il a osé l’affirmer. Depuis la Résurrection, il sait que plus rien ne pourra empêcher ces promesses de Jésus de s’accomplir.

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18 avril 2015 6 18 /04 /avril /2015 23:00

Ces commentaires, trouvés sur le site "Église catholique en France", permettent à toute personne de bonne volonté, chrétienne ou non, de mieux comprendre la Bible, le livre le plus diffusé au monde, en

  • décodant le langage imagé utilisé par l'auteur.

Attention le texte écrit peut différer des versions audio (Radio-Notre-Dame) et vidéo (KTO TV) qui ont été modifiées par Marie-Noëlle Thabut, parfois pour les améliorer, parfois pour s'adapter aux formats imposés par ces chaînes de radio ou de télévision. Dans cette hypothèse, nous mettons en italiques les passages supprimés pour ces médias.

Je souhaite arriver à mettre ici, chaque dimanche, les commentaires de Marie-Noëlle Thabut. Ma seule contribution consiste à surligner les passages que je trouve les plus enrichissants et à écrire en rouge ceux qui parlent d'un thème qui m'est cher : la liberté (trois autres pages de mon blog sont consacrées à ces passages des Évangiles, du reste du Nouveau Testament ou de l'Ancien Testament qui parlent de la liberté). D'après Marie-Noëlle Thabut, "... si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c'est que nous ne les avons pas compris."

Version audio, trouvée sur le site de Radio-Notre-Dame (disponible seulement à compter du 19 avril 2015).

En bas de page, vous avez désormais les versions vidéo des commentaires, trouvées sur KTO TV.

PREMIÈRE LECTURE – Actes des apôtres 3, 13… 19

En ces jours-là, devant tout le peuple,
Pierre prit la parole :
« Hommes d’Israël,
13 le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob,
le Dieu de nos pères,
a glorifié son serviteur Jésus,
alors que vous, vous l’aviez livré ;
vous l’aviez renié en présence de Pilate, qui était décidé à le le relâcher,
vous l’aviez rejeté.
14 Vous avez renié le Saint et le Juste
et vous avez demandé
qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier.
15 Vous avez tué le Prince de la vie
lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts,
nous en sommes témoins.
17 D’ailleurs, frères, je sais bien
que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs.
18 Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé
par la bouche de tous les prophètes :
que le Christ, son Messie, souffrirait.
19 Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu
pour que vos péchés soient effacés. »

LA GUÉRISON DE L’INFIRME DE LA BELLE PORTE
Pierre s’adresse à un public juif : « Hommes d’Israël ». Il leur parle comme à des frères, il dit « frères » d’ailleurs, mais en même temps on voit bien qu’il n’est plus tout à fait du même bord, si l’on peut dire ; il est clair qu’il a pris parti pour Jésus-Christ et il s’adresse à ceux qui sont responsables de sa mort, « responsables mais pas coupables », dirait-on aujourd’hui. Ce public auquel il s’adresse est certainement tout ouïe parce qu’il vient d’assister à quelque chose d’extraordinaire :
nous sommes au Temple de Jérusalem, vers trois heures de l’après-midi, l’heure de la prière. A l’une des portes du Temple, celle qu’on appelle la Belle Porte, un infirme tendait la main aux passants, comme chaque jour, depuis des années ; parmi ces passants, se trouvaient Pierre et Jean ; et Pierre a dit au mendiant « De l’or ou de l’argent, je n’en ai pas ; mais ce que j’ai, je te le donne : au nom de Jésus Christ le Nazaréen, marche ! » Et, raconte Luc, prenant l’infirme par la main droite, Pierre l’a fait lever ; à l’instant même l’homme a senti ses pieds et ses chevilles s’affermir ; d’un bond, il était debout, lui qui n’avait jamais marché, et il est entré dans le Temple, en marchant, en bondissant plutôt, et en louant Dieu.
Évidemment, après une chose pareille, les spectateurs sont prêts à écouter les explications. Pierre improvise donc un discours : « Israélites, pourquoi vous étonner de ce qui vient d’arriver ? Et pourquoi nous regardez-vous comme des bêtes curieuses ? Ce n’est ni notre piété personnelle ni notre propre puissance qui ont fait ce miracle… C’est Jésus lui-même qui l’a guéri. » Voilà donc le contexte dans lequel Pierre prend la parole : c’est une véritable plaidoirie ; pour lui, il s’agit de faire franchir à ses interlocuteurs une étape capitale dans la foi ; tous partagent la même foi dans le Dieu des Pères, tous attendent le Messie, tous connaissent les prophéties de l’Ancien Testament ; mais comment les convaincre que ces prophéties concernaient Jésus-Christ ? Au fond Pierre essaie d’ouvrir les yeux des Juifs sur ce qu’on peut appeler une « erreur judiciaire ».

UNE ERREUR JUDICIAIRE
L’erreur, d’après Pierre, c’est d’avoir livré à tort un innocent à la justice, d’avoir fait gracier un meurtrier, Barabbas, et obtenu la peine de mort contre l’innocent, tout cela par ignorance. L’erreur, c’est de n’avoir pas reconnu dans cet homme juste le Messie.
Jésus lui-même l’a dit sur la croix : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34).
Il faut reconnaître qu’il y avait de quoi se tromper ; Jésus de Nazareth ne ressemblait guère au Messie qu’on attendait. Et sa mort même, sa déchéance plaidait contre lui ; sûrement, si Dieu était comme l’on croyait, il lui aurait évité de souffrir…
Pierre affirme tranquillement « Dieu avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes que son Messie souffrirait ». En fait, on ne trouve nulle part dans l’Ancien Testament une affirmation aussi claire du genre « le Messie de Dieu sera d’abord rejeté, injustement condamné, mais c’est comme cela qu’il sauvera l’humanité » ; on trouve beaucoup d’annonces du Messie sous les traits d’un roi qui libèrera son peuple, d’un prêtre qui obtiendra le pardon des péchés, d’un prophète qui apportera le salut de Dieu, d’un Fils de l’homme victorieux de toutes les forces du mal ; mais dans toutes ces annonces, on entend surtout un langage de victoire ; restent les fameux chants du Serviteur et en particulier le chant du Serviteur souffrant dans le livre d’Isaïe, mais, visiblement, ils n’inspiraient guère les chefs des prêtres à l’époque de Jésus. Bien sûr, après coup, pour ceux qui ont été témoins de la résurrection du Christ, pour ceux dont le cœur a été « ouvert à l’intelligence des Écritures », comme dit ailleurs saint Luc, tout est lumineux ; ils relisent les prophéties d’Isaïe et ils redécouvrent ces fameux textes qui présentaient le Messie sous les traits d’un Serviteur innocent mais persécuté et finalement mis à mort avant d’être glorifié par Dieu, et ils les relisent comme une annonce des souffrances et de la glorification de Jésus.

LE SERVITEUR SOUFFRANT ANNONCÉ PAR ISAÏE
Le quatrième chant du Serviteur, en particulier, s’applique parfaitement à la Passion du Christ : « Il n’avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions, ni apparence telle que nous le recherchions. Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance, tel celui devant qui on cache son visage ; oui, méprisé, nous ne l’estimions nullement. En fait, ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées, et nous, nous l’estimions frappé par Dieu et humilié… »
Brutalisé, il s’humilie ; il n’ouvre pas la bouche, comme un agneau traîné à l’abattoir, comme une brebis devant ceux qui la tondent : elle est muette ; lui n’ouvre pas la bouche. Sous la contrainte, sous le jugement, il a été enlevé… Il a été retranché de la terre des vivants…
Ce texte dit aussi la glorification du Serviteur souffrant : « Voici que mon Serviteur triomphera, il sera haut placé, exalté, élevé à l’extrême. De même que les foules ont été horrifiées à son sujet, de même à son sujet des foules de nations vont être émerveillées… Sitôt reconnu comme juste, il dispensera la justice, lui, mon Serviteur, au profit des foules… » (Is 53, 2… 11).
On voit bien l’importance qu’un tel texte a pu prendre pour les premiers Chrétiens dans leur méditation sur le mystère du Christ.
Et c’est à cette découverte-là que Pierre veut amener les Juifs auxquels il adresse son discours ; et il leur dit « rien n’est jamais perdu ; il est toujours temps de réparer une erreur judiciaire, de réhabiliter un innocent ; et la merveille de la miséricorde de Dieu, c’est qu’elle s’applique à vous, justement, la prière du Christ : Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. Je sais bien que vous agi dans l’ignorance, vous et vos chefs… Convertissez-vous donc et revenez à Dieu pour que vos péchés soient effacés ».

PSAUME – 4, 2. 4. 7. 9

2 Quand je crie, réponds-moi,
Dieu, ma justice !
Toi qui me libères dans la détresse,
pitié pour moi, écoute ma prière !

4 Sachez que le SEIGNEUR a mis à part son fidèle
Le SEIGNEUR entend quand je crie vers lui.
7 Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »
Sur nous, SEIGNEUR, que s’illumine ton visage !

9 Dans la paix, moi aussi,
je me couche et je dors ;
car tu me donnes d’habiter, SEIGNEUR,
seul, dans la confiance.

LE SEIGNEUR ENTEND QUAND JE CRIE VERS LUI
Il est bien court, ce psaume 4 (qui ne comporte en tout que neuf versets ; nous en lisons trois ici) ; mais il est riche de toute la foi d’Israël, de toute cette longue histoire d’Alliance entre le peuple élu et son Dieu, pendant des siècles. Confiance et supplication mêlées, fierté et bonheur d’être le peuple élu, découverte du Dieu libérateur, tout y est. Premièrement, la prière du peuple d’Israël est faite de confiance et supplication mêlées : « Quand je crie, réponds-moi, Dieu, ma justice ! Toi qui me libères dans la détresse, pitié pour moi, écoute ma prière ! » Et encore : « Le Seigneur entend quand je crie vers lui » (verset 4). Dans toute prière juive, nous trouvons ce mélange d’action de grâce et de supplication ; à tel point que le même mot « Hosanna » est employé pour dire à la fois « Seigneur, tu nous sauves, gloire à toi » ET « S’il te plaît, Seigneur, sauve-nous ».
Un autre psaume dit : « Dieu notre Dieu nous bénit, Que notre Dieu nous bénisse » ! C’est logique : quand on adresse une prière à quelqu’un, on reconnaît implicitement qu’il peut et veut notre bien ; sinon, on ne le prierait pas ! Et quand nos enfants nous demandent quelque chose, nous sommes heureux et fiers, car c’est une preuve de confiance qu’ils nous donnent.
Le peuple d’Israël ne nous a pas attendus pour savoir que le dessein de Dieu n’est que bienveillant et que sa toute puissance est celle de l’amour. Jésus disant à son Père « Je sais bien que tu m’exauces toujours » était bien un fils d’Israël. Au sein même de cette certitude, la prière peut se faire « cri » parce que la foi la plus pure ne dispense pas de souffrir ; et il y a bien dans nos vies des moments où la détresse nous fait non pas « prier » mais « crier »… C’est l’un des cadeaux de la Bible que de nous révéler qu’il est permis de « crier »…
Deuxième trait de la foi juive, la fierté, le bonheur d’être le peuple élu, mis à part, consacré. C’est le sens du dernier verset : « Tu me donnes d’habiter, SEIGNEUR, seul, dans la confiance » : en réalité, ici, le mot « seul » veut dire « à part ». « Habiter à part, dans la confiance », en langage biblique, cela signifie qu’on sait où est le vrai bonheur : les étrangers nous demandent « qui nous fera voir le bonheur ? » Eh bien, nous, nous savons où réside le bonheur de l’homme, c’est dans l’Alliance avec notre Dieu.
Nous avons entendu également : « Le SEIGNEUR a mis à part son fidèle », et le mot « fidèle », en hébreu, c’est le « hassid », le bien-aimé ; et on sait bien que ce choix, cette élection comme on dit, est pur choix de Dieu, inexplicable, immérité, comme tous les choix d’amour… Ce n’est pas une affaire de mérite : on n’oublie jamais cette phrase du Deutéronome : « Si le SEIGNEUR s’est attaché à vous et s’il vous a choisis, ce n’est pas que vous soyez le plus nombreux de tous les peuples, car vous êtes le moindre de tous les peuples… Ce n’est pas parce que tu es juste ou que tu as le cœur droit que tu vas entrer prendre possession de ce bon pays… car tu es un peuple à la nuque raide » (Dt 7, 7 ; 9, 5…7). On n’en tire donc pas orgueil, c’est un fait, tout simplement ; un fait qui nourrit la confiance éperdue qui ne quitte jamais Israël, même dans les situations les plus dramatiques : « Dans la paix, je me couche et je dors ; car tu me donnes d’habiter, Seigneur, à part, dans la confiance » ; source de bonheur et de fierté, cette élection est source aussi de bien des persécutions, au long des siècles ; cette mise à part signifie aussi isolement, incompréhension : inévitablement, « à part » signifie aussi « différent ».

HABITER DANS LA CONFIANCE
Enfin, troisième aspect de la prière d’Israël, la découverte du Dieu libérateur. « Toi qui me libères dans la détresse… », ce n’est pas un effet de style, c’est l’expérience qui parle ! Il ne faut pas oublier que la première expérience qu’Israël a faite de Dieu, c’est l’Exode : Dieu a entendu la souffrance des esclaves, des humiliés et il les a libérés de l’Égypte, la maison de servitude, selon l’expression consacrée. Et si Dieu a libéré son peuple de la domination du Pharaon, ce n’est pas pour lui imposer une autre domination, la sienne ; c’est pour lui offrir le bonheur et la liberté ; là, ce psaume consonne très fort encore une fois avec les méditations du livre du Deutéronome ; notre psaume dit : « Tu as versé la joie dans mon cœur plus qu’au temps où débordent le froment et le vin… tu me donnes d’habiter, à part, dans la confiance » et en écho le Deutéronome : « Confiant, Israël se repose ; elle coule à l’écart, la source de Jacob, vers un pays de blé et de vin nouveau, et le ciel même y répand la rosée » (Dt 33, 28).
Cette expérience du Dieu libérateur n’appartient pas seulement au passé tel qu’il est raconté dans le livre de l’Exode : il y a dans nos vies bien d’autres maisons de servitude et Dieu a été découvert comme celui qui accompagne toute entreprise de libération. « Toi qui me libères dans la détresse… », c’est au présent. Il y a là l’expression d’une véritable expérience de foi : l’homme religieux dit « J’aime Dieu », le croyant dit « Dieu m’aime et me libère ».
Enfin, il faut entendre cette magnifique formule de bénédiction, « Sur nous, SEIGNEUR, que s’illumine ton visage ! » C’est le souhait le plus cher du croyant pour ceux qu’il aime ; c’est la formule du livre des Nombres « Que le SEIGNEUR te bénisse et te garde, qu’il fasse sur toi rayonner son Visage, que le SEIGNEUR te découvre sa Face, qu’il te prenne en grâce et t’apporte la paix. » (Nb 6, 24-26).

DEUXIÈME LECTURE – Première lettre de saint Jean 2, 1 – 5a

1 Mes petits enfants,
je vous écris cela pour que vous évitiez le péché.
Mais si l’un de nous vient à pécher,
nous avons un défenseur devant le Père :
Jésus Christ, le Juste.
2 c’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés,
non seulement des nôtres,
mais encore de ceux du monde entier.
3 Voici comment nous savons
que nous le connaissons :
si nous gardons ses commandements.
4 Celui qui dit : « Je le connais »,
et qui ne garde pas ses commandements,
est un menteur :
la vérité n’est pas en lui.
5 Mais en celui qui garde sa parole,
l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection.

TOUS, PÊCHEURS PARDONNÉS
Jean développe ici trois certitudes : premièrement, nous sommes tous pécheurs ; deuxièmement, nous sommes tous des pécheurs pardonnés ; troisièmement, c’est en Jésus que nous sommes pardonnés.
Premièrement, nous sommes tous pécheurs : même si le péché n’est pas notre sujet de conversation le plus habituel, nous savons bien et nous disons volontiers que « nul n’est parfait » ; si Jean dit : « Mes petits enfants, je vous écris pour que vous évitiez le péché », cela veut bien dire qu’il considère la vie chrétienne comme un combat ; nous sommes tous des êtres partagés, nous avons tous un côté ombre et un côté lumière.
Et chacun de nous peut dire comme Paul : « Je ne comprends rien à ce que je fais : ce que je veux, je ne le fais pas, mais ce que je hais, je le fais » (Rm 7, 15). Isaïe, lui aussi, le grand Isaïe, prenant conscience de la sainteté de Dieu, s’écriait : « Je ne suis qu’un homme aux lèvres impures » (Is 6, 5).
Et Jean, dans cette même première lettre, constate « le monde tout entier gît sous l’empire du Mauvais » (1 Jn 5, 19). On n’a pas le droit de se voiler la face sur cette vérité-là et de se prendre pour des purs ! Quelques lignes avant le passage d’aujourd’hui, Jean a dit crûment : « Si nous disons : Nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous » (1 Jn 1, 8).
Mais, et voilà la deuxième certitude, la grande nouvelle de la Bible, ce n’est pas que nous sommes pécheurs, c’est que nous sommes pardonnés ; l’annonce de Jésus à tous ceux qu’il rencontre dans les Évangiles, c’est « tes péchés sont pardonnés ». Et le Credo nous fait dire non pas « je crois que nous sommes pécheurs », mais « je crois à la rémission des péchés ». La conclusion de cette lettre, c’est « Je vous ai écrit tout cela pour que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, vous qui avez la foi au nom du Fils de Dieu »… Un des axes de la pédagogie biblique a certainement été de faire passer l’homme du sentiment de culpabilité à l’accueil humble et reconnaissant du pardon de Dieu.
On en a un exemple dans le psaume 50/51 qui commence par dire « ma faute est toujours devant moi sans relâche » (voilà le sentiment de culpabilité) et qui ajoute « Contre toi et toi seul j’ai péché, ce qui est mal à tes yeux je l’ai fait » (là s’amorce le repentir, versets 5-6).
La véritable attitude pénitentielle, ce n’est pas de faire le compte de nos péchés, c’est d’accueillir le pardon de Dieu qui nous précède toujours. De l’accueil de l’enfant prodigue par le Père à la phrase de Jésus à la femme adultère, l’évangile répète ce que l’Ancien Testament avait déjà dit, à savoir que le pardon de Dieu est toujours offert. Le sentiment de culpabilité nous emprisonne, on peut même dire nous « empoisonne » ; la vérité nous libère : cette vérité, c’est à la fois nous sommes pécheurs, et Dieu est Amour et Pardon, nous sommes pardonnés.
C’est bien le sens des affirmations de Jean : « Si nous disons : Nous n’avons pas de péché, nous nous égarons nous-mêmes et la vérité n’est pas en nous » (1 Jn 1, 8)… « Si nous confessons nos péchés, fidèle et juste comme il est, il nous pardonnera nos péchés et nous purifiera de toute iniquité » (1 Jn 1, 9).

JÉSUS, NOTRE DÉFENSEUR
Enfin, troisième certitude exprimée par Jean dans le texte d’aujourd’hui, c’est en Jésus que nous sommes pardonnés : « Si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus-Christ, le Juste. Il est la victime offerte pour nos péchés… » L’expression « victime offerte pour nos péchés » n’est pas compréhensible dans notre mentalité d’aujourd’hui. Pour la comprendre, il faut nous reporter à la liturgie juive des contemporains de Jean. Tout au long de l’Ancien Testament, le peuple juif avait conscience d’être pécheur, d’être infidèle à l’Alliance et, pour renouer cette Alliance, il offrait des sacrifices, des victimes, au temple de Jérusalem. Désormais, dit Jean, ce culte-là est révolu ; Jésus s’offre lui-même pour rétablir définitivement l’Alliance entre Dieu et les hommes. Quand Jean, dans son évangile, désigne Jésus comme « l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde », c’est exactement la même chose.
Et la lettre aux Hébreux affirme que « Jésus supprime le premier culte pour établir le second » : « En entrant dans le monde, le Christ dit : de sacrifice et d’offrande, tu n’as pas voulu. Mais tu m’as façonné un corps. Holocaustes et sacrifices pour le péché ne t’ont pas plu. Alors j’ai dit me voici… je suis venu, ô Dieu, pour faire ta volonté. » (He 10). En Jésus une étape décisive de l’histoire de l’humanité a été franchie : ce n’est plus au Temple de Jérusalem que nous recevons le pardon de Dieu, c’est dans l’union au Christ mort et ressuscité.1 Une union offerte à tous les hommes : « Il est la victime offerte pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais encore pour ceux du monde entier. » Jésus l’a précisé lui-même à plusieurs reprises, en particulier dans l’institution de l’Eucharistie : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. » (Mc 14, 24).
Mais l’expression « victime offerte » peut prêter à contresens ! Si nous relisons bien la lettre aux Hébreux, elle nous dit que, avec Jésus-Christ, cette formule « victime offerte » a complètement changé de sens. Ce n’est pas par des actions que Jésus nous sauve du péché, c’est par son être même : lui qui est sans péché, c’est-à-dire qu’il ne quitte pas la présence du Père, qu’il est sans cesse « tourné vers le Père » (comme dit le Prologue de l’évangile de Jean), c’est-à-dire en perpétuel dialogue d’amour avec Dieu, avec le Père. Il est en même temps auprès de nous pour nous réconforter, nous assister. Jean emploie le mot « Défenseur » pour désigner ce lien désormais tissé entre Dieu et l’humanité : « Nous avons un Défenseur devant le Père ». Comme dit magnifiquement la première prière eucharistique pour la réconciliation, désormais « ses bras étendus dessinent entre ciel et terre le signe indélébile de l’Alliance ».
—————————————-
Note
1 – De manière imagée, Jean disait la même chose dans l’épisode de la Purification du Temple : lorsque Jésus proclamait « Détruisez ce Temple et en trois jours je le rebâtirai », Jean commentait « Le Temple dont il parlait c’était son corps. »

ÉVANGILE – Saint Luc 24, 35 – 48

En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs
racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons
35 ce qui s’était passé sur la route,
et comment le Seigneur
s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.
36 Comme ils en parlaient encore,
lui-même fut présent au milieu d’eux,
et leur dit : « La paix soit avec vous ! »
37 Saisis de frayeur et de crainte,
ils croyaient voir un esprit.
38 Jésus leur dit :
« Pourquoi êtes-vous bouleversés ?
Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre coeur ?
39 Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi !
Touchez-moi, regardez :
un esprit n’a pas de chair ni d’os
comme vous constatez que j’en ai. »
40 Après cette parole,
il leur montra ses mains et ses pieds.
41 Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire,
et restaient saisis d’étonnement.
Jésus leur dit :
« Avez-vous ici quelque chose à manger ? »
42 Ils lui présentèrent une part de poisson grillé
43 qu’il prit et mangea devant eux.
44 Puis il leur déclara :
« Voici les paroles que je vous ai dites
quand j’étais encore avec vous :
Il faut que s’accomplisse
tout ce qui a été écrit à mon sujet
dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
45 Alors il ouvrit leur intelligence
à la compréhension des Ecritures.
46 Il leur dit :
« Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait,
qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour,
47 et que la conversion serait proclamée en son nom,
pour le pardon des péchés,
à toutes les nations,
en commençant par Jérusalem.
48 À vous d’en être les témoins. »

LE PROJET DE DIEU EN MARCHE
La phrase qui est au cœur de ce texte nous parle d’accomplissement : « Il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les prophètes et les psaumes. » Le thème de l’accomplissement court dans toute la Bible ; on pourrait comparer Dieu à un artiste qui a conçu une œuvre d’art : je me rappelle un sculpteur qui a entrepris, il y a quelques années, pour une église, une énorme croix en bronze doré. Dès les premiers croquis, il l’imaginait, il la voyait, et, déjà, elle le remplissait de joie ; il a fallu plusieurs mois, sinon plusieurs années, pour que son rêve devienne réalité : il a fallu aussi des collaborateurs qui lui ont fait confiance puisque lui seul avait le secret de son chef-d’œuvre ; elle est née, enfin, l’œuvre, après bien des efforts, des fatigues, la chaleur du four, et tous enfin, ont su à quelle merveille ils avaient collaboré. Après coup, ils peuvent enfin dire « oui, il fallait » bien tout cela pour en arriver là !
Le dessein bienveillant de Dieu qui se réalise dès « avant la fondation du monde », comme dit Paul, est bien plus grandiose qu’une œuvre d’art, si belle soit-elle ! Et on peut lire tout au long de la Bible, l’histoire de ce projet en marche : la longue patience de Dieu à travers le temps, les étapes et les débuts de réalisation, les échecs et les recommencements, les collaborations. Dire que le dessein bienveillant de Dieu s’accomplit dans l’Histoire des Hommes, c’est dire que l’Histoire de l’Humanité a un « SENS », c’est-à-dire à la fois une « signification » et une « direction ». C’est un article de notre foi. Ce qui veut dire que nous n’avons jamais le droit de céder à la morosité ambiante ! Les croyants sont tournés vers l’avenir (l’à-venir) et non vers le passé ! Dans le Notre Père, ils disent : « Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », en d’autres termes, « que s’accomplisse ton projet ».

DIEU CHERCHE DES COLLABORATEURS
Comme notre sculpteur, Dieu cherche des partenaires pour son projet : la Bible nous dit que, depuis toujours Dieu propose à l’humanité de collaborer à son grand projet : il y a eu Adam, Noé, Abraham… et le choix du peuple d’Israël pour être le partenaire de Dieu au service de l’humanité tout entière.
Ce choix de Dieu qu’on appelle l’élection d’Israël reste valable encore aujourd’hui : cette Alliance proposée à Israël n’a jamais été dénoncée par Dieu ! Israël est encore le peuple élu, car « Dieu ne peut se renier lui-même » (2 Tm 2, 13).
Puis le Christ a pris chair au sein de ce peuple élu, et enfin, il a transmis la mission à tous ceux qui veulent bien entrer dans son Eglise.
« Comme le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie », dit-il dans l’évangile de Jean (Jn 20, 21).
Bien sûr, à force de parler de projet de Dieu, on peut se demander ce que devient notre Liberté. Or, l’une des découvertes d’Israël, c’est que Dieu ne tire pas toutes les ficelles, l’homme a une responsabilité dans son histoire ; il n’y a pas un scénario écrit d’avance. Au contraire, Dieu respecte la liberté de l’homme ; et, d’après saint Pierre, c’est justement parce que Dieu respecte la liberté de l’homme que le projet n’avance pas plus vite !
« Le Seigneur ne tarde pas à accomplir sa promesse, alors que certains prétendent qu’il a du retard, mais il fait preuve de patience envers vous, ne voulant pas que quelques-uns périssent mais que tous parviennent à la conversion. » (2 P 3, 9).
Quand les croyants relisent les Écritures, ils y déchiffrent cette longue patience de Dieu.
Pierre dit encore : « Il y a une chose en tout cas, mes amis que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans et mille ans comme un jour » (2 P 3, 8).
Quand le Christ dit à ses apôtres « Il fallait », il leur apprend justement à reconnaître sous la surface des jours et des millénaires la lente mais sûre maturation de l’humanité nouvelle qui sera un jour réunie en lui. C’est cela « l’intelligence des Écritures ». Non pas « c’était écrit, programmé » ; mais c’est dans la ligne de l’œuvre de Dieu. Alors, pour les disciples, tout est devenu lumineux : bien sûr, le Dieu d’amour et de pardon ne pouvait qu’aller jusqu’au bout de l’amour et du pardon ; bien sûr, l’Alliance d’amour parfaite entre Dieu et l’humanité ne pouvait être scellée que dans l’homme-Dieu, celui qui est l’amour même. Bien sûr, pour nous entraîner au-delà de la mort, dans la lumière de la Résurrection, il fallait qu’il traverse lui-même la mort ; bien sûr, pour nous apprendre à surmonter la haine avec la seule force de l’amour, il fallait qu’il affronte lui-même la haine et la dérision ; bien sûr, pour inaugurer l’humanité qui connaît le Père, il fallait qu’il vienne nous révéler le vrai visage de Dieu sur un visage d’homme : « Qui m’a vu a vu le Père » ; ce « il fallait », Jésus lui-même l’a expliqué à Pilate au cours de la Passion (Jn 18, 37) : « Je suis né, je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité… »
————————————–
Complément
Notre mission de collaboration au projet de Dieu, c’est d’annoncer à notre tour (et de vivre le mieux possible) le dessein bienveillant de Dieu. C’est ce que Paul appelle « achever dans notre chair ce qui manque à l’œuvre du Christ ». « Achever dans notre chair » voulant dire tout simplement mettre notre vie quotidienne au service de ce grand projet.
Voilà la phrase de Paul : « Ce qui manque aux détresses du Christ, je l’achève dans ma chair pour son Corps qui est l’Eglise ; j’en suis devenu le ministre en vertu de la charge que Dieu m’a confiée à votre égard : achever l’annonce de la Parole de Dieu, le mystère tenu caché tout au long des âges et que Dieu a manifesté maintenant à ses saints. Il a voulu leur faire connaître quelles sont les richesses et la gloire de ce mystère parmi vous… » (Col 1, 24-26).

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8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 23:01

Le 9 avril est le 99ejour de l'année

 

(100e en cas d'année bissextile) du calendrier grégorien

 

Il reste 266 jours avant la fin de l'année

 

C'était généralement le jour de la ruche, 20e jour du mois de germinal, dans le calendrier républicain français

 

Signe du zodiaque : 20e jour du signe astrologique du Bélier

 

Traditions et superstitions 

Le festival des Ludi megalenses (en), jeux de Megalesia (du grec μϵγάληϑϵός, Grande Déesse, autre nom de Cybèle) se déroulait entre le 4 et 10 avril: la statue de la déesse, sous un vacarme de cymbales et tambours, était portée en procession dans Rome, tandis que se déroulaient les jeux et qu'étaient suspendues les activités du forum.

 

Dicton

"En avril, ne te découvre pas d'un fil ; en mai, fais ce qu'il te plaît !"

Célébrations 

 
Saints chrétiens
 

Martyrologe pour le neuvième jour d'avril,

 

En Afrique du Nord, les saints martyrs de Massylia, dont saint

 

Augustin a loué la patience.

 

Leur mention figure dans les plus anciens calendriers.

 

L'an 474, saint Marcel, évêque de Die (Di).

 

Emprisonné par les Ariens, puis exilé quelque temps, il montra

 

toujours beaucoup de patience et de douceur dans ses épreuves.

 

En Mésopotamie, au Ve siècle, saint Acace, évêque.

 

Pour racheter des prisonniers de guerre persans, il fit fondre et vendre

 

les vases sacrés de son Église.

 

En 688, sainte Valtrude ou Waudru, mère de famille chrétienne.

 

Après avoir élevé ses quatre enfants, tous honorés comme saints, elle

 

embrassa la vie de prière dans la solitude où plusieurs vocations la

 

rejoignirent.

 

Elle fonda alors un monastère autour duquel se forma la ville de

 

Mons, dans le Hainaut.

 

En 732, le trépas de saint Hugues, évêque de Rouen.

 

 

Et encore ailleurs, beaucoup d'autres saints et bienheureux.

 

Saint Maxime d'Alexandrie Evêque d'Alexandrie (+ 288)


Prêtre, il gouverna le patriarcat de 251 à 264, pendant l'exil du patriarche

 

saint Denis auquel il succéda en 265.

 

Evêque d'Alexandrie, il favorisa la célèbre école théologique de cette

 

ville.

 

Il communiqua aux Eglises d'Egypte les décisions du concile d'Ephèse

 

sur la Maternité divine de Marie, en vue de préserver la foi catholique.

 

 

C'est ainsi qu'il dût chasser d'Égypte l'hérétique Paul de Samosate.

 

(martyrologe romain)


http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_patriarches_pr%C3%A9chalc%C3%A9doniens_d%27Alexandrie



Saint Acace Evêque et confesseur (5ème s.)
 

 

Evêque et confesseur. Il était évêque d'Amida en Mésopotamie (Irak).

 

En 419, l'empereur Théodose II l'envoie en ambassade auprès du roi des Perses.

 

Le premier fruit de cette ambassade sera la réunion, par le catholicos nestorien, d'un concile des Eglises perses.

 

En 421, la guerre éclate entre les deux empires. 7000 Perses sont faits prisonniers par les Byzantins.

 

Ces prisonniers meurent de faim car leur nombre est trop grand.

 

L'évêque Acace vend les vases sacrés de son église pour payer leur rançon et les libère.

 

Beaucoup en deviendront chrétiens.

 

Reconnaissant, le roi de Perse, Bahram V, cesse de persécuter les

 

chrétiens nestoriens de son empire.

 

C'est encore Acace qui lui sera envoyé pour négocier la paix en 422.

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Amida

Autre biographie:


Évêque d'Amida, en Mésopotamie.

 

Il se distingue particulièrement pour avoir fait fondre la plupart des

 

objets précieux de son église afin de payer une rançon pour faire

 

libérer de nombreux prisonniers de guerre.

 

Fortement impressionné par ce geste, le roi de Perse Bahram V

 

ordonne l’arrêt des persécutions contre les chrétiens dans son royaume.

 

http://fr.wikipedia.org/wiki/Vahram_V



Bienheureux Antoine Pavoni Inquisiteur dominicain, martyr (+ 1374)


Martyr.

 

D'une noble famille piémontaise, il entre à quinze ans chez les

 

dominicains.

 

A trente-neuf ans, il est nommé inquisiteur général pour le Piémont et

 

est envoyé pour convertir les hérétiques vaudois et réconforter la foi

 

des catholiques.

 

Furieux du succès de sa prédication, certains Vaudois décident de le

 

supprimer.

 

Il le sait, mais continue son oeuvre.

 

La veille de sa mort, il passe la nuit en prière, célèbre la messe et

 

prêche le matin.

 

A la sortie, sept personnes le poignardent.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Inquisiteur



Sainte Casilda (+ 1007)

200px-Casilda.jpg

Sainte Casilda de Tolède par Francisco de Zurbarán.

Vierge. Elle était la fille du prince de Tolède qui était de race Maure. Bien que n'étant pas encore chrétienne, elle allait soutenir et nourrir les chrétiens qui mouraient de faim dans les prisons. Elle obtint de son père de quitter Tolède pour Burgos et elle put ainsi se faire baptiser. Elle y passa le reste de ses jours.

Autre biographie:
Ste-Casilde de Briviesca Fille du roi (Maure) de Tolède qui voue une haine farouche aux chrétiens. Elle rend visite secrètement aux prisonniers chrétiens et les réconforte, ce qui provoque la colère de son père. Elle s’enfuit donc de la maison familiale, se fait baptiser, et devient ermite près de Burgos (+ vers 1050).

Voir aussi:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Casilda_de_Tol%C3%A8de



Bienheureuse Célestine Faron (+ 1944)
Jeune religieuse polonaise, elle était entrée à 16 ans chez les Petites Servantes de l'Immaculée Conception. Elle avait offert sa vie pour le retour d'un prêtre qui s'était éloigné de la foi. Dieu l'entendit. Arrêtée en février 1942 par la Gestapo allemande, elle fut déportée à Auschwitz où elle mourut le jour de Pâques 1944, des suites des tortures qu'elle avait courageusement supportées.



Saint Demetrius martyr (4ème s.)
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ou Dimitri. Après saint Georges, il est le plus célèbre martyr militaire de l'Orient, d'où son nom de "mégalomartyr". Diacre à Sirmium en Dalmatie, il souffrit le martyre sous Dioclétien. Il est mentionnné dans la liturgie byzantine.

Voir aussi:
http://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9m%C3%A9trios_de_Thessalonique
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A9galomartyr



Saint Edèse Martyr (+ 306)
Il vivait à Alexandrie et il s'y distinguait par son érudition dans les sciences profanes et sacrées. Durant la persécution, il réagit avec éclat lorsqu'il apprit les sévices que le gouverneur d'Alexandrie faisait subir aux vierges chrétiennes qui étaient arrêtées. Sa courageuse intervention fut récompensée par la palme du martyre, il fut arrêté par des soldats, soumis à des supplices et enfin jeté dans la mer pour le Christ Jésus.



Saint Eupsyque de Césarée (4ème s.)
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Cappadoce et Mont Erciyes

Martyr sous l'empereur Julien l'Apostat. Eupsyque avait fait détruire le temple de la Fortune. L'empereur arrivé au pouvoir ordonna de le décapiter, puis il ordonna aux habitants, en grande majorité chrétiens, de reconstruire le temple. Ce qu'ils firent en construisant une église en l'honneur de saint Eupsyque.

Autre biographie:
Alors qu’il vient de se marier, il est accusé d’avoir organisé la destruction d’un des derniers temples païens de la région de Césarée, en Cappadoce durant la persécution de l’empereur Julien l’Apostat. Avant de partir en campagne pour Antioche, ce dernier ordonne aux chrétiens de rebâtir le temple détruit ; au lieu de cela, ils bâtissent une église et sont condamnés au martyr (+ 362) Saint-Eupsyque est invoqué par les personnes qui ont besoin de trouver les fonds nécessaires pour payer des études.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cappadoce



Saint Gaucher d'Aureil Abbé de Chavagnac (+ 1130)
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Les reliques de saint Gaucher et saint Faucher

Confesseur. Originaire de Meulan sur Seine dans les Yvelines, il cherche la solitude. A vingt-deux ans, il pense la trouver dans le pays de Limoges où les chanoines lui donnent une forêt qu'ils possèdent. Des disciples vinrent le retrouver pour se mettre sous sa conduite. On peut citer saint Etienne, fondateur de l'Ordre de Grandmont et saint Lambert, fondateur de l'abbaye de la Couronne près d'Angoulême qui nous ont parlé de lui.
http://nominis.cef.fr/contenus/saints/593/Saint-Etienne-de-Grandmont.html

Autre biographie:
Fondateur et abbé du monastère augustinien deSaint-Jean d’Aureil et abbé du monastère Saint-Étienne de Muret. Il décède des suites d’une chute de cheval (+ 1140)
http://pagesperso-orange.fr/grandmont/Aureil.htm
http://www.culture.gouv.fr/culture/inventai/itiinv/ambazac/saintetiennedemuret.html

Voir aussi:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Aureil
http://www.mairie-aureil.fr/



Saint Hugues de Rouen Evêque de Rouen, de Paris et de Bayeux (+ 730)
Neveu de Charles Martel, cousin de Pépin le Bref, il consacra sa vie au service de l'Eglise d'abord comme abbé de Fontenelle, actuellement abbaye de Saint Wandrille, puis comme évêque de Paris et de Bayeux. Son oncle lui avait donné des biens temporels nombreux. Saint Hugues en tira un grand profit spirituel.

Voir aussi:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Hugues_de_Rouen



Saint Liboire Evêque du Mans (4ème s.)
450px-Paderborner_Dom_Dreifaltigkeitskap

Saint Liboire du Mans, bas relief de la cathédrale Saint-Liboire de Paderborn (Allemagne)

Liboire (Liborius en latin). Il est le patron de la cathédrale de Paderborn en Allemagne où se trouvent ses reliques depuis 836.
(Paderborn : les fêtes de la Saint Liboire - site du diocèse du Mans)
http://dioceselemans.com/index.php?option=com_content&task=archivecategory&year=2005&month=07&module=1

Voir aussi l'homélie de Jean-Paul II à la paroisse San Liborio de Rome le 17 janvier 1999
http://www.vatican.va/holy_father/john_paul_ii/homilies/1999/documents/hf_jp-ii_hom_19990117_fr.html

Sur le site "université de Napierville" au Canada, on peut lire:
http://www.udenap.org/groupe_de_pages_05/st_liboire.htm

"St Liboire est toujours représenté avec la mitre et la crosse avec, dans la main gauche, les Évangiles sur lesquelles sont posés trois petits cailloux.
Une incantation du haut moyen-âge en explique le symbolisme:

Saint Liboire, ô mon bon père
Intercède pour que nous n'ayons
Ni crise ni cailloux.

Saint Liboire est donc un saint guérisseur des maladies 'de la pierre' et est vénéré dans de nombreuses villes d'eau (comme à Contrexéville, dans les Vosges) pour la guérison des maladies biliaires et des calculs."

Voir aussi:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Liboire
http://wikiwix.com/cache/?url=http://www.udenap.org/groupe_de_pages_05/st_liboire.htm&title=[1]



Saint Marcel Evêque de Die (6ème s.)
Confesseur. Il avait participé au ministère pastoral de son frère qui était évêque de Die. Quand celui-ci mourut, les fidèles élirent saint Marcel pour lui succéder. Après avoir été persécuté par Gondioc, roi arien des Burgondes, il réussit à le convertir.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_%C3%A9v%C3%AAques_de_Die



Saint Notger Evêque de Liège (+ 1008)
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"Tous ses contemporains ont vanté ses vertus, sa droiture, sa justice, son courage, sa charité, sa piété, son esprit de mortification; la plupart lui donnent le titre de saint, et il est certain qu'il ne se rencontre pas une seule tache ni dans son rôle public, ni dans sa vie privée. Il mourut le 10 avril 1008 (cette date n'est plus discutable), après trente-six ans de pontificat et, selon son désir, fut enterré clans une chapelle de l'église Saint-Jean, où l'on a retrouvé son tombeau en 1633. Ses restes sont conservés depuis lors dans la sacristie de cette église."
(source: essai de chronologie, principauté de Liège)
http://perso.infonie.be/liege06/04quatrea.htm
Notger.JPG


Voir aussi:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Notger_de_Li%C3%A8ge
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Principaut%C3%A9_de_Li%C3%A8ge



Saints RAPHAËL, NICOLAS et IRENE (XVe siècle)
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Saint Raphaël vécut au XVe siècle, au temps de la prise de Constantinople. Originaire de l'île d'Ithaque, il fut nommé Georges au Saint Baptême et reçut une brillante éducation, tant chrétienne que profane. Devenu moine sous le nom de Raphaël, il fut ordonné Prêtre et honoré du titre d'archimandrite et protosyncelle. En considération de ses capacités, il fut envoyé en mission par le Patriarcat OEcuménique en France, dans la ville de Morlaix (2). C'est là qu'il se lia d'amitié avec le Diacre Nicolas, lequel devint son collaborateur et fils spirituel. Lors de la prise de Constantinople (1453), ils se réfugièrent en Macédoine, puis quand les Turcs envahirent la Thrace (1454), ils s'embarquèrent pour l'île de Mytilène (Lesbos), et s'établirent à Thermie, dans le Monastère de la Mère de Dieu, qui s'élevait alors sur l'emplacement où l'on trouva les reliques. Le Grand Jeudi 1463, les Turcs investirent le Monastère et, saisissant l'Higoumène Raphaël, ils lui firent subir d'horribles supplices.

Autre biographie:
Raphaël, Nicolas et Irène de Mytilène sont des saints martyrs orthodoxes dont les restes ont été découverts par des fouilles en 1959 et 1960 dans l'île de Lesbos (Lesvos) ou Mytilène en Grèce après être restés dans l'oubli plusieurs siècles.
Raphaël, Georgios Laskaridis, prêtre et higoumène du monastère de Karyes près du village de Thermi et Nicolas,originaire de Thessalonique, moine de ce monastère, furent cruellement martyrisés par les Turcs entre le jeudi saint et le mardi de Pâques (9 avril 1463), avec une fillette de douze ans, Irène, la fille de Basile, le maire de Thermi qui fut torturée et brûlée devant ses parents.
Ces saints sont réputés accomplir des miracles dans le monde entier. Le monastère édifié à l'emplacement de leurs tombeaux, à Thermi, est devenu lieu de pèlerinage.
Ils sont fêtés le 9 avril et le mardi de Pâques.

Voir aussi:
http://calendrier.egliseorthodoxe.com/sts/stsavril/avril09.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rapha%C3%ABl,_Nicolas_et_Ir%C3%A8ne_de_Mytil%C3%A8ne



Saint Thomas de Tolentino martyr franciscain (+ 1321)
et ses compagnons missionnaires et martyrs en Inde : saint Jacques de Padoue, et les bienheureux Pierre de Sienne et Dimitrios de Tbilissi en Géorgie. Tous quatre étaient franciscains.
Prêtre de l’Ordre des Mineurs, il se rendit comme missionnaire franciscain tout d'abord en Arménie, puis en Perse. En route pour Ceylan et la Chine, il est arrêté à Tana dans les Indes orientales avec ses trois frères. Ils furent décapités par les musulmans de la région. Culte approuvé en 1894.

Voir aussi:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jourdain_de_S%C3%A9verac



Bienheureux Ubald d'Adimari servite de Marie (+ 1315)
Illustre Florentin, réputé pour sa brutalité et sa vie licencieuse il est converti par saint Philippe Benizi qui l'admet chez les Servites de Marie. Il se retire alors au Monte Senario en Toscane où il passe le reste de sa vie en pénitent modèle.
http://nominis.cef.fr/contenus/saints/1722/Saint-Philippe-Benizi.html

Voir aussi:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Monte_Senario
http://www.servidimaria.org/fr/



Saint Vadim Martyr (+ 376)
Il vivait en Perse avec sept autres moines, ses disciples. Le roi Chahpurhr II ou Sapor décida une persécution contre les chrétiens et ils furent tous arrêtés, puis torturés cruellement. Un autre prisonnier chrétien, le prince Nersan, devant ces tortures, préféra l'apostasie pour garder sa vie. Il obtint sa liberté à condition de faire disparaître Vadim. Nersan s'en vint à la prison, mais tremblant d'émotion, il ne put décapiter saint Vadim d'un seul coup. Alors il le frappa par tout le corps, le déchiquetant dans une atroce douleur que saint Vadim supporta avec patience et cherchant à convertir Nersan : "Pourquoi faut-il que tu sois mon bourreau ?"
http://fr.wikipedia.org/wiki/Chahpuhr_II



Sainte Waudru Abbesse à Mons (+ 686)
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(Waldetrudis en latin)
Saint Christophe et saint François d'Assise entourant sainte Waudru et ses filles, bas-relief de la collégiale Sainte-Waudru de Mons.

Une famille assez étonnante. Avec son époux, ils connurent la paix et le bonheur. L'Eglise reconnaît son mari comme un saint, saint Vincent. Leur fils également, il s'appelle saint Landry et pour ne pas être en reste leurs deux filles s'appellent sainte Madelberte et sainte Adeltrude. D'ailleurs, les trois enfants étant entrés au couvent, les parents firent de même. Saint Vincent à l'abbaye d'Haumont dans le nord de la France et sainte Waudru fonda le monastère de Chateaulieu sur une colline où s'éleva plus tard la ville de Mons.

Voir aussi Collégiale Sainte Waudru et sa vie.
http://www.waudru.be/fr/learn/0301.htm
http://www.waudru.be/fr/learn/030101.htm

Le Conservateur de la Collégiale Sainte-Waudru et de son Trésor (Mons - Belgique) nous signale:

Notons que saint Vincent, après un passage à Hautmont, a fondé une communauté autour de laquelle s'est construite la ville de Soignies.

"Sur un tableau conservé en la collégiale Sainte-Waudru à Mons, tableau daté de 1577 et qui représente le 'parentage de sainte Waudru', ses enfants (Aldetrude, Madelberte, Landry et Dentelin) sont représentés et on peut lire: 'Saincte Aldetrud Vierge fille de Sainct Vinchien et Waultrud, abbesse du Monastère de maulboeuge, sa feste ce celebre le xxviii javier Patronesse des sourds, boyteux, aveugles et captifs'. Le tableau ayant été souvent restauré au fil des années, l’inscription est livrée dans son état actuel et avec ses fautes..."

Le 4e enfant de sainte Waudru, saint Dentelin, décédé en bas âge est représenté au berceau sur ce tableau.

Autre biographie:
Fille de Saint-Walbert et de Sainte-Bertille, et sœur de Sainte-Aldegonde. Elle épouse le comte Madelgaire de Hainault (l’un des vassaux du roi de France Dagobert) et ensemble ils ont quatre enfants (qui deviendront également des saints : Landeric, Dentelin, Aldetrude et Madelberte). Elle réussit à convaincre son époux de devenir moine; il acquiesce à sa demande et fonde l’abbaye de Haumont, près de Maubeuge, où il se retire en prenant le nom de Vincent. Quelques années après il décède; Waltrude décide alors de prendre le voile, qu’elle reçoit des mains de Saint-Aubert, en 656. Elle fait don de tous ses biens et se retire en un lieu près de Châteaulieu (près de Mons). Sa réputation attirant de nombreuses disciples, elle décide de leur fonder un couvent, sans cependant le diriger (626 - vers 686).
http://www.waudru.be/

Voir aussi:
http://hodiemecum.hautetfort.com/archive/2009/04/09/index.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Waudru
http://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_Sainte-Waudru_de_Mons
http://fr.wikipedia.org/wiki/Ducasse_de_Mons



Les Églises font mémoire...

Anglicans : Dietrich Bonhoeffer, pasteur luthérien, martyr
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dietrich_Bonhoeffer

Catholiques d’occident : Cyrille de Jérusalem (+ 386/387), évêque et docteur de l’Église (calendrier ambrosien)

Coptes et Ethiopiens (1 barmudah/miyazya) : Sylvain de Saint-Macaire (IVe s.) , moine (Église copte)

Luthériens : Dietrich Bonhoeffer, témoin jusqu’au sang à Berlin

Maronites : Epaphras (1er s.), disciple de l’apôtre Paul

Orthodoxes et gréco-catholiques :Eupsyque de Césarée (+362), martyr
Saints catholiques[2] et orthodoxes[3] du jour

 

Saints et bienheureux catholiques[2] du jour

 

Saints orthodoxes[3] du jour
Prénoms du jour 

Bonne fête aux :

 

Événements  

9 avril dans les croisades

1217 

Pierre II de Courtenay et Yolande de Hainaut sont sacrés empereurs latins de Constantinople à Rome[1].

1097

 Le chef normand Bohémond de Tarente arrive à Constantinople et accepte sans difficulté de prêter le serment d'allégeance à son ancien ennemi, l'empereur byzantin Alexis Ier Comnène

1555

 Début du pontificat du pape Marcel II (Marcello Cervini), 222epapeÉglise catholique. (mort le 30 avril, après 21 jours de pontificat) 

1609

 Signature, grâce à une médiation du roi de France Henri IV, de la Trêve de Douze Ans entre l'Espagne et les Provinces-UniesHollande), qui aboutit à une reconnaissance de fait de l'indépendance de celles-ci. 

1682
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Le 9 avril 1682, René-Robert Cavalier de la Salle, prenant possession de la région du Mississippi au nom du roi de France, la bâptise Louisiane en l'honneur de Louis XIV. De la Salle s'est donné bien du mal : le gouvernement français ne peut tirer aucun parti de cette importante découverte.

Pour la forme, on y fonde une colonie qui, en 1699, végète encore misérablement. Seul le financier Law, sous la régence de Philippe d'Orléans, pense pouvroir exploiter les riches mines d'or que l'on vient d'y découvrir et fait débarquer une nouvelle colonie, appartemant à la compagnie des Indes. En 1731, cette colonie, qui coûte beaucoup plus qu'elle ne promettait de rapporter, rend à Louis XV le privilège d'exploitation qu'elle avait obtenu de lui.

Bref, la Louisiane n'est assurément pas un bon parti. Même Bonaparte, qui ne se consacre qu'à l'Europe, ne voit pas comment tirer profit d'un territoire trop loin et peuplé seulement de 12 000 colons en butte à la malaria et aux attaques des Indiens. A moins de le vendre ! Dix fois plus vaste que la France, la cession de la Louisiane serait la plus vaste opération immobilière de l'histoire de France. Il refuse de la céder aux Anglais, avec lesquels il est en guerre : "Les Anglais n'auront pas le Mississipi qu'ils convoitent, déclare---il. Je songe à la céder aux Etats-Unis. Je considère la colonie comme perdue et il me sera plus utile à la politique et même au commerce de la France que si je tentais de la garder." C'est Talleyrand, semble-i-il, qui fixe mes prix de vente à huit cents l'hectare, soit 15 millions de dollars ou 50 millions de francs. C'est un fabuleux nerf de la guerre pour le Premier consul. La cession est signée le 30 avril 1803, et la possession par les américains est prise le 20 décembre.

1771
 Pierre Étienne Bourgeois de Boynes est nommé Secrétaire d'État à la Marine par Louis XV.


1795
 Arrestation de Jean-Baptiste Massieu, ancien député du clergé du bailliage de Senlis aux États généraux, évêque constitutionnel du département de l' Oise.   
1809
 La déclaration officielle de guerre est notifiée au maréchal François-Joseph Lefebvre par un aide de camp de l'archiduc Charles. Le Tyrol entre en insurrection contre l'armée bavaroise.
1953
Joséphine-Charlotte, Ingeborg, Elisabeth, Marie, José, Marguerite, Astrid de Belgique, grande duchesse de Luxembourg

 née au Palais royal de Bruxelles en Belgique le 11 octobre 1927.

Elle est décédée le 10 janvier 2005 au château de Fischbach, au Grand-Duché de Luxembourg.

Titulature 

- Son Altesse royale la princesse Joséphine-Charlotte de Belgique (de sa naissance à son mariage)

- Son Altesse royale la grande-duchesse de Luxembourg, princesse de Bourbon de Parme, duchesse de Nassau (de son mariage à son décès)

 

Née dans une famille royale 

Elle était la fille aînée du prince héritier Léopold de Belgique (futur Léopold III) et de la princesse Astrid de Suède (future reine Astrid). Ses deux frères ont été rois des Belges : Baudouin I(1930-1993) et Albert II (1934).

En 1935, leur mère, la reine Astrid, est victime d'un accident de voiture à Küssnacht en Suisse.

En 1944, les Allemands emmènent le roi Léopold III, la princesse Lilian (seconde femme de Léopold) et leurs quatre enfants (Joséphine-Charlotte, Baudouin, Albert et Alexandre) en Allemagne puis en Autriche, où ils seront libérés en mai 1945. Le prince Charles devient régent du royaume de 1944 à 1950. Suite à la « Question royale », ils s'installent en Suisse, où la princesse Joséphine-Charlotte poursuit sa formation à l'École supérieure de la rue Voltaire à Genève.

En 1949, la princesse Joséphine-Charlotte effectue une mission importante en pleine Question Royale : un retour officiel en Belgique où elle reçoit un accueil triomphal et va se recueillir sur la tombe de sa mère la reine Astrid.

 

Mariage

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Le diadème belge de la Grande-Duchesse Joséphine-Charlotte

Elle épouse, le 9 avril 1953 le prince Jean, alors grand-duc héritier de Luxembourg avec qui elle aura cinq enfants :

A l’occasion de son mariage en 1953 avec le grand-duc héritier Jean de Luxembourg, la princesse Joséphine-Charlotte de Belgique reçoit plusieurs bijoux en cadeau de fiançailles. La Société générale de Belgique commande un diadème entièrement composé de diamants provenant du Congo chez le joaillier Coosemans. Le bijou est monté sur platine et compte 854 brillants totalisant 46.42 carats. La pièce centrale du diadème est détachable et peut être portée sous forme de broche.

 

Devenue grande-duchesse héritière puis grande-duchesse, Joséphine-Charlotte portera fréquemment ce diadème que ce soit lors de voyages d’Etat, réceptions ou photos officielles. Peu après son décès, il fera partie du lot d’objets que ses héritiers souhaiteront voir mettre en vente dans le cadre d’une vente aux enchères. Heureusement, suite à l’émoi que ce projet soulèvera au Grand-Duché, le grand-duc Henri fera publier un communiqué annonçant l’annulation de la vente.

Le diadème est à ce jour toujours en possession de la famille grand-ducale, la grande-duchesse Maria Teresa l’a d’ailleurs arboré à quelques reprises ces derniers mois, histoire peut-être de prouver qu’il n’a pas été vendu…

 

(Source : Christophe Vachaudez, “Bijoux des reines et princesses de Belgique”, Editions Racine, 2004, 192 p.)

 

La souveraine

En 1964, la grande-duchesse Charlotte abdique au profit de son fils, le grand-duc Jean. De 1964 à 2000, la grande-duchesse Joséphine-Charlotte remplit avec élégance, dignité et discrétion son rôle de souveraine du Luxembourg aux côtés de son époux. Elle a constitué au château de Colmar-Berg une remarquable collection privée d'œuvres d'art contemporaines qui ont été présentées pour la première fois au public en 2003 au Musée national d'histoire et d'art de Luxembourg. Elle a supervisé les travaux de restauration du Palais grand-ducal de Luxembourg entrepris de 1991 à 1996. La grande-duchesse était présidente d'honneur de l'Orchestre philharmonique du Luxembourg et accordait son Haut Patronage au Cercle artistique de Luxembourg.

Dans le domaine social, elle occupait différentes fonctions : présidence de la Croix-Rouge luxembourgeoise et de la Fondation luxembourgeoise contre le cancer, chef guide du Mouvement des guides du Grand-Duché de Luxembourg, Haut Patronage de SOS-Villages d'enfants-Luxembourg et du Comité luxembourgeois pour l'Unicef, etc. .

La grande-duchesse Joséphine-Charlotte portait les trois décorations luxembourgeoises suivantes : Grand-Croix de l'Ordre du Lion d'Or de Nassau, Grand-Croix de l'Ordre du Mérite civil et militaire d'Adolphe de Nassau et Grand-Croix de l'Ordre grand-ducal de la Couronne de Chêne. Le couple grand-ducal avait 21 petits-enfants.

Les dernières années n'ont pas épargné la grande-duchesse Joséphine-Charlotte. En septembre 2000, son fils cadet le prince Guillaume et son épouse la princesse Sybilla sont victimes d'un accident de voiture en France. Le prince reste dans le coma pendant plusieurs jours, ce qui entraîne le report de l'abdication du grand-duc Jean de quelques semaines. En 2002, la grande-duchesse María Teresa commet la maladresse de confier ses querelles avec sa belle-mère à des journalistes, ce qui provoque un scandale dans la presse luxembourgeoise. En 2003, la Cour annonce le cancer de la Grande-Duchesse et l'annulation des cérémonies officielles prévues pour ses noces d'or en avril 2003.

 

Décès 

La grande-duchesse est décédée d'une tumeur au poumon le 10 janvier 2005 au château de Fischbach, où elle s'était installée avec son époux depuis son abdication.

Présidées par l'archevêque de Luxembourg, Mgr Fernand Franck, ses funérailles ont eu lieu à la cathédrale Notre-Dame de Luxembourg et ont rassemblé de nombreuses têtes couronnées : la famille royale belge au complet, la reine Béatrix des Pays-Bas, la reine Sophie d'Espagne, la reine Marghrete II de Danemark, le roi Carl XVI Gustaf et la reine Silvia de Suède, la reine Sonja de Norvège, le prince Albert de Monaco, le prince Andrew du Royaume-Uni, le prince Alois et la princesse Sophie de Liechtenstein, le prince Akishino et la princesse Kiko du Japon, le prince Hassan et la princesse Sarvath de Jordanie, le prince Moulay Rachid du Maroc, l'ex-roi Constantin de Grèce, etc . Selon ses dernières volontés, sa dépouille a ensuite été incinérée. L'urne contenant ses cendres a été déposée dans la crypte de la famille grand-ducale à la cathédrale Notre-Dame.

Cinq mois après son décès, la famille grand-ducale inaugure officiellement la Salle de concert Grande-duchesse Joséphine-Charlotte installée sur le plateau du Kirchberg à Luxembourg.

Ses cinq enfants avaient l'intention de mettre en vente en décembre 2006 chez Sotheby's à Paris 150 bijoux personnels ayant appartenu à la grande-duchesse Joséphine-Charlotte : cadeaux de fiançailles ou de mariage reçus en 1953, héritages de la famille royale belge et achats personnels. Les bijoux historiques de la famille grand-ducale ne faisaient pas partie de cette vente et avaient été transmis à la grande-duchesse Maria-Teresa dès l'abdication de 2000. Mais suite aux très nombreuses critiques des Luxembourgois, la vente des bijoux de Joséphine-Charlotte a été annulée afin de ne pas ternir l'image de la dynastie.

 

La princesse

qui aurait pu être reine 

Joséphine-Charlotte, bien qu'aînée des enfants du roi des Belges Léopold III, n'a jamais pu prétendre au trône de Belgique. En effet, jusqu'en 1991, la loi salique ne réservait la fonction de monarque qu'aux descendants mâles. Désormais, c'est l'aîné des enfants royaux qui peut hériter de la couronne. Cette loi s'applique à partir de la descendance du roi Albert II (frère de Joséphine-Charlotte) et de la reine Paola de Belgique.


2005

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8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 23:00
491

 Zénon
 empereur byzantin


715
Image du pape Constantin
 Constantin
 pape

1024
Image du pape Benoît VIII
 Benoît VIII (Theophylactus)
 pape.

1137
 Guillaume X de Poitiers
 comte de Poitiers et duc d'Aquitaine

 dit le Toulousain ou le Saint

né en 1099 est le dernier des comtes de Poitiers de la dynastie des Ramnulfides.

Il règne de 1126 à 1137 sous le nom de Guillaume VIII, comte de Poitiers et duc d’Aquitaine sous le nom de Guillaume X. Il est le fils de Guillaume le Troubadour, auquel il succède, et de Philippe, fille du comte de Toulouse Guillaume IV.

Il s’allie contre la Normandie au comte d’Anjou Geoffroy le Bel. Tranquille sur sa frontière nord, il doit par contre longtemps guerroyer au sud pour contraindre son vassal d’Aunis, Isembert de Châtelaillon.

Mal inspiré, il soutient avec le légat Girard d’Angoulême l’antipape Anaclet II, pendant cinq ans, à partir de 1130 et jusqu’à une entrevue avec Bernard de Clairvaux au château de Parthenay.

Il meurt le 9 avril (jour du Vendredi saint 1137) au cours d’un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle, il prie dans ses dernières volontés le roi de France Louis VI le Gros de bien vouloir consentir à marier son fils Louis à sa fille aînée, Aliénor d'Aquitaine.

Il devient, à la fin du Moyen Âge, un personnage de légende, en partie confondu avec Guillaume de Gellone et saint Guillaume de Maleval, à l’origine de l’ordre des Guillemites.



1241

 Henri II le Pieux
 duc de Cracovie

1483
1693
 À Autun en Bourgogne
décès de Roger de Rabutin, comte de Bussy, dit Bussy-Rabutin, aristocrate, militaire, courtisan et écrivain français, célèbre par son esprit et sa causticité.
Né au château d'Épiry en Bourgogne le 13 avril 1618, il était ami et cousin de Madame de Sévigné, née Marie de Rabutin-Chantal, et aussi apparenté à Madame de Chantal, même si sa vie ne fut pas exactement un modèle de vertu.
Une orgie à Roissy dans laquelle participa pendant la semaine sainte de 1659 lui fit tomber, malgré ses mérites à la guerre, dans la disgrâce de Louis XIV, qui fit que Mazarin l’exilât dans ses terres de Bussy-le-Grand, ce dont il profita pour écrire son livre le plus célèbre et satyrique : « L’Histoire amoureuse des Gaules », lequel lui valut le surnom de « Pétrone français »
1904
Isabelle II D'ESPAGNE
10 octobre 1830 - 9 avril 1904 à l'âge de 73 ans au palais de Castille à Paris
   épouse de François d'Assise de Bourbon
 Inhumée au panthéon royal du monastère de San Lorenzo de l'Escorial.


1940
Cardinal

Jean Verdier
de l'Église catholique romaine
http://catholique-paris.cef.fr/IMG/jpg/verdiernb.jpghttp://catholique-paris.cef.fr/IMG/jpg/RBJ122.jpg  
 cardinal français, archevêque de Paris
Cardinal-prêtre
de Sainte-Balbine
http://www.heraldique-europeenne.org/Livres/Couvertures/Cardinal_1621_Nogaret.jpg
http://catholique-paris.cef.fr/cdas/objet/mitre04.jpg Sa mitre
Naissance 19 février 1864 à Lacroix-Barrez (France)
Ordination
sacerdotale
9 avril 1887
Consécration
épiscopale
29 décembre 1929 par le pape Pie XI
Évêque Archevêque de Paris 
Créé
cardinal
16 décembre 1929 par le pape Pie XI
Décès 9 avril 1940
1945

Dietrich Bonhoeffer
 religieux allemand

1961
9 avril 1961: À Suresnes, désès de Sa Majesté le roi Zog Ier des Albanais, en exil depuis le 7 avril 1939. Né Ahmet Muhtar Bej Zogolli au château de Burgajet au district de Mat dans l'alors Empire ottoman, il participa dans les guerres balc...Afficher la suite
— avec Thomas Frasheri.

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/fr/thumb/5/50/Zog.jpg/220px-Zog.jpg
Zog Ier
 Roi d’Albanie

2007
Irène DE NICOLAY

Née le 6 novembre 1985
Parents
2007
Wilhelm Karl DE PRUSSE
Prinz von Preußen
Parents


2009
image

 baronne de Bouvet
née Hélyane de Salignac Fénelon
Parents



2010
Bernadette de Francqueville, Elisabeth et Henri Boutignon, Hervé et Marie-Catherine de Francqueville, Yves et Isabelle de Francqueville, Armelle de Francqueville, Hubert de Francqueville et Martine Lancelle, Christine et Raphaël Laude, ses enfants,
Xavier et Laure, Pierre-Henri, Guillaume et Elodie, Ludovic, Anne et Louis, Alix, Loïc et Marie, Servane et Ghislain, Géry et Julie, Thomas, Hélène, Marie, Sibylle, Louis, ses petits-enfants,
Louna, Elliot, Pierre, Benoît, Pauline, Amicie, Hélie, Abel, ses arrière-petits-enfants,
ont la douleur de vous faire part du décès de la
comtesse Guy de FRANCQUEVILLE
née Monique de Miribel,
à l'âge de 90 ans.
La cérémonie religieuse aura lieu le vendredi 9 avril 2010, à 15 heures, en l'église de Fontaine-Notre-Dame (Nord).
Cet avis tient lieu de faire-part.
Château de La Folie, Fontaine-Notre-Dame, 59400 Cambrai.
2010
Bordeaux.
Le baron Gudin, professeur honoraire de l'Université,
la comtesse de Clavière d'Hust, le baron Charles-Etienne Gudin, ses enfants,
M. Raphaël Weber de Rize, son petit-fils,
ont la douleur de vous faire part du rappel à Dieu de la
baronne GUDIN
décédée le vendredi 9 avril 2010.
La cérémonie religieuse sera célébrée le mardi 13 avril, à 15 heures, en la basilique Saint-Seurin de Bordeaux.
28, rue Casteja, 33000 Bordeaux.
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Introduction

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Rois de France


Génobaud
roi Franc
(légendaire)
à la fin du IVe siècle
354-419
Sunnon
roi Franc des Ampsivares 
et des Chattes (légendaire)
à la fin du IVe siècle
388-xxx
Marcomir
roi Franc des Ampsivares 
et des Chattes (légendaire)
à la fin du IVe siècle
Pharamond
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Duc des Francs Saliens 

(légendaire)
ancêtre mythique des Mérovingiens
Clodion le Chevelu
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Duc des Francs saliens
428 - 448

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Duc des Francs saliens 
(incertain)
448 - 457
Childéric Ier
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Duc et Roi des Francs saliens
457 - 481
Clodomir
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Roi d'Orléans
511524
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Roi de Metz
(futur Austrasie)
511534
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Roi de Neustrie
511561
Roi des Francs
558561
Roi d'Austrasie
53454
Théodebald Ier
(Thibaut)
Roi d'Austrasie
548555
561567
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Roi de Neustrie 
Roi de Bourgogne
561592
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Roi d'Austrasie
561575
Roi d'Austrasie
Roi d'Austrasie
595 - 612
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Roi de Bourgogne
595613
Roi d'Austrasie
61261
sous la régence de Brunehilde
Roi de Bourgogne
Roi d'Austrasie
613
Roi de Neustrie
584629
Roi de Paris
595
629
Roi des Francs
613629
Roi des Francs (sans l'Aquitaine)
629639
Roi des Francs
632639
Caribert II
 Roi d'Aquitaine
629632
Roi de Neustrie, de Bourgogne
639657
Roi d'Austrasie
656657
Roi d'Austrasie
639656
Childebert III l'Adopté
Roi d'Austrasie
657662
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Roi de Neustrie, de Bourgogne
65767






Roi d'Austrasie
662675
Occupe la Neustrie
673675







Roi de Neustrie
673691
Roi des Francs 

(en fait uniquement de Neustrie)
L'Austrasie étant aux mains
de Pépin de Herstal
679
691

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Roi de Neustrie, Bourgogne et Austrasie
675 - 676
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Roi d'Austrasie
676679
Clovis IV








Roi des Francs
(en fait uniquement de Neustrie)
691695









Roi des Francs
(en fait uniquement de Neustrie)
695711
Dagobert III









Roi des Francs de 711 à 715
Chilpéric II









roi des Francs de Neustrie et des Burgondes
de 715 à 719
puis de tous les Francs de 719 à 721.
C
lotaire IV


T
hierry IV









Childéric III
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roi des Francs, de Neustrie
de Bourgogne et d'Austrasie
de 743 à 751

************

 

 


Pépin III le Bref
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Carloman Ier
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C
harles Ier
dit Charles le Grand
CHARLEMAGNE

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Louis Ier dit le Pieux
ou «le Débonnaire»
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Lothaire Ier
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Lothaire II

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C
harles II dit le Chauve
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Louis II dit le Bègue
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Louis III de France
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C
arloman II de France
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Charles III dit le Gros
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Eudes Ier de France
Robertin
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Charles III dit le Simple
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Robert le Fort
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Robert Ier de France

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Hugues le Grand
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Raoul Ier de France
aussi appelé Rodolphe

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Louis IV dit d'Outremer
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Lothaire de France
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Louis V dit le Fainéant
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Dernier roi de la lignée
des Carolingiens
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H
ugues Capet
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Robert II le Pieux
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Hugues II de France
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(1007-1025)
Roi de France associé
1017 - 1025
Henri Ier de France
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Philippe Ier de France
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Louis VI le Gros
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Philippe II Auguste
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Louis VIII le Lion
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Louis IX (Saint Louis)
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Philippe III de France
dit le Hardi
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Philippe IV le Bel
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Louis X le Hutin
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Jean Ier le Posthume

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Philippe V
le Long
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Charles IV le Bel
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Valois
Philippe VI le Fortuné
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Jean II le Bon
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Charles V le Sage
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Charles VI le Fol ou le Bien-Aimé
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Charles VII le Victorieux
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Louis XI de Valois
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Charles VIII de Valois
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Louis XII d'Orléans
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François Ier d'Angoulème
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Henri II d'Angoulème
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François II d'Angoulème
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Charles IX d'Angoulème
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Henri III d'Angoulème
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