Louis Antoine de Bourbon-Condé adulte
par Jean-Michel Moreau, château d'Aulteribe
Louis Antoine Henri de Bourbon-Condé
duc d’Enghien
prince du sang français
Il est le 10e et dernier duc d'Enghien
fusillé dans les fossés du Château de Vincennes le 21 mars 1804
Colonne mortuaire érigée dans les fossés de Vincennes
Inhumé dans la Sainte-Chapelle de Vincennes (Val-de-Marne)
Biographie
Fils unique de Louis, dernier prince de Condé et de Louise Marie Thérèse Bathilde d'Orléans, il est le dernier descendant de la Maison de Condé.
Après un début d'union romanesque, ses parents se séparent en 1781.
Sa mère est confinée au château de Chantilly.
Le duc d’Enghien enfant
Dès 1789, quelques jours après la chute de la Bastille et devant les troubles révolutionnaires, le jeune duc d'Enghien, âgé de 17 ans, rejoint l'Armée des émigrés qui se forme outre-Rhin sous le commandement de son grand-père, le prince de Condé et de son père, le duc de Bourbon.
Le but de cette armée est de marcher sur la France pour restaurer l'Ancien Régime.
En 1792, le duc d'Enghien prend la tête de l'auto-proclamée Armée Royale Française.
Cette dernière s'engage dans la tentative d'invasion (avortée) de la France aux côtés des armées alliées autrichienne et prussienne réunies sous le commandement du duc Charles-Guillaume Ferdinand de Brunswick.
Néanmoins, le 2 février 1794, il reçoit des mains du comte de Provence la Croix de Saint-Louis pour son comportement valeureux dans l'armée de Condé1
Il se réfugie à Ettenheim, dans le margraviat de Bade, à quelques lieues de la frontière française.
Ses projets de mariage avec la princesse Caroline de Bade ayant été contrariés par le margrave Charles-Frédéric, il vit ouvertement avec la femme de sa vie, Charlotte de Rohan-Rochefort2,3
Arrestation et exécution
Napoléon Bonaparte, Premier Consul de France, le soupçonne d'être à l'origine d'un nouveau complot royaliste en compagnie de Dumouriez4, à la suite d'une perquisition chez Armand de Chateaubriand (le cousin de François-René de Chateaubriand) qui fut fusillé plus tard.
Il le fait enlever par une troupe de soldats menés par le général Ordener dans la nuit du 15 au 16 mars 1804.
Le duc d'Enghien arrêté dans sa maison d'Ettenheim
Bonaparte ne tarde pas à découvrir la vérité, grâce à des papiers saisis par les membres de l'opération, prouvant que le duc d'Enghien porte les armes contre la République et envoie des assassins, par le biais de l'Angleterre, contre la personne du premier consul.
Le duc est presque immédiatement traduit devant un conseil de guerre présidé par Pierre-Augustin Hulin.
Le duc d'Enghien devant ses juges
Après un simulacre de jugement, il est condamné à mort et fusillé dans les fossés du Château de Vincennes le 21 mars 1804.
Son corps est jeté dans une tombe creusée à l'avance au pied du Pavillon de la Reine.
Cette exécution, presque sans intérêt politique, soulève des vagues d'indignation dans les cours européennes.
Les royalistes accusent Bonaparte de s'être lâchement débarrassé du dernier descendant de l'illustre Maison de France.
Mais beaucoup de ceux qui s'étaient émus du sort du duc d'Enghien se rallièrent à Napoléon dès que celui-ci parut solidement installé sur son nouveau trône d'« Empereur des Français »
Plus tard, la Restauration fait du duc d'Enghien un des martyrs de la royauté.
En 1816, Louis XVIII fait transporter les cendres du duc d'Enghien dans la Sainte-Chapelle de Vincennes, sous un monument d'Alexandre Lenoir.
En 1832, le légitimiste Édouard d'Anglemont lui consacre une tragédie.
Dans ses Mémoires d'outre-tombe (1848), Chateaubriand écrit des pages admirables sur l'exécution du duc d'Enghien, qui l'a profondément marqué. Antoine, comte Boulay de la Meurthe (1761-1840), stigmatise cette exécution qui reste à ses yeux pour l'Empire, non seulement un « crime », mais pire une « faute »
À l'image des généraux vendéens, son souvenir reste aujourd'hui vivace dans les milieux royalistes.
Le bicentenaire de sa mort est l'occasion de colloques et de débats.
L’affaire du duc d’Enghien, une machination contre Napoléon Thèse opposée à la responsabilité de Napoléon dans cette affaire.